Ousman Sonko
Ousman Sonko a été le ministre de l’Intérieur du dictateur gambien Yahya Jammeh de 2006 à 2016. Durant cette période, il est soupçonné d’avoir participé à la commission d’actes de torture, notamment dans des lieux de détention.
Démis de ses fonctions en septembre 2016, Ousman Sonko a fui la Gambie pour le Sénégal, puis la Suède, où il a demandé l’asile. Sa demande a été rejetée. Il s’est alors rendu en Suisse, où il a également déposé une demande d’asile.
Alerté de sa présence, TRIAL International a déposé une dénonciation pénale auprès des autorités de poursuite bernoises le 25 janvier 2017. Ces dernières ont fait arrêter le suspect le lendemain, conformément à la Convention contre la torture et au Code pénal suisse.
Suite à son interpellation, les autorités bernoises ont auditionné le prévenu et décidé de sa mise en détention provisoire. Ousman Sonko a été placé en détention provisoire le 28 janvier 2017. Les charges pesant contre lui ont été requalifiées en crimes contre l’humanité et le dossier a été transféré au Ministère public de la Confédération. Deux victimes de tortures ont déjà porté plainte contre lui.
Le 19 octobre 2017, la justice suisse a confirmé la saisie des avoirs d’Ousman Sonko. Ceux-ci s’élèvent à environ 14’000 USD et serviront à couvrir les frais de justice en Suisse.
Entre 2017 et 2020, le Tribunal des mesures de contrainte du canton de Berne a prolongé la détention provisoire de l’ex-ministre à de nombreuses reprises. Actuellement, les mesures de contrainte restent en vigueur jusqu’au 25 janvier 2021. Les recours d’Ousman Sonko contre plusieurs de ces décisions devant le tribunal pénal fédéral puis devant le tribunal fédéral ont jusqu’à présent toujours été rejetés. Tout comme les demandes de mise en liberté provisoires formulées par ses avocats.
En 2021, le MPC a poursuivi son enquête sur cette affaire. Les autorités suisses se sont à nouveau rendues en Gambie en juin 2021 pour recueillir davantage de preuves. Tout au long de l’année, plusieurs témoins ont été entendus par le MPC, notamment dans le cadre de l’entraide judiciaire. La détention de Sonko a été renouvelée à plusieurs reprises tout au long de l’année 2021 pour des périodes de trois mois.
Contexte
La Gambie est restée sous le joug de Yahya Jammeh de 1994 à 2017. Pendant plus de deux décennies, toute opposition était brutalement réprimée ; tortures, exécutions extrajudiciaires et disparitions forcées étaient monnaie courante.
Ousman Sonko était commandant de la Garde présidentielle (corps d’élite), puis membre de l’armée gambienne. Il a ensuite exercé les fonctions d’Inspecteur général de la police.
Après la réélection de Yahya Jammeh en septembre 2006, Ousman Sonko a été nommé ministre de l’Intérieur. Il a occupé cette position jusqu’en septembre 2016, lorsqu’il a été démis de ses fonctions et a quitté la Gambie.