Alieu Kosiah

08.05.2016 ( Modifié le : 21.06.2021 )
TRIAL International rappelle que jusqu'à ce qu'une éventuelle condamnation soit entrée en force, toute personne accusée ou poursuivie par une juridiction nationale ou internationale est présumée innocente.

Faits

Alieu Kosiah était commandant des forces du Mouvement de libération unie pour la démocratie du Liberia (ULIMO) entre 1993 et 1995. L’ULIMO, qui a investi la région de l’ouest du Libéria en 1991, a lutté contre les forces du Front national patriotique du Libéria menées par Charles Taylor durant la première guerre civile libérienne (1989-1996). Le groupe est parvenu à prendre contrôle de plusieurs zones de la région, dont le comté de Lofa.

Lorsque Kosiah exerçait la fonction de commandant au sein de l’ULIMO, plusieurs combattants membres du groupe auraient participé à plusieurs massacres. Kosiah aurait lui-même ordonné et participé à la commission de meurtres systématiques, de viols et à l’imposition de travaux forcés aux civils du comté de Lofa.

À la fin de la guerre civile libérienne en 1997, Kosiah s’est installé en Suisse, où il a obtenu le statut de résident permanent.

Procédure

En 2014, un groupe de sept personnes vivant au Libéria, assistés par l’ONG Suisse Civitas Maxima, a alerté le procureur suisse des crimes qu’aurait potentiellement commis Kosiah, et a porté plainte contre lui. En août 2014, le Parquet fédéral suisse a décidé d’ouvrir une enquête judiciaire sur Kosiah.

Kosiah a été arrêté à Berne le 10 novembre 2014 pour sa participation aux crimes de guerre perpétrés dans la région ouest du Libéria entre 1993 et 1995. Il est notamment accusé d’avoir visé des civils de manière systématique. Le 13 novembre 2014, le tribunal des mesures de contrainte a ordonné la détention provisoire de l’accusé. La détention provisoire a par la suite été étendue au 9 mai 2015. Depuis lors, Kosiah se trouve toujours en détention provisoire. Kosiah a été arrêté sur le fondement du principe de compétence universelle reconnu par la Suisse.

Dans le cadre de l’enquête qui aura duré plus de cinq ans, des victimes et témoins accusent Alieu Kosiah d’avoir commis des actes de violence sexuelle, de recrutement d’enfants soldats, de pillages, d’avoir donné l’ordre et d’avoir participé à des transports forcés de biens pillés et de munitions, contraignant des civils à travailler dans des conditions cruelles, d’avoir ordonné ou commis des meurtres, et de s’être livré à des actes de cannibalisme.

Le 22 mars 2019, le Bureau du Procureur général de la Suisse a présenté un acte d’accusation contre Alieu Kosiah au Tribunal pénal fédéral. Le suspect est accusé de violations des lois de la guerre en tant que membre d’une faction militaire lors de la guerre du Libéria de 1989-1996.

Le 31 octobre 2019, le Tribunal pénal fédéral suisse a décidé que le procès de Kosiah se tiendra du 14 au 30 avril 2020 à Bellinzone (canton du Tessin). Le 25 novembre 2019, le Tribunal pénal fédéral a rejeté la plainte l’accusant de participation à un massacre commis par l’ULIMO.

Son procès devait s’ouvrir en avril 2020 et a été repoussé à quatre reprises en raison du covid-19. En décembre 2020, la première audience de l’accusé a eu lieu. Le procès s’est achevé en mars 2021 et le verdict a été prononcé le 18 juin 2021. Alieu Kosiah a été reconnu coupable de crimes de guerre et condamné à 20 ans de prison par le Tribunal pénal fédéral.

Point Fort

Alieu Kosiah est le tout premier membre de l’ULIMO à être arrêté et inculpé de crimes de guerre commis durant la guerre civile libérienne. En outre, il s’agit de la première fois qu’un criminel de guerre présumé est jugé par le Tribunal pénal fédéral suisse.

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