Mohammed Jabbateh
Faits
Mohammed Jabbateh est de nationalité libérienne. Il possède une entreprise dans le sud-ouest de Philadelphie, aux Etats-Unis, qui s’occupe du chargement de conteneurs en direction du Libéria.
Au cours de la première guerre civile au Libéria dans les années 1990, M. Jabbateh, alias « Jungle Jabbah », est soupçonné d’avoir été membre du Mouvement de libération uni pour la démocratie au Libéria (ULIMO), un groupe rebelle composé de groupes ethniques Mandingo et Krahn. L’ULIMO combattait le FNPL (Front National Patriotique du Libéria) de Charles Taylor, engagé dans le renversement du gouvernement Doe.
Après la division en 1994 de l’ULIMO en deux groupes, la faction ULIMO-J, dominé par le groupe éthnique Krahn et la faction ULIMO-K, dominé par le groupe éthnique Mandingo, Mohammed Jabbateh est devenu un haut commandant de la faction ULIMO-K. En cette capacité, M. Jabbateh est soupçonné d’avoir commis ou ordonné, facilité et encouragé ces troupes de commettre les crimes suivants (liste non exhaustive) : meurtres de civils, esclavage sexuel et viol commis en public, mutilation de civils, torture, mis en esclavage de civil, enrôlement d’enfants soldats ; exécution de prisonniers de guerre, atteinte à la dignité des morts, meurtre commis en raison de la race, la religion, la nationalité, l’éthnie ou d’opinions politiques.
Le 7 décembre 1998, M. Jabbateh a déposé une demande d’asile auprès des services pour l’immigration des Etats-Unis. Dans sa candidature, « Jungle Jabbah » a reconnu avoir appartenu à un groupe rebelle. Cependant, il a omis de mentionner son rôle en tant que commandant de l’ULIMO.
Le 23 décembre 1999, Jabbateh a obtenu l’asile aux Etats-Unis.
Procédure
Mohammed Jabbateh a été arrêté le 13 avril 2016 à la suite d’une enquête menée par les services de l’immigration et des contrôles douaniers du Département de la sécurité interne des Etats-Unis (ICE/HSI).
M. Jabbateh est accusé d’avoir obtenu l’asile aux Etats-Unis en dissimulant son rôle de commandant de l’ULIMO. Deux chefs d’accusation ont été retenus contre lui pour fraude dans les documents d’immigration et deux autres pour parjure.
La Cour du district de Philadelphie a été saisie de l’affaire le 18 avril 2016 et a ordonné sa remise en liberté sous résidence surveillée.
Le procès de M. Jabbateh s’est ouvert le 2 octobre 2017. Il a plaidé non coupable.
Pendant les audiences, les juges ont entendu 23 témoins qui ont raconté les viols, les tortures, les meurtres, les pillages et les actes de cannibalisme commis ou ordonné par M. Jabbateh et les combattants de l’ULIMO placés sous son commandement.
Le 18 octobre 2017, Jabbateh a été jugé coupable de parjure et de fraude à l’immigration.
Le 19 avril 2018, le juge Paul Diamond a condamné Jabbateh à 30 ans de prison, la peine maximum encourue. Cette peine est la plus forte jamais donnée aux Etats-Unis dans une affaire de fraude à l’immigration.
Le 8 septembre 2020, la Cour d’appel a rejeté l’appel de Mohammed Jabbateh, confirmant intégralement sa condamnation et sa peine de 30 ans de prison.