Un ancien policier bosno-serbe, Darko Mrđa, a été condamné vendredi dernier à 15 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Il comparaissait pour le meurtre de Said Sadić, enlevé chez lui en août 1992 et disparu depuis.

« Tu n’auras plus besoin de tes chaussures », aurait lancé Darko Mrđa à Said Sadić lorsqu’il est venu le chercher chez lui, dans le village de Tukovi, avant de le tuer à deux kilomètres de chez lui. La disparition de Said Sadić fait partie de 50 affaires de disparitions forcées portées par TRIAL International devant la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine. Dans deux décisions rendues en 2012 et 2013, la Cour avait ordonné aux autorités locales de mener des enquêtes approfondies et complètes sur ces cas de disparitions forcées.

En 2016, à la suite de cette décision, un acte d’accusation a été porté contre Darko Mrđa pour l’un des cas de disparition forcée signalés, et il a été arrêté. Darko Mrđa avait déjà été condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie à 17 ans d’emprisonnement pour avoir participé au meurtre de 200 civils et à des actes inhumains (sous la forme de tentatives de meurtre) contre 12 autres civils à Koricanske Stijene en août 1992.

La condamnation de Darko Mrđa à une peine de prison pour le meurtre Said Sadić est une grande nouvelle pour les rapatriés et les familles des personnes disparues qui se sentaient intimidées par son retour dans sa ville natale. TRIAL International salue sa condamnation comme une victoire importante dans la lutte contre l’impunité des crimes commis pendant la guerre.

 

Sarajevo, 3 avril, 2018 – La Cour constitutionnelle de Bosnie Herzégovine a pris une décision importante en matière de violation du droit de propriété et de droit à un jugement équitable pour les victimes de crimes de guerre. Ces dernières n’auront plus à payer les coûts de procédures pour demande d’indemnisation. L’organisation non gouvernementale TRIAL International a salué la nouvelle.

Lors de sa session du 22 mars 2018, la Cour constitutionnelle de Bosnie Herzégovine a annulé les jugements de la Cour suprême de la République serbe de Bosnie et du Tribunal de la ville de Banja Luka à l’encontre de S.A. en ce qui concerne les frais de justice. La Cour constitutionnelle a estimé qu’attribuer à la victime de viol en temps de guerre les coûts des procès entamés par le procureur de la République serbe, et visant à obtenir réparation pour le préjudice subi, représentait un fardeau trop lourd à porter pour la requérante. Cette affaire a été considérée comme une violation au droit de propriété et au droit à un procès juste et équitable, comme établi dans la Constitution de la Bosnie Herzégovine et la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

S.A. a été violée à plusieurs reprises par un membre de l’Armée de la République serbe de Bosnie en juillet 1992. Lors des huit dernières années, TRIAL International lui a fourni une assistance juridique gratuite, qui a abouti à la condamnation, en 2013, du coupable par le Tribunal de la ville de Doboj. Après que sa demande de réparation ait été rejetée par le tribunal civil de Banja Luka à cause du délai de prescription et qu’elle ait été sommée de payer 3000 BAM en frais de procès, TRIAL International a fait appel à l’avocate Nedžla Šehić pour la représenter dans ce qui a été un tournant dans la protection des droits des victimes de crimes de guerre. En mars 2017, la plaignante a déposé un recours à la Cour constitutionnelle de Bosnie Herzégovine dont l’issue a été susmentionnée.

« Cela a été une étape très significative pour l’appelante, une victime de viol en tant de guerre, qui, à l’instar d’autres personnes en situation similaire, est directement concernée par le verdict. A présent, il incombe aux tribunaux de Bosnie Herzégovine d’appliquer la jurisprudence afin d’enlever un poids aux victimes de violences sexuelles, aux anciens détenus de camp et aux familles des personnes disparues », a déclaré Adrijana Hanušić Bećirović, conseillère juridique de TRIAL International à Sarajevo.

Par ailleurs, elle a fait remarquer que, longtemps, les victimes de crimes de guerre en Bosnie Herzégovine ont dû faire face à des frais de procédures couteux imposés par les tribunaux locaux, engendrés par des demandes de compensation au civil ayant été rejetées car il y avait prescription. Malheureusement, cela contribue à re-traumatiser les victimes de guerre, qui souvent sont marginalisées et profondément traumatisées par la guerre. Elles vivent dans une peur constante de devoir payer les frais de justice, ce qui peut amener parfois à des pensées suicidaires.

Longtemps, TRIAL International a mené une série d’activités stratégiques afin de s’attaquer au problème systémique auquel les victimes de guerre sont confrontées. Par exemple, l’ONG a publié une analyse juridique des implications du jugement de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Cindrić and Bešlić v. Croatie sur l’imposition de frais de procès en Bosnie Herzégovine. TRIAL International, avec 40 organisations de la société civile et associations de victimes, a envoyé une lettre collective aux institutions compétentes de Bosnie Herzégovine et aux institutions européennes et internationales pour les informer sur le besoin de régler la situation.

Des organisations de la société civile, qui protègent les droits humains en BiH, s’unissent pour envoyer une lettre aux parties prenantes. Dans cette lettre, les défenseurs des droits humains exhortent les organismes compétents à trouver une solution en rapport aux victimes de crimes de guerre à qui des frais de justice sont imposés si leurs revendications sont rejetées.

Chers tous et toutes,

Nous nous adressons à vous en tant qu’organisations de la société civile protégeant les droits humains des citoyens de BiH afin d’aborder et de régler le problème urgent et récurant de la facturation des frais de justice aux victimes de crimes de guerre en BiH pour les procédures civiles, en cours ou closes, visant à leur accorder une réparation[1].

Récemment, les victimes de crimes de guerre en BiH se sont retrouvées en difficulté quand certaines cours ont demandé aux survivants, qui avaient initié une procédure civile dans le but de recevoir une réparation, de payer des frais judiciaires très élevés suite au rejet de leurs demandes pour cause de prescription.

Il est aussi important de mentionner que tous les tribunaux n’ont pas adopté les mêmes conclusions concernant cette question. Dans la Fédération de Bosnie-Herzégovine, les tribunaux avaient initialement accordé des indemnités aux victimes ayant initié les procédures, conformément à la position officielle de la Cour suprême de la Fédération de Bosnie-Herzégovine de 2011, qui énonçait que la prescription ne pouvait pas être invoquée lorsqu’il en allait de demande en réparation. C’est seulement au cours des deux ou trois dernières années que la Cour constitutionnelle de BiH a modifié sa position quant à l’invocation de la prescription dans le cadre d’actions en justice contre les entités/états. Il s’en est suivi le rejet de nombreuses actions en justice et de requêtes en réparation devant tous les tribunaux. À la fin de l’année 2015, le code de procédure civil de la fédération de BiH a été modifié, autorisant le Bureau du procureur public à percevoir des frais sur les honoraires d’avocats[2]. Ceci a bénéficié au Bureau du procureur de la FBiH, puisqu’il a pu commencer à prélever des taxes.

Au vue de leur statut social vulnérable ainsi que de leur situation financière très souvent précaire, de nombreux survivants de violence sexuelles commises en tant de guerre, détenus et autres victimes de crimes de guerre ne peuvent pas se permettre de payer, ne serait-ce qu’une partie de ces frais, sans compromettre leur moyen de subsistance et ceux de leur famille. Il s’en suit que ces personnes sont confrontées à des procédures d’exécution forcées qui se traduisent par la confiscation de leurs biens mobiliers ou d’une part de leur salaire mensuel, dans les cas où elles en ont un. Ceci a pour effet de traumatiser à nouveau les victimes, qui très souvent sont déjà marginalisées dans la société, en les rendant, selon leurs propres dires, des victimes du système.

Suite au jugement de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Cindric et Beslic c. Croatie l’an passé, qui confrontait les recourants (également victimes de crimes de guerre) à une question similaire, plusieurs juges de BiH, se référant à cette affaire, ont commencé à rejeter les demandes visant à faire encourir aux victimes de crimes de guerres les frais de justice.

Le jugement est devenu définitif en janvier 2017 et la Cour a tranché que les victimes ne sont pas tenues de payer des frais de justice à l’Etat confrontées au rejet de leur requête en réparation. Nous estimons que l’argument présenté par la Cour européenne des droits de l’homme dans cette affaire peut s’appliquer par analogie aux requêtes en réparation devant les cours en BiH.

Malheureusement, il y a peu d’exemples d’affaires dans lesquelles le jugement Cindric et Beslic a été appliqué en BiH. Ceci explique pourquoi les victimes qui ont initié une telle procédure civile vivent avec la peur constante du résultat de la procédure intentée et des conséquences qu’il pourrait avoir sur leur famille.

Nous soulignons que les victimes de crimes de guerre ont été contraintes d’initier des procédures civiles à cause de l’absence de solutions systémiques visant à leur accorder une réparation pour les dommages encourus, à savoir, à cause du manquement des autorités à adopter un cadre législatif adéquat. Dès lors, nous estimons qu’il est moralement inacceptable, suite au rejet de leurs demandes, d’encore exiger des victimes qu’elles paient des montants énormes aux entités et états qu’elles ont actionnés en justice et qui sont responsables des grandes souffrances et dommages qu’elles ont subi durant la guerre.

Une telle façon d’agir ne se justifie en aucun cas. En particulier si l’on considère que les coûts engendrés par les entités du bureau du procureur sont pris en charge par des budgets spéciaux, et ceci, indépendamment de tous frais supplémentaires.

De plus, le Commissaire des droits de l’homme du Conseil de l’Europe a également exprimé sa grande inquiétude concernant cette question dans son rapport sur la Bosnie-Herzégovine publié en novembre 2017[3]. Il a soulevé que, d’après le rapport d’Amnesty International, dans certains cas les frais peuvent atteindre 6’000 à 10’000 BAM. Il a rappelé le jugement susmentionné de la Cour européenne des droits de l’homme qui mentionne que « l’imposition d’une charge financière considérable après la clôture de procédures, telle qu’une conjonction à payer des frais pour la représentation de l’Etat conformément à la règle qui veut que « le perdant paie » pourrait  tout à fait être considéré comme une restriction au droit d’accès à un tribunal.»

Au vu de ce qui précède, nous vous prions de faire tout ce qui est en votre pourvoir pour trouver ou aider à trouver une solution à ce problème consistant à imposer le paiement des frais judiciaires à de nombreuses victimes de crimes de guerre, y compris d’adopter des actes appropriés les libérant de cette obligation.

 

En vous remerciant par avance.

 

Meilleures Salutations,

 

Organisations de la société civile:

TRIAL International

Mreža za izgradnju mira

Vive Žene Tuzla

Fondacija lokalne demokratije

Medica Zenica

Fondacija Udružene žene Banja Luka

Udruženje „Vaša prava BiH“

Udruženje « Snaga žene » Tuzla

Udruženje građana « Budućnost » Modriča

Udruženje Centar za demokratiju i tranzicionu pravdu

Centar informativno-pravne pomoći Zvornik / CIPP Zvornik

Forum civilna mirovna služba (forum ZFD)

Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF)

Centar ženskih prava

Helsinški parlament građana Banja Luka

Sarajevski otvoreni centar

Asocijacija za demokratske inicijative

Inicijativa mladih za ljudska prava u BiH (YIHR BiH)

Fondacija CURE

Oštra Nula

Udruženje građana « Zašto ne »

Žene Ženama

Agencija za saradnju, edukaciju i razvoj (ACED)

Uduženje žena  « MOST » Višegrad

Hope and Homes for Children

 

Associations de victimes de guerre :

Savez udruženja logoraša HNK

Hrvatska udruga logoraša Domovinskog rata u BiH

Regionalni savez udruženja logoraša regije Banja Luka i pripadajuća udruženja

Regionalno udruženje logoraša Višegrad

Savez logoraša Zeničko-dobojskog kantona

Udruženje logoraša Novi Grad Sarajevo

Udruženje / Udruga logoraša općine Travnik

Udruženje logoraša Prozor-Rama

Udruženje / Udruga logoraša općine Vitez

Udruga-Udruženje logoraša Brčko

Općinsko Udruženje logoraša Sanski Most

Udruženje ratnih zarobljenika-logoraša opštine Modriča

HULDR BiH Ogranak Vareš

Udruženje Prijedorčanki Izvor

Udruženje žrtava i svjedoka genocida
Udruženje za pomoć žrtvama i preživjelim seksualnog nasilja u ratu Naš Glas Tuzla

Udruženje za pomoć žrtvama i preživjelim seksualnog nasilja u ratu ,,Suze,,

Udruženje Istina-Kalinovik 92

Udruženje porodica nestalih općine Ilijaš

Udruženje porodica nestalih općine Vogošća

 

[1] Notes – Cette lettre a été envoyée : aux membres de l’Assemblée parlementaire de BiH, au Parlement de la FBiH, à l’Assemblée nationale de la RS et à l’Assemblée du district de Brčko ; au Conseil des ministres de BiH ; au Gouvernement de FBiH, au Gouvernement de la RS ; au Gouvernement du district de Brčko; au ministère de la Justice de BiH ; au ministère fédéral de la Justice ; au ministère de la Justice de la RS ; à la Commission judiciaire du district de Brčko, au ministère des Droits de l’Homme et des Réfugiés de BiH ; à l’Institut des droits de l’homme Ombudsman/Ombudsmen de BiH ; à la Délégation de l’Union européenne en BiH ; à la mission de l’OSCE en BiH et au Bureau du haut représentant.

[2] Les dispositions sur les dépenses s’appliqueront aux parties représentées par le bureau du procureur public. Dans de tels cas, les couts du contentieux comprendront le montant qui pourrait être accordé à la partie pour la rémunération de son avocat. (Gazette officielle de la FBiH, 98/15, au 23 décembre 2015)

[3] Rapport de Nils Muižnieks, Commissaire des droits de l’homme du Conseil de l’Europe suite à sa visite en Bosnie-Herzégovine du 12 au 16 juin 2017, CommDH(2017)28, 07 octobre 2017, point 35, disponible sur: ://rm.coe.int/report-following-the-visit-to-bosnia-and-herzegovina-from-12-to-16-jun/16807642b1

Dans le courant du mois de juillet 2009, TRIAL a déposé devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de M. Fikret Prutina, intervenue en juin 1992. TRIAL représente dans cette procédure Fatima Prutina, l’épouse du disparu, qui est par ailleurs membre de l’association des proches des personnes disparues de Vogosca.

Le 4 mai 1992, Fikret Prutina a été arrêté à Svrake (BiH) par des éléments de l’armée serbe, en compagnie de son épouse et de leurs enfants Asmir (âgé de 16 ans à l’époque, et mentalement handicapé) et Hasib (âgé de 18 ans), ainsi que de la plupart des habitants du village. Tous ont été emmenés dans un camp de concentration à Semizovac. Quelques jours plus tard, Fatima Prutina, son fils Asmir et d’autres femmes et enfants ont été libérés. Fikret Prutina et son fils Hasib ont été maintenus en détention et transférés dans différents camps de concentration, où ils ont été soumis à la torture et à des travaux forcés. Fikret Prutina a été vu pour la dernière fois le 16 juin 1992 dans le camp de concentration de Planjina kuca, municipalité de Vogosca. Ce qu’il est advenu de lui est, à ce jour, inconnu.

Hasib Prutina a pour sa part été libéré un mois plus tard. Il souffre aujourd’hui encore d’un syndrome de stress post-traumatic important, en raison des événements brutaux auxquels il a été soumis ainsi des horribles faits dont il a été le témoin, notamment les mauvais traitements infligés à son père et la disparition de ce dernier.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête sérieuse n’a été entreprise par les autorités de BiH pour retrouver Fikret Prutina, ou le corps de celui-ci ou pour poursuivre et punir les auteurs de ce crime. Fatima Prutina a entrepris de nombreuses démarches pour obtenir des informations quant au sort de son mari, notamment au travers de la police de Visoko et celle de Vogosca, de la Commission d’Etat pour les personnes disparues, du bureau du Procureur pour le canton de Sarajevo et la Société nationale de la Croix-Rouge. Toutes ses initiatives se sont révélées vaines.

Le 23 février 2006, la Cour constitutionnelle de BiH, saisie par plusieurs familles de victimes de Vogosca, a jugé que la BiH avait violé leur droit à ne pas être soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradant et leur droit au respect de leur vie privée et familiale. En conséquence, la Cour a ordonnée aux autorités compétentes de rendre accessible toutes les informations relatives au sort des personnes disparues. Le 16 novembre 2006, la Cour constitutionnelle a adopté un nouveau jugement, constatant que le Conseil des ministres de BiH, le gouvernement de la Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BiH et le gouvernement du district de Brčko avaient failli à leur obligation d’exécuter le précédent jugement. Depuis, Mme Prutina n’a reçu aucune information quant au sort de son mari de la part des autorités compétentes.

En conséquence, Fatima Prutina demande au Comité des droits de l’homme:

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 13’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le cas de Fikret Prutina s’est déroulée durant la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes durant le printemps et l’automne de 1992.

Malgré l’existence de preuves solides permettant d’identifier les personnes responsables de la disparition forcée de M. Prutina, et de témoins directs de ces événements, à ce jour personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour ce crime, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, les familles des personnes disparues à Vogosca n’ont toujours pas retrouvé leurs proches et n’ont aucune information quant au sort qui leur a été réservé.

 

La décision

Au mois de mars 2013, le Comité des droits de l’homme a communiqué sa décision(appelée « constatations » dans le jargon onusien). Le Comité a retenu que la Bosnie-Herzegovine avait violé l’article 2.3 en lien avec les articles 6, 7 et 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques à l’égard de la victime et de la famille.

Le Comité a notamment enjoint la Bosnie-Herzegovine de continuer les efforts pour établir la vérité sur le sort et retrouver le corps de Fikret Prutina comme prévu par la Loi sur les personnes disparues de 2004, de « continuer les efforts pour juger et sanctionner les responsables de sa disparition forcée d’ici la fin de 2015 comme prévu par la Stratégie nationale pour les crimes de guerre », de « supprimer l’obligation pour les membres de la famille de déclarer les personnes disparues en étant décédées afin d’avoir accès aux bénéfices sociaux » et également d’indemniser de manière appropriée l’épouse de la victime pour les violations subies.

Le Comité insiste par ailleurs sur l’obligation qu’a la Bosnie-Herzegovine de « prévenir de telles violations par le futur » et de s’assurer que les enquêtes portant sur des disparitions forcées soit inclusives et garantissent accès à la famille de la victime.

 

L’affaire

En septembre 2012, TRIAL a soumis une communication individuelle au Comité des droits de l’homme des Nations Unies à propos de l’exécution arbitraire présumée de Mmes Anđa Lale et Staka Popović ainsi que l’enlèvement et la dissimulation de leurs dépouilles dans la municipalité de Trnovo en août 1992. TRIAL agit au nom de M. Vide Lale et Mme Milojka Blagojević, respectivement le fils d’Anđa Lale et la fille de Staka Popović.

Suite à l’attaque militaire bosniaque contre la ville de Trnovo à mi-juillet 1992, Anđa Lale et Staka Popović, ensemble avec six autres personnes, ont fui la ville et rejoint le village de Sirokari, cherchant refuge dans une maison de campagne qu’elles trouvèrent vide dans le village.

Le 2 août 1992, alors qu’elles s’apprêtaient à prendre leur dîner dans la maison de campagne en question, Rajko Lale – un autre fils d’Anđa Lale qui se trouvait lui-même dans la maison – entendit et vit des douzaines de soldats bosniaques approcher. Quand Rajko Lale réalisa que les soldats étaient sur le point d’atteindre la maison et d’y entrer, il s’échappa par la fenêtre et se cacha dans un bosquet tout proche. Il y resta toute la nuit, il était pétrifié de peur et la seule chose qu’il put voir fut les soldats qui mettaient le feu à la maison. Il a alors pensé que tous les occupants y avaient péri, calcinés. Le lendemain matin, il n’y avait pas de traces d’eux dans la maison. Anđa Lale et Staka Popović n’ont plus été revues depuis.

Le sort et la localisation d’Anđa Lale et Staka Popović demeurent inconnus depuis lors et ces deux personnes sont officiellement enregistrées comme ‘personnes disparues’ devant les instances nationales et internationales. Plus de 20 ans après les événements, aucune enquête n’a été lancée pour établir le sort et la localisation d’Anđa Lale et de Staka Popović, ni pour identifier, juger et punir les personnes responsables de leur exécution arbitraire ainsi que de l’enlèvement et de la dissimulation de leurs dépouilles.

Depuis 1992, M. Vide Lale et Mme Milojka Blagojević souffrent de profonde et sévère détresse psychologique en tant qu’ils doivent faire face à ce qui s’est passé avec leurs mères, l’incertitude déchirante de leur sort et localisation, l’attitude indifférente de l’Etat devant leur détresse et l’absence de compensations ou réparations. De plus, leurs vies de famille furent bouleversées à la suite de l’exécution arbitraire de leur mère et la dissimulation de leurs dépouilles, ce qui a empêché les enfants des victimes d’enterrer leurs mères en accord avec leurs coutumes religieuses et leurs croyances.

Le 13 juillet 2005 la Cour Constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs familles de personnes disparues, incluant M. Vide Lale et Mme Milojka Blagojević, a déclaré que la Bosnie-Herzégovine avait violé le droit des parents des personnes disparues à ne pas être sujettes à la torture et aux traitements inhumains et dégradants, et le droit au respect de la vie privée et familiale.

En conséquence, la Cour a ordonné aux institutions nationales concernées de révéler toutes les informations disponibles sur le sort et la localisation des personnes disparues, y compris Anđa Lale et Staka Popović. A ce jour, Vide Lale et Milojka Blagojević n’ont reçu aucune information pertinente sur leurs mères de la part des institutions concernées.

En septembre 2012, TRIAL a ainsi soumis une communication individuelle aux Comité des droits de l’Homme en demandent:

 

Le Contexte Général

On estime le nombre de personnes décédées en raison du conflit en Bosnie-Herzégovine (1992-1995) entre 100’000 et 200’000, dont de 25’000 à 35’000 ont été victimes de disparitions forcées. On compte approximativement 10’000 personnes encore disparues à ce jour.

Les exécutions extrajudiciaires présumées et la dissimulation des dépouilles d’Anđa Lale et Staka Popović ont eu lieu dans le contexte d’opérations militaires entre l’armée serbe de Bosnie serbe et les Bérets Verts dans la municipalité de Trnovo durant l’été 1992.

 

La décision

Dans une décision du 17 mars 2017, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré la Bosnie-Herzégovine (BiH) responsable de la violation de plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En particulier, il a reconnu la violation du droit à la vie et du droit à un recours effectif de Mme Lale et Mme Blagojević, en raison de l’absence d’informations sur leur sort et leur localisation. De plus, le Comité a considéré que ces violations constituaient un traitement inhumain et dégradant pour les proches des victimes.

Le Comité a demandé à la BiH de :

  • Intensifier son enquête afin d’établir le sort et la localisation de Mme Lale et Mme Blagojević ;
  • Traduire en justice les responsables des crimes commis contre Mme Lale et Mme Blagojević ;
  • Fournir aux proches de Mme Lale et de Mme Blagojević des réparations adéquates et des mesures de compensations ;
  • Fournir aux proches de Mme Lale et à Mme Blagojević le suivi psychologique et les soins médicaux nécessaires ;
  • Empêcher à l’avenir des violations similaires et de veiller à ce que les enquêtes sur les disparitions forcées et les exécutions arbitraires alléguées soient accessibles aux familles des victimes.

La BiH a 180 jours à compter de la décision pour informer le Comité des mesures de mise en œuvre de cette décision.

 

L’affaire

En mars 2012, TRIAL a déposé devant le Comité des Droits de l’Homme des Nations unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH) à propos de la disparition forcée de M. Salih Dovadžija en octobre 1992. TRIAL représente dans cette procédure Mme Sakiba Dovadžija et Mme Dalisa Dovadžija, respectivement épouse et fille de Mr. Salih Dovadžija.

Le 10 août 1992, Mr. Salih Dovadžija a été vu vivant pour la dernière fois par son épouse et sa fille (qui avait 5 mois à l’époque) pendant qu’il était en service en tant que membre de la Défense Territoriale de l’Armée Bosnienne. Selon le récit de témoins oculaires, M. Salih Dovadžija a été vu vivant pour la dernière fois en octobre 1992 au front à Žuč. Il était détenu par des membres de l’armée de Republika Srpska (VRS) dans des conditions dangereuses, maltraité et soumis aux travaux forcés. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui depuis. M. Salih Dovadžija a été officiellement enregistré comme “personne disparue” par les institutions nationales et internationales. À ce jour, personne n’a été jugé ou sanctionné pour la disparition forcée de M. Salih Dovadžija.

Presque 20 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BiH pour retrouver M. Salih Dovadžija ou le corps de celui-ci et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Mesdames Sakiba Dovadžija et Dalisa Dovadžija ont effectué de multiples démarches pour obtenir des informations sur leur fils et frère.

À partir de 1992, Mesdames Sakiba Dovadžija et Dalisa Dovadžija ont subi une détresse morale sévère et profonde suite à l’angoisse causée par la disparition forcée et l’incertitude sur le sort de Mr. Salih Dovadžija. Outre sa santé fragile, des désordres psychologiques ont été diagnostiqués chez Mme Sakiba Dovadžija et elle est obligée maintenant à suivre un traitement. Dans le cas de Mme Dalisa Dovadžija, âgée de quelques mois au moment des événements tragiques, elle a été obligée de grandir en absence de son père et dans l’impossibilité de porter le deuil correctement. Cette situation a eu une incidence sur toute sa vie familiale.

Le 16 juillet 2007 la Cour Constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs parents des victimes de disparition forcées, parmi lesquels Madame Sakiba Dovadžija, a retenu que la BiH avait commis une violation du droit à ne pas être soumis à des tortures et des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de l’Etat de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Mr. Salih Dovadžija.

En mars 2012, Mmes Sakiba Dovadžija et Dalisa Dovadžija demandent au Comité des Droits de l’Homme:

 

La Décision

Le 22 Juillet 2015, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a rendu unedécision sur le cas, trouvant la Bosnie-Herzégovine responsable de la violation de plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, y compris les droits à la vie, à la liberté personnelle, et l’interdiction de torture en ce qui concerne M. Salih Dovadžija. Le Comité a déclaré que l’État est responsable de ne pas fournir des informations sur le progrès de l’enquête sur la disparition de M. Dovadžija à ses proches. L’échec de l’État pour dévoiler la vérité sur le sort et l’emplacement de M. Dovadžija a exposé sa femme et sa fille à l’angoisse et la détresse équivalant à un traitement inhumain et dégradant.

Le Comité a demandé à la Bosnie-Herzégovine :

Début 2016, la dépouille de M. Salih Dovadžija ont été retrouvés à Pale, près de Sarajevo. En novembre 2016, sa femme et sa fille ont enfin pu l’enterrer.

Depuis lors, Mme Dovadžija a également pu toucher la pension mensuelle à laquelle elle avait droit.

 

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon des sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 10’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné, pour la privation de liberté arbitraire et la disparition forcée de M. Salih Dovadžija jusqu’à aujourd’hui, renforçant ainsi un climat d’impunité déjà omniprésent. A ce jour, Mmes Sakiba Dovadžija et Dalisa Dovadžija n’ont reçu ni informations quant au sort de leur fils et mari, ni compensation intégrale et adéquate pour le préjudice subi.

 

L’affaire

En décembre 2010, TRIAL a saisi le Comité des droits de l’homme des Nations unies d’une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BH) à propos de la disparition forcée de Fadil Ičić, survenue en juin 1992. TRIAL représente dans cette affaire Mme Mevlida Ičić, la mère de Fadil Ičić.

Le 10 juin 1992, Fadil Ičić, alors âgé de 27 ans, travaille dans ses champs quand il est arrêté par des membres de l’armée de la Republika Srpska (Vojska Republike Srpske – VRS). L’arrestation s’inscrit dans le contexte général des opérations de nettoyage ethnique survenues à Trnopolije et ses environs.   Fadil Ičić est immédiatement conduit au camps de concentration connu sous le nom d’« Omarska ». Sur place, il subit des conditions de détention inhumaines et est régulièrement battu. Fadil Ičić a été aperçu pour la dernière fois en vie, entre les mains de ses géôliers, par un autre prisonnier. Depuis lors, aucune information n’a été donnée sur ce qu’il lui est advenu.

Depuis sa disparition, sa mère n’a eu de cesse de rechercher la vérité auprès des autorités. Malgré les nombreuses démarches entreprises auprès des autorités pour faire établir la vérité quant aux circonstances de l’arrestation arbitraire, des mauvais traitements et de la disparition forcée de son fils, aucune information n’a été donnée ni sur le sort qu’il a subi ni sur les progrès ou résultats d’une quelconque enquête. Par conséquent, Mme Mevlida Ičić est condamnée à vivre dans une situation d’incertitude continuelle.

En effet, dix-huit ans après les faits, aucune enquête n’a été menée par les autorités pour localiser  Fadil Ičić. À ce jour, aucun responsable n’a été poursuivi, jugé ou sanctionné pour ces crimes, contribuant ainsi au maintien d’un climat d’impunité générale. Bien que la requérante ait fourni des échantillons de son ADN aux institutions nationales et internationales chargées de la recherche des personnes disparues, la dépouille de Fadil Ičić demeure introuvable et par conséquent n’a pas pu être exhumée, identifiée et rendue à sa famille.

De surcroît, à ce jour la BH n’a toujours pas versé de réparation ou de compensation pour la souffrance subie par Fadil Ičić et par Mme Mevlida Ičić, du fait de la disparition de ce dernier.

Le 13 mai 2008, la Cour constitutionnelle de BH, saisie par Mme Mevlida Ičić, a même jugé que la BH avait violé de nombreux articles de la Convention européenne des droits de l’homme, du fait de l’absence d’information sur le sort de Fadil Ičić. En conséquence, la Cour a ordonné aux autorités compétentes de communiquer toutes les informations relatives à Fadil Ičić. Malgré ce jugement, Mme Mevlida Ičić reste sans nouvelles de ce qui est arrivé à son fils.

Face à la passiveté de la Bosnie-Herzégovine, TRIAL a déposé pour le compte de MmeMevlida Ičić une requête auprès du Comité des droits de l’homme des Nations unies lui demandant :

 

Contexte général

Durant l’été 1992, la Bosnie-Herzégovine connaît l’une des périodes les plus violentes de son histoire. Le conflit entre les membres de l’armée de la Republika Srpska et les Forces bosniaques gouvernementales engendre les pires atrocités: épuration ethnique, mise en place de camps de concentration et déplacement forcé de populations entières.

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort entre 1992 et 1995 durant le conflit en BH, et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée.

La Commission internationale sur les personnes disparues et la Croix Rouge estiment que 10’000 personnes demeurent à ce jour disparues.

 

TRIAL a soumis en mai 2010 une communication au Comité des droits de l’homme des Nations Unies concernant 12 cas de disparitions forcées qui se sont produits en juin 1992 non loin de Vogošća, en Bosnie centrale. TRIAL représente 25 parents des 12 personnes disparues. Ces dernières sont:

Le 4 mai 1992, ces personnes ont été arbitrairement privées de leur liberté à Svrake, en Bosnie-Herzégovine (BH), par des membres de l’armée de la Republika Srpska (Vojska Republike Srpske – VRS), en même temps que la plupart des habitants de leur village (environ 850 personnes). Peu après, les femmes, enfants et les personnes âgées ont été libérés, alors que les hommes ont été déportés dans un camp de concentration du nom de “Nakina garaza”, où ils y sont restés environ 20 jours. A la suite de cela, de nombreux prisonniers ont été relâchés, avant d’être à nouveau contraints de se rendre au camp de concentration connu sous le nom de “Planjina kuća”, localisé dans la municipalité de Vogošća. Lors de leur détention, ils ont été soumis à de mauvais traitements et au travail forcé.

Six des victimes (Himzo Hadžić, Safet Hodžić, Mensud Durić, Idriz Alić, Emin Jelečković et Hakija Kanđer) et un autre groupe de prisonniers ont été vus pour la dernière fois le 16 juin 1992 à Planjina kuća, lorsqu’ils ont été emmenés par des soldats serbes dans un camion pour une destination inconnue. Une septième victime, Demo Šehić, a décidé le 16 juin 1992, après avoir été le témoin de l’enlèvement de ce premier groupe d’hommes vers une destination inconnue, de s’enfuir vers un village proche, sous contrôle de l’armée de BH, pour sauver sa vie. Il aurait toutefois été capturé et exécuté par des membres de l’armée serbe. Sinan Salkić a pour sa part été relâché aux alentours du 14 mai 1992, à la condition qu’il se présente trois fois par jour à Planjina kuća. Le matin du 10 juin 1992, trois ou quatre hommes sont arrivés à sa maison et l’ont arrêté sans motifs. Il aurait été exécuté et son corps aurait été jeté dans la rivière Bosna. Quant aux quatre dernières victimes, Rasim Selimović, Abdulah Jelašković, Hasan Abaz et Esad Fejzović, elles ont également été enlevées par des membres de la VRS du camp de Planjina kuća, le 18 juin 1992.

Ce qu’il est advenu de ces douze hommes demeure inconnu depuis lors.

Presque 18 ans après les faits, aucune enquête prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été menée par les autorités pour localiser les douze disparus ou pour exhumer, identifier et restituer aux familles leur dépouille. À ce jour, aucun responsable n’a été poursuivi, jugé ou sanctionné pour ces crimes. Les parents de ces disparus ont entrepris toutes sortes de démarches afin d’obtenir des informations sur leurs proches, au travers notamment de la police de Visoko et de Vogošća, de la Commission d’Etat pour les personnes disparues, du bureau du procureur du canton de Sarajevo et de la Croix-Rouge de BH. A ce jour, ces initiatives sont restées vaines.

Le 23 février 2006, la Cour constitutionnelle de BH a jugé que la BH avait violé le droit des proches à ne pas être sujet à la torture et à des traitements inhumains et dégradants ainsi que le droit au respect de leur vie privée et familiale. En conséquence, la Cour a ordonné aux institutions concernées de dévoiler toutes les informations disponibles quant au sort réservé aux victimes et à l’endroit où elles – ou leurs restes humains – se trouvent. Le 16 novembre 2006, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a dû émettre un jugement retenant que les autorités concernées n’avaient pas appliqué sa précédente décision. A ce jour, les proches des victimes n’ont reçu aucun élément d’information des autorités bosniaques concernant les disparus.

Par conséquent, les 25 auteurs de la communication demandent notamment au Comité des droits de l’homme:

Le contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort entre 1992 et 1995 durant le conflit en BH et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 10’000 disparus n’ont à ce jour pas encore été retrouvés.

Les événements en question dans la présente affaire se sont déroulés dans le cadre de la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes au printemps et en été 1992.

 

La décision

Le 17 juillet 2014, le Comité des droits de l’homme a adopté sa décision (appelée  » constatations  » dans le jargon onusien) sur l’affaire Selimović et autres. Le Comité a déclaré la Bosnie-Herzégovine responsable pour la violation des plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civiles et politiques. Notamment, le Comité a affirmé que l’État est responsable de n’avoir pas menée une enquête effective sur la privation de liberté, torture et disparition forcée de 12 victimes, et d’avoir soumis le 25 auteurs de la communication à un traitement inhumaine et dégradant car il n’a pas établi la vérité sur la sort réservé à les 12 personnes disparues et le lieu où elles se trouvent. En plus, le fait que les auteurs des plaintes soient forcés de déclarer la mort de leurs proches disparus afin de recevoir des indemnisations constitue un traitement inhumain et dégradant.

Le Comité demande à la Bosnie-Herzégovine de:

– Etablir la sort des 12 disparus ;

– Traduire en justice sans délai les responsables de ces disparitions forcées;

– Garantir une indemnisation adéquate aux 25 auteurs de la communication ;

– Modifier la législation afin qu’il ne soit plus nécessaire de déclarer le décès de la victime afin d’obtenir réparation.

La Bosnie-Herzégovine dispose maintenant de 180 jours pour informer le Comité des mesures prises pour donner effet à la décision.

 

Dans le courant du mois d’avril 2010, TRIAL a déposé devant leComité des Droits de l’Homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BIH), à propos de la disparition forcée, de l’exécution arbitraire présumée et de la dissimulation des corps de Sejad Hero et de Ramiz Kozljak intervenues en juillet 1992.

Le 4 juillet 1992, les membres de l’Armée Nationale Yougoslave (Jugoslovenska Narodna Armija – JNA) ont encerclé le village de Tihovici et ont arbitrairement arrêté près de 13 civils, dont Sejad Hero. D’après des témoins, les hommes ont été conduits dans une prairie où ils ont été torturés et mutilés. Puis, les membres du JNA les auraient ensuite arbitrairement exécutés, puis auraient mis le feu aux cadavres et auraient finalement emmené les dépouilles jusqu’à un courant d’eau près de Tihovici. Le sort de Sejad Hero est demeure inconnu depuis son arrestation par les membres de la JNA. Sa dépouille mortelle n’a pas non plus été localisée, ni même identifiée ou rendue à la famille pour le deuil et l’enterrement. Après avoir appris pour le massacre des 13 hommes, Ramiz Kozlak a décidé, pour sa survie, de s’échapper vers le village voisin de Vrapce, encore sous le contrôle de l’armée de Bosnie-Herzégovine (BiH). Les environs du village de Vrapce étaient eux, sous le contrôle de la JNA. Ramiz Kozlak aurait également été enlevé et arbitrairement exécuté par les membres de la JNA. Sa dépouille mortelle n’a pas non plus pu être localisée, exhumée, identifiée et rendue à sa famille. Son sort et sa localisation demeurent inconnus depuis ce jour.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par les autorités de BiH pour retrouver Sejad Hero et Ramiz Kozljak, ou les corps de ces derniers, et personne n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné pour les crimes mentionnés. Tija Hero, Ermina Hero, Armin Hero, Emina Kozljak et Sinan Kozljak ont accompli de nombreuses démarches pour obtenir des informations sur la disparition de leurs proches, auprès de la police de Visoko Ilijza et de Vogosca, auprès de la Commission nationale pour les personnes disparues, auprès du bureau cantonal du Procureur de Sarajevo et auprès de la société de la Croix–Rouge de BiH. Jusqu’à ce jour, toutes ces initiatives sont restées vaines. Par ailleurs, Tija Hero, Ermina Hero, Armin Hero, Emina Kozljak et Sinan Kozljak sont des membres actifs de l’association pour les familles des personnes disparues de Vogosca.

Le 23 février 2006, la Cour Constitutionnelle de BiH, saisie par plusieurs familles de victimes de disparition forcée dans la région de Vogosca, dont Tija Hero et Emina Kozljak, a retenu que la BiH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures ou à des traitements inhumains et dégradants, ainsi que le droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Sejad Hero et de Ramiz Kozljak. Le 16 novembre 2006, la Cour Constitutionnelle a rendu une autre décision, par laquelle elle a déclaré que le Conseil des ministres de BiH, le gouvernement du Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BiH et le gouvernement du district de Brcko ont manqué à l’exécution de sa décision précédente. Néanmoins, Tija Hero, Ermina Hero, Armin Hero, Emina Kozljak et Sinan Kozjak n’ont toujours pas reçu d’informations sur leurs proches par les institutions mentionnées.

Par conséquent, Tija Hero, Ermina Hero, Armin Hero, Emina Kozljak et Sinan Kozjak demandent au Comité des Droits de l’Homme :

  • de constater que Sejad Hero et Ramiz Kozljak ont subi une violation par la BiH des articles 2.3 (garantissant le droit à un recours utile) en conjonction avec les articles 6 (droit à la vie), 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), 9 (droit à la liberté et à la sécurité), et 16 (droit à la reconnaissance de la personnalité juridique) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques , en raison de l’échec des autorités de BiH de mener une enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante concernant leur disparition, les mauvais traitements présumés et leur exécution arbitraire et d’identifier, poursuivre, juger et punir les personnes qui en sont responsables ;
  • de constater la violation par la BiH de l’article 2.3 (droit à un recours utile) en conjonction avec l’article 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques , en raison de l’angoisse et des troubles psychiques causés par la disparition forcée, l’exécution arbitraire présumée et la dissimulation des dépouilles de Sejad Hero and Ramiz Kozljak et de l’absence d’information donnée quant aux causes et circonstances de la disparition de leurs proches, ainsi que sur les progrès et les résultats des enquêtes effectuées par les autorités de BiH; dans le cas de Ermina Hero et Armin Hero,  mineur jusqu’au 21 juin 2004 et le 28 décembre 2008 respectivement, ces faits emportent également violation de l’article 24.1 du Pacte ;
  • d’exiger que les autorités de BiH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver les corps de Sejad Hero et Ramiz Kozljak, et le cas échéant d’exhumer leurs restes, de les identifier et de les restituer à leur famille;
  • d’exiger de la BiH qu’elle poursuive pénalement les auteurs des privations arbitraires de liberté, des disparitions forcées et des exécutions arbitraires présumées de Sejad Hero et Ramiz Kozljak, devant les autorités compétentes pour qu’elle les juge et les sanctionne dans les plus brefs délais et
  • d’exiger de la BiH qu’elle assure à Tija Hero, Ermina Hero, Armin Hero, Emina Kozljak et Sinan Kozljak une réparation pour le tort qu’ils ont subi, notamment une compensation rapide, adéquate et équitable.

 

La procédure est actuellement en cours devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies.

Contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort entre 1992 et 1995 durant le conflit en BiH et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 10 000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Les cas de M. Sejad Hero et M. Ramiz Kozljak se sont déroulés durant la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes durant le printemps et l’été 1992.

Malgré l’existence de preuves solides permettant d’identifier les personnes responsables de la disparition forcée, l’exécution arbitraire présumée et la dissimulation des dépouilles de M. Sejad Hero et M. Ramiz Kozljak, jusqu’à aujourd’hui, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour les crimes mentionnés, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, les familles des personnes disparues et arbitrairement exécutées à Tihovici n’ont reçu aucune information quant au sort qui a été réservé à leurs proches et n’ont pas eu la possibilité de pleurer et enterrer leurs proches conformément à leurs coutumes et croyances religieuses.

 

Les décisions

Le Comité des droits de l’homme a décidé de séparer les affaires. Le 28 octobre 2014 a adopté deux décisions (en anglais) respectivement sur le cas de M. Sejad Heroet M. Ramiz Kožljak. Le Comité a déclaré la Bosnie-Herzégovine responsable pour la violation des plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civiles et politiques, entre lesquelles le droit à la vie, le droit à la liberté et l’interdiction de torture. Notamment, le Comité a affirmé que l’État est responsable de n’avoir pas menée une enquête effective sur la privation de liberté, torture, et disparition forcée de M. Sejad Hero et M. Ramiz Kožljak, et d’avoir soumis les auteurs de la communication à un traitement inhumaine et dégradant car il n’a pas établi la vérité sur la sort réservé à leur proches et le lieu où ils se trouvent. En plus, le fait que les auteurs des plaintes soient forcés de déclarer la mort de leurs proches disparus afin de recevoir des indemnisations constitue un traitement inhumain et dégradant.

Le Comité demande à la Bosnie-Herzégovine de:

– Etablir la sort de M. Sejad Hero et M. Ramiz Kožljak;

– Veiller à ce que les enquêteurs établissent des contacts avec les auteurs et recueillent toutes les informations qu’ils peuvent fournir sur l’affaire ; et traduire en justice sans plus de délai les responsables de ces disparitions forcées;

– Garantir une indemnisation adéquate aux auteurs des communications ;

– Modifier la législation afin qu’il ne soit plus nécessaire de déclarer le décès de la victime afin d’obtenir réparation.

La Bosnie-Herzégovine dispose maintenant de 180 jours pour informer le Comité des mesures prises pour donner effet aux décisions.

 

En janvier 2010, TRIAL a déposé devant le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de Ibrahim Durić intervenue en mai 1992. TRIAL représente dans cette procédure Nevzeta Durić et Nedžad Durić, respectivement mère et frère de Ibrahim Durić.

Le 14 mai 1992, Ibrahim Durić a été arrêté et interrogé à un check point dans la rue Kasindolska tenu par l’armée de Republika Srpska (VRS) dans la banlieue de Sarajevo connue sous le nom de Dobrinja. Il était en voiture avec un ami (Zelimir Vidović), et revenaient de l’hôpital de Sarajevo où ils avaient emmenés un voisin qui avait été sérieusement blessé lors d’un bombardement. C’est la dernière fois que Ibrahim Durić a été vu vivant. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui depuis. A la fin du conflit, le corps de Zelimir Vidović’s a été exhumé et identifié à Ilidža, un autre quatrier de banlieue de Sarajevo sous contrôle de l’armée serbe (VRS) pendant le conflit.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BiH pour retrouver Ibrahim Durić ou le corps de celui-ci et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Nevzeta Durić et Nedžad Durić ont effectué de multiples démarches pour obtenir des informations sur leur fils et frère, auprès des autorités locales (en particulier la police, la Croix Rouge de Sarajevo and la Commission Nationale de recherche des personnes disparues) et des organisations internationales (Comité International de la Croix Rouge). Ces initiatives sont cependant restées vaines jusqu’à aujourd’hui.

Le 23 février 2006, la Cour Constitutionnelle de BiH, saisie par plusieurs familles de victimes de disparition forcée, dont Ibrahim Durić, a retenu que la BIH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures ou à des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Ibrahim Durić. Le 16 novembre 2006, la Cour Constitutionnelle a rendu une autre décision, par laquelle elle a déclaré que le Conseil des ministres de BIH, le gouvernement du Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BiH et le gouvernement du district de Brcko ont manqué à l’exécution de sa décision précédente. Néanmoins, Nevzeta Durić et Nedžad Durić n’ont toujours pas reçu d’informations sur leur proche par les institutions mentionnées.

Par conséquent, Nevzeta Durić et Nedžad Durić demandent au Comité des Droits de l’Homme :

de constater que Ibrahim Durić a subi une violation par la BIH de l’article 2 par. 3 duPacte international relatif aux droits civils et politiques (garantissant le droit à un recours utile) en conjonction avec les articles 6 (droit à la vie), 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), 9 (droit à la liberté et à la sécurité), 10 (droit d’être traité avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine) et 16 (droit à la reconnaissance de la personnalité juridique), en raison de sa disparition forcée, mais également de l’échec des autorités de BiH de mener une enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante concernant ces faits et d’identifier, juger et punir les personnes qui en sont responsables ;

de constater que Nevzeta Durić et Nedžad Durić ont subi une violation par la BiH de l’article 2 par. 3 du Pacte (droit à un recours utile) en conjonction avec l’article 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), en raison de l’angoisse et des troubles psychiques causés par la disparition forcée de Ibrahim Durić, de l’absence d’information donnée quant à son sort et de l’inexistence d’enquête menée par les autorités de BiH ;

d’exiger que les autorités de BIH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps de Ibrahim Durić, cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et de les restituer à sa famille ;

d’exiger de la BiH qu’elle poursuive pénalement les auteurs de la disparition forcée de Ibrahim Durić, qu’elle les juge et les sanctionne dans les plus brefs délais et

d’exiger de la BiH qu’elle assure à Nevzeta Durić et Nedžad Durić une réparation pour le tort qu’ils ont subi, notamment une compensation rapide, adéquate et équitable. 

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 13’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

La disparition forcée de Ibrahim Durić est intervenue durant les opérations de « purification ethnique » menées par l’armée serbe durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs.

Jusqu’alors, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné, pour la disparition forcée de Ibrahim Durić, renforçant ainsi un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, la famille de Ibrahim Durić n’a reçu ni informations quand au sort qui lui a été réservé, ni compensation intégrale et adéquate pour le préjudice subi.

 

La décision

Le 16 juillet 2014, le Comité des droits de l’homme a adopté sa décision (en anglais) sur l’affaire Durić. Le Comité a déclaré la Bosnie-Herzégovine responsable pour la violation des plusieurs dispositions du Pacte international relatif aux droits civiles et politiques. Notamment, le Comité a affirmé que l’État est responsable de n’avoir pas menée une enquête effective sur la privation de liberté, torture, et disparition forcée de Ibrahim Durić, et d’avoir soumis la mère et le frère de ce dernier à un traitement inhumaine et dégradant car il n’a pas établi la vérité sur la sort réservé à Ibrahim Durić et le lieu où il se trouve. En plus, le fait que les auteurs de la communication soient forcés de déclarer la mort de son proche disparu afin de recevoir des indemnisations constitue un traitement inhumain et dégradant.

Le Comité demande à la Bosnie-Herzégovine de:

– Etablir la sort de Ibrahim Durić;

– Traduire en justice sans délai les responsables de sa disparition forcée;

– Garantir une indemnisation adéquate aux auteurs de la communication ;

– Modifier la législation afin qu’il ne soit plus nécessaire de déclarer le décès de la victime afin d’obtenir réparation.

La Bosnie-Herzégovine dispose maintenant de 180 jours pour informer le Comité des mesures prises pour donner effet à la décision.

 

Dans le courant du mois de  décembre 2009, TRIAL a déposé devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de Salih Čekić intervenue en juin 1992. TRIAL représente dans cette procédure Ema Čekić, épouse du disparu, Sanela Bašić, fille du disparu, Sead Čekić et Samir Čekić, fils du disparu.

Le 4 mai 1992, Salih Čekić a été arrêté à Svrake (BiH) par l’armée serbe avec son épouse Ema Čekić, ses enfants Sanela Bašić (âgé alors de 16 ans), Sead Čekić (âgé alors de 15 ans), Samir Čekić (âgé alors de 13 ans) et la plupart des habitants du village. Ils ont tous été emmenés au camp de concentration de Kasarna JNA à Semizovac. Quelques jours plus tard, Ema Čekić, ses enfants et d’autres femmes et enfants ont été libérés. Salih Čekić a été gardé prisonnier et transféré dans différents camps de concentration, où il a été victime de torture et de travaux forcés. Salih Čekić a été vu pour la dernière fois le 16 juin 1992 entre les mains de l’armée de la Republika Srpska (Vojska Republike Srpske – VRS) dans le camp de concentration de « Planijina Kuca », situé dans la municipalité deVogošća en Bosnie Herzégovine (ci après BiH). Ce qu’il est précisément advenu de lui depuis n’est pas connu.

Ema Čekić, Sanela Bašić, Sead Čekić et Samir Čekić vivent dans une situation d’incertitude intenable, malgré les nombreuses démarches qu’ils ont entrepris afin d’établir la vérité sur les circonstances de la disparition forcée de leur être cher, ce qu’il est advenu de lui et les progrès et résultats des enquêtes.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par les autorités de BiH pour retrouver Salih Čekić ou le corps de celui-ci et personne n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné pour la disparition forcée de Salih Čekić, entretenant ainsi le climat d’impunité déjà existant. Ema Čekić, Sanela Bašić, Sead Čekić et Samir Čekić ont accompli de nombreuses démarches pour obtenir des informations sur la disparition de leur être cher auprès de la police de Visoko et de Vogošća, auprès de la Commission nationale pour les personnes disparues, auprès du bureau cantonal du Procureur de Sarajevo et auprès de la société de la Croix–Rouge de BiH. Jusqu’à ce jour, toutes ces initiatives sont restées vaines. Ema Čekić est la présidente de l’association pour les familles des personnes disparues de Vogošća et Sanela Bašić, Sead Čekić et Samir Čekić sont des membres actifs de cette même organisation.

Le 23 février 2006, la Cour Constitutionnelle de BiH, saisie par plusieurs familles de victimes de disparition forcée dans la région de Vogošća, a retenu que la BiH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures ou à des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Salih Čekić. Le 16 novembre 2006, la Cour Constitutionnelle a rendu une autre décision, par laquelle elle a déclaré que le Conseil des ministres de BiH, le gouvernement du Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BiH et le gouvernement du district de Brcko ont manqué à l’exécution de sa décision précédente. Néanmoins, Ema Čekić, Sanela Basic, Sead Čekić et Samir Čekić n’ont toujours pas reçu d’informations sur leur proche par les institutions mentionnées. Cette décision de la Cour étant définitive, les auteurs n’ont plus d’autre recours interne effectif à intenter.

Par conséquent, Ema Čekić, Sanela Basic, Sead Čekić et Samir Čekić demandent au Comité des droits de l’homme :

de constater que Salih Čekić a subi une violation par la BiH de l’article 2 par. 3 duPacte international relatif aux droits civils et politiques (garantissant le droit à un recours utile) en conjonction avec les articles 6 (droit à la vie), 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), 9 (droit à la liberté et à la sécurité), 10 (droit d’être traité avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine) et 16 (droit à la reconnaissance de la personnalité juridique), en raison de sa disparition forcée, mais également de l’échec des autorités de BiH de mener une enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante concernant ces faits et d’identifier, juger et punir les personnes qui en sont responsables ;

de constater que Ema Čekić et ses enfants Sanela, Sead et Samir ont subi une violation par la BiH de l’article 2 par. 3 du Pacte (droit à un recours utile) en conjonction avec l’article 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), en raison de l’angoisse et des troubles psychiques causés par la disparition forcée de Salih Čekić, de l’absence d’information donnée quant à son sort et de l’inexistence d’enquête menée par les autorités de BiH. Dans le cas de Samir Čekić, mineur jusqu’au 17 août 1996, ces faits emportent également violation de l’article 24.1 du Pacte (quant à Sanela Basic et Sead Čekić, ils étaient également mineurs quand leur père a été victime de disparition forcée, mais ils ont atteint leur majorité avant que la BiH n’ait ratifié le Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, raison pour laquelle la violation de l’article 24.1 du Pacte n’est pas alléguée pour ces deux requérants) ;

d’exiger que les autorités de BiH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps de Salih Čekić, cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et de les restituer à sa famille;

d’exiger de la BiH qu’elle poursuive pénalement les auteurs de la disparition forcée de Salih Čekić, qu’elle les juge et les sanctionne dans les plus brefs délais et

d’exiger de la BiH qu’elle assure à Ema Čekić, Sanela Basic, Sead Čekić et Samir Čekić une réparation pour le tort qu’ils ont subi, notamment une compensation rapide, adéquate et équitable.

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 13’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le cas de Salih Čekić s’est déroulé durant la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes durant le printemps et l’été 1992.

Malgré l’existence de preuves solides permettant d’identifier les personnes responsables de leur disparition forcée, et de témoins directs de ces événements, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour ce crime, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, les familles des personnes disparues à Vogošća n’ont toujours pas retrouvé leurs proches et n’ont aucune information quant au sort qui leur a été réservé.

 

La décision

Au mois de mars 2013, le Comité des droits de l’homme a communiqué sa décision(appelée « constatations » dans le jargon onusien). Le Comité a retenu que la Bosnie-Herzegovine avait violé l’article 2.3 en lien avec les articles 6, 7 et 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques à l’égard de la victime et de la famille. Le Comité a aussi retenu la violation de l’article 24 du Pacte à l’égard de Samir Čekić, qui était mineur à l’époque des faits.

Le Comité a notamment enjoint la Bosnie-Herzegovine de continuer les efforts pour établir la vérité sur le sort et retrouver le corps de Salih Čekić comme prévu par la Loi sur les personnes disparues de 2004, de « continuer les efforts pour juger et sanctionner les responsables de sa disparition forcée d’ici la fin de 2015 comme prévu par la Stratégie nationale pour les crimes de guerre », de « supprimer l’obligation pour les membres de la famille de déclarer les personnes disparues en étant décédées afin d’avoir accès aux bénéfices sociaux » et également d’indemniser de manière appropriée la famille du disparu pour les violations subies.

Le Comité insiste par ailleurs sur l’obligation qu’a la Bosnie-Herzegovine de « prévenir de telles violations par le futur » et de s’assurer que les enquêtes portant sur des disparitions forcées soit inclusives et garantissent accès à la famille de la victime.

 

Dans le courant du mois de novembre 2009, TRIAL a déposé devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de Safet Kozica intervenue en juin 1992. Le CAJ représente dans cette procédure Mirha Kozica, la mère du disparu, Bajazit Kozica, le frère du disparu et Selima Kozica, la sœur du disparu.

Safet Kozica a été vu pour la dernière fois le 16 juin 1992 entre les mains des membres de l’armée de Republika Srpska (Vojska Republike Srpske – VRS) dans le camp de concentration de « Planijina Kuca », situé dans la municipalité de Vogošća en Bosnie Herzégovine (BIH). Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui depuis.

Mirha Kozica, Bajazit Kozica et Selima Kozica vivent dans une situation d’incertitude pénible, malgré les nombreuses démarches qu’ils ont entrepris afin d’établir la vérité sur les circonstances de la disparition forcée de leur être cher, ce qu’il est advenu de lui et les progrès et résultats des enquêtes.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête sérieuse et indépendante n’a été entreprise par des autorités de BiH pour retrouver M. Safet Kozica ou le corps de celui-ci, ou pour poursuivre et punir les auteurs de ce crime, entretenant ainsi le climat d’impunité déjà existant. Mirha Kozica a maintenant 80 ans et elle craint de mourir avant d’avoir pu connaître la vérité sur ce qui est arrivé à son fils.

Les auteurs se réfèrent aux conclusions de la Cour Constitutionnelle de BiH selon lesquelles actuellement dans le pays « le renvoi devant les tribunaux ordinaires ne rapporterait aucun résultat » et aucune institution spécialisée sur les disparitions forcées ne fonctionnerait efficacement en BiH. Par conséquent, en ce qui concerne l’affaire Safet Kozica, la Cour Constitutionnelle de BiH a accueilli la demande faite par Mme Mirha Kozica, considérant qu’elle, et les autres demandeurs, « n’avaient pas à leur disposition de remède effectif et adéquat pour protéger leurs droits ». La Cour Constitutionnelle de BiH a également déclaré dans une de ses décisions que les autorités de BiH ont manqué à l’exécution de ses précédentes décisions sur cette affaire. Cette décision de la Cour est fixe et définitive. Les auteurs n’ont donc plus d’autre recours interne effectif à intenter.

Le Comité de Droits de l’homme a précisé qu’il pouvait prendre en considération les violations qui se sont déroulées avant l’entrée en vigueur du Protocole facultatif dans un Etat partie, si ces violations se poursuivent de manière continue après l’entrée en vigueur du Protocole. La disparition forcée est intrinsèquement une violation permanente et continue de plusieurs droits, qui perdure tant que les criminels continuent à dissimuler ce qu’il est advenu de ces personnes et que ces faits ne sont pas clarifiés. De plus, les disparitions forcées et l’absence d’enquêtes par les autorités engendrent pour les proches des personnes disparues une angoisse et une détresse constantes, équivalentes à des traitements inhumains.

En conséquence, les auteurs de la communication demandent au Comité des droits de l’homme:

de constater que Safet Kozica a subi une violation par la BiH de l’article 2 par. 3 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (garantissant le droit à un recours utile) en conjonction avec les articles 6 (droit à la vie), 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), 9 (droit à la liberté et à la sécurité), 10 (droit d’être traité avec humanité et dans le respect de la dignité inhérente à la personne humaine) et 16 (droit à la reconnaissance de la personnalité juridique), en raison de sa disparition forcée, mais également de l’échec des autorités de BiH de mener une enquête rapide, impartiale, indépendante et complète concernant ces faits et d’identifier, juger et punir les personnes qui en sont responsables;

de constater que Mirha Kozica et ses enfants Bajazit et Selima ont subi une violation par la BiH de l’article 2 par. 3 du Pacte (droit à un recours utile) en conjonction avec l’article 7 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants), en raison de l’angoisse et des troubles psychiques causés par la disparition forcée de Safet Kozica, de l’absence d’information donnée quant à son sort et de l’inexistence d’enquête menée par les autorités de BiH;

d’exiger que les autorités de BiH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps de Safet Kozica, cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et des les restituer à sa famille;

d’exiger de la BiH qu’elle poursuive pénalement les auteurs de la disparition forcée de Safet Kozica, qu’elle les juge et les sanctionne dans les plus brefs délais;

d’exiger de la BiH qu’elle offre à M. Safet Kozica et ses enfants la réparation du tort subi, notamment une compensation rapide, adéquate et équitable.

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 13’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées. Le cas de Safet Kozica a s’est déroulé durant la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes durant le printemps et l’automne de 1992.

Malgré l’existence de preuves solides permettant d’identifier les personnes responsables de leur disparition forcée, et de témoins directs de ces événements, à ce jour personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour ce crime, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, les familles des personnes disparues à Vogošća n’ont toujours pas retrouvé leurs proches et n’ont aucune information quant au sort qui leur a été réservé.

 

La décision

Au mois de mars 2013, le Comité des droits de l’homme a communiqué sa décision(appelée « constatations » dans le jargon onusien). Le Comité a retenu que la Bosnie-Herzegovine avait violé l’article 2.3 en lien avec les articles 6, 7 et 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques à l’égard de la victime et de la famille.

Le Comité a notamment enjoint la Bosnie-Herzegovine de continuer les efforts pour établir la vérité sur le sort et retrouver le corps de Safet Kozica comme prévu par la Loi sur les personnes disparues de 2004, de « continuer les efforts pour juger et sanctionner les responsables de sa disparition forcée d’ici la fin de 2015 comme prévu par la Stratégie nationale pour les crimes de guerre », de « supprimer l’obligation pour les membres de la famille de déclarer les personnes disparues en étant décédées afin d’avoir accès aux bénéfices sociaux » et également d’indemniser de manière appropriée la famille du disparu pour les violations subies.

Le Comité insiste par ailleurs sur l’obligation qu’a la Bosnie-Herzegovine de « prévenir de telles violations par le futur » et de s’assurer que les enquêtes portant sur des disparitions forcées soit inclusives et garantissent accès à la famille de la victime.

 

Dans le courant du mois d’août 2009, TRIAL a déposé devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies une communication individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de M. Huso Zlatarac et de M. Nedzad Zlatarac, intervenue en juin 1992. Le CAJ représente dans cette procédure Hasiba Zlatarac, l’épouse et la mère des disparus, et Alma Cardakovic, fille et soeur des disparus.

Le 4 mai 1992, Huso Zlatarac a été arrêté à Svrake (BiH) par des éléments de l’armée serbe, en compagnie de son épouse Hasiba et de leurs enfants Nedzad et Alma (âgés respectivement de 20 et 14 ans à l’époque), ainsi que de la plupart des habitants du village. Tous ont été emmenés dans un camp de concentration à Semizovac. Quelques jours plus tard, Hasiba Zlatarac et sa fille Alma, ainsi que d’autres femmes et enfants ont été libérés. Huso et Nedzad Zlatarac Hasib ont été maintenus en détention et transférés dans différents camps de concentration, où ils ont été soumis à la torture et à des travaux forcés. Huso et Nedzad Zlatarac ont été vus pour la dernière fois le 16 juin 1992 dans le camp de concentration de Planjina kuca, municipalité de Vogosca, alors qu’ils étaient emmenés vers une destination inconnue. Ce qu’il est advenu d’eux n’a, à ce jour, jamais été déterminé.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête sérieuse n’a été entreprise par les autorités de BiH pour retrouver les deux disparus, ou le corps de deux-ci ou pour poursuivre et punir les auteurs de ce crime. Hasiba Zlatarac a entrepris de nombreuses démarches pour obtenir des informations quant au sort de son mari, et de son fils, notamment au travers de la police de Visoko et celle de Vogosca, de la Commission d’Etat pour les personnes disparues, du bureau du Procureur pour le canton de Sarajevo et la Société nationale de la Croix-Rouge. Toutes ses initiatives se sont révélées vaines.

Le 23 février 2006, la Cour constitutionnelle de BiH, saisie par plusieurs familles de victimes de Vogosca, a jugé que la BiH avait violé leur droit à ne pas être soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradant et leur droit au respect de leur vie privée et familiale. En conséquence, la Cour a ordonnée aux autorités compétentes de rendre accessible toutes les informations relatives au sort des personnes disparues. Le 16 novembre 2006, la Cour constitutionnelle a adopté un nouveau jugement, constatant que le Conseil des ministres de BiH, le gouvernement de la Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BiH et le gouvernement du district de Brčko avaient failli à leur obligation d’exécuter le précédent jugement. Depuis, Mme Zlatarac et sa fille n’ont reçu aucune information quant au sort de leur mari et fils (respectivement père et frère) de la part des autorités compétentes.

En conséquence, Hasiba Zlatarac et Alma Cardakovic demandent au Comité des droits de l’homme:

Contexte général

De 1992 à 1995, la guerre a ravagé ce petit Etat issu de l’ex-Yougoslavie. Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes y ont trouvé la mort et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 13’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le cas de Huso et Nedzad Zlatarac s’est déroulée durant la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes durant le printemps et l’automne de 1992.

Malgré l’existence de preuves solides permettant d’identifier les personnes responsables de leur disparition forcée, et de témoins directs de ces événements, à ce jour personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour ce crime, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, les familles des personnes disparues à Vogosca n’ont toujours pas retrouvé leurs proches et n’ont aucune information quant au sort qui leur a été réservé.

 

La décision

Au mois de mars 2013, le Comité des droits de l’homme a communiqué sa décision(appelée « constatations » dans le jargon onusien). Le Comité a retenu que la Bosnie-Herzegovine avait violé l’article 2.3 en lien avec les articles 6, 7 et 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques à l’égard des victimes et de la famille. Le Comité a aussi retenu la violation de l’article 24 du Pacte à l’égard d’Alma Cardakovic, qui était mineure à l’époque des faits.

Le Comité a notamment enjoint la Bosnie-Herzegovine de continuer les efforts pour établir la vérité sur le sort et retrouver le corps de Huso et Nedzad Zlatarac comme prévu par la Loi sur les personnes disparues de 2004, de « continuer les efforts pour juger et sanctionner les responsables de leur disparition forcée d’ici la fin de 2015 comme prévu par la Stratégie nationale pour les crimes de guerre », de « supprimer l’obligation pour les membres de la famille de déclarer les personnes disparues en étant décédées afin d’avoir accès aux bénéfices sociaux » et également d’indemniser de manière appropriée la famille des victime pour les violations subies.

Le Comité insiste par ailleurs sur l’obligation qu’a la Bosnie-Herzegovine de « prévenir de telles violations par le futur » et de s’assurer que les enquêtes portant sur des disparitions forcées soit inclusives et garantissent accès à la famille de la victime.

 

En juillet 2012 TRIAL a présenté une plainte collective auprès de la Cour européenne des droits de l’homme concernant la disparition forcée de 39 hommes dont le sort et la localisation restent inconnus à ce jour.

La requête porte sur des événements qui ont eu lieu pendant la guerre (1992-1995). En particulier, les faits se sont produits en juin 1992 dans la caserne de l’Armée nationale yougoslave (Jugoslovenska Narodna Armija – JNA) connu sous le nom « Slaviša Vajner Čiča », situé à Lukavica.

Ces événements doivent être examinésà la vue du contexte plus général de l’attaque perpétrée entre mai et juin 1992 par les forces serbes sur un certain nombre de villes et villages autour de Sarajevo, dont Hadžići.

TRIAL agit au nom de 53 requérants, qui sont proches des 39 hommes disparus. Selon l’un des 53 requérants dans cette affaire, témoin direct des événements, le 22 juin 1992, autour de 12 h, M. Alija Kardaš fut appelé hors de la salle où les prisonniers étaient détenus par un officier et a été emmené. Les autres prisonniers entendirent des coups de feu. Le sort de M. Alija Kardas reste inconnu depuis lors.

Au matin du 23 juin 1992, un réserviste des forces Serbes de Bosnie (Vojska Republike Srpske – VRS), M. Vojo Vukotić, lu une liste de 48 noms. Ces détenus ont été soumis à la torture et insultés. Ils ont été vu pour la dernière fois dans une situation de menace pour leurs vie aux mains de leurs ravisseurs. En effet, sur les 48 personnes mentionnées, 45 n’ont jamais été revues, tandis que l’un a été libéré et a survécu; et qu’en 2011 les dépouilles de deux autres personnes ont été exhumées dans un charnier à Đurđevača, près de Hadžići. Il semblerait que les autres hommes disparus aient été emmenés à la montagne de Ravna Romanija et arbitrairement exécutés par des soldats sous les ordres de M. Tomo Kovač et M. Momo Mandić. Néanmoins, cette piste n’a pas été étudiée ni confirmée à ce jour par les autorités de Bosnie-Herzégovine (BiH).

Au cours des 20 dernières années, les requérants dans la présente affaire ont signalé à plusieurs reprises les événements, y compris l’identité de certains des auteurs, à la fois devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et les autorités nationales (Commission pour l’échange de prisonniers et des personnes disparues, police, Commission d’État pour les personnes disparues, le Bureau du Procureur, Ministère de l’Intérieur, Institut des personnes disparues) et des organisations internationales présentes en Bosnie-Herzégovine travaillant sur la question des personnes disparues (Comité international de la Croix-Rouge et la Commission internationale pour les personnes disparues), appelant rapidement à l’ouverture d’une enquête indépendante, impartiale et approfondie.

Néanmoins, plus de 20 ans plus tard, personne n’a été jugé ni sanctionné pour les crimes concernés. En outre, comme déjà mentionné, le sort et la localisation des 39 victimes restent inconnus à ce jour et, dans la forte éventualité de leur décès, leurs restes mortels n’ont pas encore été localisés, ni exhumés, identifiés ou restitués aux familles. Ces dernières ne peuvent donc pas enterrer leurs proches ni faire leur deuil, conformément à leurs coutumes et leurs croyances. En outre, les proches n’ont reçu aucune compensation prompte, adéquate et équitable ni de réparation intégrale du préjudice subi.

Compte tenu de l’impunité entourant la disparition forcée des 39 hommes de la caserne Slaviša Vajner Čiča le 22 et 23 juin 1992 et le continuel manque d’informations de la part des autorités de Bosnie-Herzégovine sur le sort et la localisation des hommes concernés, les proches des personnes disparues a décidé de porter plainte devant la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.

Le 23 février 2006, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a rendu une décision sur l’affaire, par laquelle elle a constaté des violations de diverses dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme, en raison du manque d’informations sur le sort, entre autres, des 39 hommes de la caserne de Slaviša Vajner Čiča.

En conséquence, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a ordonné aux autorités compétentes de fournir des informations aux demandeurs dans un délai fixé sur le sort de leurs proches. Aucune décision n’a alors été prise sur la question de l’indemnisation, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine ayant jugé satisfaisante la mise en place du Fonds de soutien des familles de personnes disparues en vertu de la Loi sur les personnes disparues (entré en vigueur le 17 novembre 2004).

Le 18 novembre 2006, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a rendu une décision de non-mise en œuvre, déclarant que le Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, le gouvernement de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, et le gouvernement du district de Brčko n’avaient pas appliqué la décision rendue le 23 mai 2006 Février. Dans la même décision, il a été également établi que le gouvernement de la Republika Srpska n’a pas réussi à appliquer pleinement la décision concernée. Cette décision fut transmise au Bureau du Procureur de Bosnie-Herzégovine.

Pourtant, la non-application des décisions de la Cour constitutionnelle constitue une infraction pénale codifiée sous l’article 239 du Code pénal de Bosnie-Herzégovine.

Cependant, à ce jour, personne n’a été jugé ni sanctionné pour la non-application de la décision rendue par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine le 23 Février 2006.

Après avoir vu tous leurs efforts s’effondrer, les 53 requérants ont décidé de se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme, en demandant:

Le 11 décembre 2014, la Cour européenne des droits de l’homme, dans sa formation de juge unique, a déclaré l’affaire irrecevable, en constatant que les conditions de recevabilité exposées aux articles 34 et 35 de la Convention européenne des droits de l’homme ne sont pas remplies. Aucun détail complémentaire n’a été fourni au regard de cette décision. La décision est finale et n’est pas sujette à recours. 

Contexte général

On estime qu’entre 100.000 et 200.000 personnes sont mortes à la suite du conflit en Bosnie-Herzégovine au cours de la période 1992-1995 et qu’entre 25.000 et 30.000 ont été victimes de disparitions forcées. A l’heure actuelle, entre 8.000 et 10.000 personnes sont toujours portées disparues. La disparition forcée des 39 victimes dans cette affaire a eu lieu au cours de la première vague de l’opération de « nettoyage ethnique » perpétrée par l’armée serbe pendant les attaques militaires dirigées contre un certain nombre de villes et villages autour de Sarajevo entre Mai et Juin 1992.

 

Names of the persons

Le nom des 39 personnes disparues sont: Mr. Miralem Musić, Mr. Esad Murtić, Mr. Mehmed Karavdić, Mr. Fadil Nizić, Mr. Adem Beća, Mr. Salko Dželilović, Mr. Ćamil Ismić, Mr. Suad Hrgić, Mr. Midhat Hrgić, Mr. Edib Durmo, Mr. Enes Hrnjić, Mr. Zaim Musić, Mr. Suad Musić, Mr. Irfan Musić, Mr. Šefik Musić, Mr. Vahid Musić, Mr. Ćamil Tahirović, Mr. Adil Kadrić, Mr. Edin Kadrić, Mr. Ahmet Rizvo, Mr. Adnan Musić, Mr. Nijaz Čiko, Mr. Huso Murtić, Mr. Mujo Musić, Mr. Džemal Beća, Mr. Vezir Kahrica, Mr. Salem Kadrić, Mr. Sakib Altoka, Mr. Džafer Telarević, Mr. Alija Kardaš, Mr. Rasim Karavdić, Mr. Salih Dupovac, Mr. Aćif Alić, Mr. Osman Hasanović, Mr. Almir Oručević, Mr. Ismet Zekiri, Mr. Adil Musić, Mr. Ismail Mehdi, and Mr. Ibrahim Mehdi.

 

En juin 2010, TRIAL a déposé une requête individuelle devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme contre la Bosnie-Herzégovine (BiH) à propos de la disparition forcée de Esad Ališković intervenue en juillet 1992. Dans cette procédure, TRIAL représente Refika Ališković, épouse de Esad Ališković.

Le 20 juillet 1992, presque deux mois après l’attaque de la ville de Prijedor (29-30 avril 1992), l’armée serbe a attaqué Rakovćani, un village du secteur de « Brdo » situé dans la municipalité de Prijedor.

Au moment de l’attaque, la requérante se trouvaient chez elle avec son mari, leurs filles, le frère de son mari et la femme de ce dernier. Les deux hommes ont été séparés de leurs proches et contraints de rejoindre d’autres d’hommes précédemment arrêtés dans le même village. Les soldats n’ont fourni aucune information ni à la requérante, ni à sa belle sœur, sur les raisons de l’arrestation de leurs conjoints et sur le lieu dans lequel ils étaient détenus. De nombreux témoignages portés devant le TPIY affirment que les hommes de Brdo ont étés conduits au de camp de Keraterm aux alentours des 20-21 juillet 1992, et enfermés dans la pièce numéro 3. Le 24 juillet, les soldats ont tirés sur ces détenus, ne laissant que peu de survivants. Un témoin a fait part à Refika Ališković que ce que la veille du massacre, une vingtaine de détenus ont été appelés et emmenés vers une destination inconnue, parmi lesquels son mari. Depuis lors, nous ne détenons aucune information sur ce qu’il est advenu de Esad Ališković.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BiH pour retrouver Esad Ališković ou le corps de celui-ci, et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Refika Ališković a effectué de multiples démarches pour obtenir des informations sur son mari auprès des autorités et des institutions nationales (notamment auprès des autorités de police et de la Commission fédérale des personnes disparues), et auprès d’institutions internationales (auprès de la Commission internationales des personnes disparues). Ces initiatives sont cependant restées vaines jusqu’à aujourd’hui.

Le 16 juillet 2007 la Cour Constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs parents des victimes de disparition forcées de Prjiedor et de ses environs, a retenu que la BiH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures et des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des proches des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de l’Etat de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Esad Ališković. Suite à cette décision, le Bureau de recherche des personnes disparues de la Republika Srpska a adressé une lettre à la requérante par laquelle il confirme l’inscription de son mari sur les registres de la Commission fédérale des personnes disparues, et fait part de la volonté des autorités de résoudre les cas de disparitions forcées. A ce jour, la requérante n’a reçu aucune information supplémentaires des autorités concernant les circonstances de la disparition de son mari et les mesures prises pour localiser les dépouilles. Les autorités de BiH ont donc jusqu’alors failli à l’exécution de la décision de la Cour Constitutionnelle et n’ont procuré aucune information pertinente à la Cour ou à la requérante.

Par conséquent, Refika Ališković demande à la Cour Européenne des Droits de l’Homme :

La procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels. Le 3 juin 2014, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a rendu sa décision. Elle a estimé que dans ce cas, les autorités bosniennes avaient fait tout ce qui pouvait être raisonnablement attendu, compte tenu des circonstances particulières qui prévalaient dans le pays jusqu’en 2005 et du grand nombre de crimes de guerre en instance devant les tribunaux locaux. La Cour a noté qu’ « il est évident que tous les auteurs directes des nombreux crimes de guerres commis dans le contexte de la purification ethnique dans la région de Prijedor n’ont pas été punis ». Néanmoins, elle a apprécié le fait que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour d’Etat ont respectivement condamné 16 et 7 personnes dans le cadre des crimes commis dans cette région.

Voir également l’affaire Ramulić, dont les proches ont été enlevés dans le cadre des mêmes évènements.

 

Contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort pendant le conflit en BiH (1992-1995), et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. A ce jour, entre 10’000 et 13’000 personnes n’ont pas encore été retrouvées.

La disparition de Esad Ališković a eu lieu au cours de la première vague de disparitions forcées et de purification ethnique menée par les forces serbes, durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs au printemps et à l’été 1992.

Jusqu’alors, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour la disparition forcée de Esad Ališković, renforçant ainsi un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, la famille de Esad Ališković  n’a reçu ni information quant au sort qui lui a été réservé, ni compensation adéquate et intégrale pour le préjudice subi.

 

En février 2010, TRIAL a déposé devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme une requête individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BiH), à propos de la disparition forcée de Emir Hodžić intervenue en mai 1992. TRIAL représente dans cette procédure Mersija Hodžić et  Emira Biščević, respectivement mère et sœur d’Emir.

Presque un mois après l’attaque de la ville de Prijedor (29-30 avril 1992), l’armée serbe a attaqué la ville voisine de Kozarac. Mersija Hodžić et son mari quittent Kozarac pour sauver leur vie. Après être restés deux mois à Prijedor, ils ont gagné la Croatie et rejoins leur fille Emira Biščević, qui vivait déjà là-bas. Mersija Hodžić et Emira Biščević résideront respectivement en Croatie jusqu’en 1996 à 1997.

Emir Hodžić est resté à Kozarac en tant que membre réserviste pour la police locale. Selon des témoins oculaires, après la prise de Kozarac par l’armée serbe, tous les membres de la police locale, dont Emir Hodžić, ont été capturés par l’armée serbe. La majorité d’entre eux ont été abattus arbitrairement derrière le bâtiment de l’école primaire de Kozarac, alors que les autres étaient amenés dans des camps de concentration mis en place dans la région (par exemple le camp d’Omarska). Emir Hodžić a été vu pour la dernière fois le 26 mai 1992 avec plusieurs de ses collègues, qui plus tard ont été capturés et excécutés par l’armée de Republike Srpska. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui depuis.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BiH pour retrouver Emir Hodžić ou le corps de celui-ci et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Mersija Hodžić et Emira Biščević ont effectué de multiples démarches pour obtenir des informations sur leur fils, auprès d’organisations internationales et des réseaux diplomatiques. Ces initiatives sont cependant restées vaines jusqu’à aujourd’hui.

Le 16 juillet 2007 la Cour Constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs parents des victimes de disparition forcées de Prjiedor et de ses environs, a retenu que la BiH avait commis une violation du droit à ne pas être soumis à des tortures et des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de l’Etat de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Emir Hodžić. Les autorités de BiH ont donc failli jusqu’alors à l’exécution de la décision de la Cour Constitutionnelle et n’ont procuré aucune information pertinente à la Cour ou à Mersija Hodžić et Emira Biščević.

Par conséquent, Mersija Hodžić et Emira Biščević demandent à la Cour Européenne des Droits de l’Homme :

de constater que Emir Hodžić a subi une violation des articles  2 (droit à la vie), 3 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants) et 5 (droit à la liberté et à la sûreté) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme) et 13 (le droit d’un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, en raison de l’échec des autorités de BiH pour mener une enquête rapide, impartiale, indépendante et complète concernant la détention arbitraire et la disparition forcée de Emir Hodžić qui a suivi et pour juger et punir les personnes qui en sont responsables ;

de constater que  Mersija Hodžić et Emira Biščević ont eux-mêmes subi une violation de la part de la BiH de l’article 3 (interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme), 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme à cause de la détresse morale sévère et de l’angoisse causée par la disparition forcée de Emir Hodžić et du manque constant d’informations sur la cause et les circonstances de sa disparition, et sur les progrès et les résultats des enquêtes effectuées par des autorités de BiH ;

d’exiger que les autorités de BiH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps de Emir Hodžić, le cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et de les restituer à sa famille ;

d’exiger de la BiH de mettre en accusation, juger devant les autorités civiles compétentes et sanctionner les responsables ainsi que les complices de la détention arbitraire et la disparition forcée qui a suivi de Emir Hodžić ; et

d’exiger de la BiH qu’elle assure à Mersija Hodžić et Emira Biščević une réparation intégrale et prompte, juste et adéquate compensation pour les souffrances subies.

Procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

 

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels. La Cour délivrera son jugement dans les prochains mois.

 

Contexte général

On estime qu’entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort pendant le conflit en BiH (1992-1995) et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Entre 10’000 et 13’000 personnes n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

La disparition forcée de Emir Hodžić est intervenue durant les opérations de « purification ethnique » menées par l’armée serbe durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs.

Jusqu’alors, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour le disparition forcée de Emir Hodžić, renforçant ainsi un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, la famille de Emir Hodžić n’a reçu ni information quant au sort qui lui a été réservé, ni compensation adéquate et intégrale pour le préjudice subi. durant l’opération de purification ethnique menée par les forces serbes durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs.

 

Au mois de juin  2010, TRIAL a déposé devant la Cour européenne des droits de l’homme une requête contre la Bosnie-Herzégovine (BH), à propos de la disparition forcée d’Enes Ramulic survenue en juillet 1992. TRIAL représente dans cette procédure Edin Ramulic, frère de la victime. 

Lors des évènements, Edin Ramulic était âgé de 22 ans et vivait avec sa famille à  Rakovcani, village situé dans la municipalité de Prijedor, aujourd’hui en Republika Srpska. 

Le 20 juillet 1992, des soldats en uniforme de l’armée yougoslave sont venus dans le village et ont ordonné à tous les hommes présents de se présenter devant leur maison. Obéissant à la sommation, Edin Ramulic, Enes Ramulic et Uzeir Ramulic sont sortis. Edin Ramulic, amaigri et diminué physiquement, a semblé trop jeune aux soldats qui lui ont  demandé de retourner dans la maison.

Des témoins affirment que les hommes arrêtés dans le village, dont Enes et Uzeir Ramulic, auraient été conduits au camp de concentration de Keraterm, puis interné dans la pièce numéro 3 où ils auraient été abattus le 24 juillet 1992. Des co-détenus ont rapporté qu’Uzeir Ramulic aurait perdu la vie durant le massacre alors que son fils y aurait survécu. Ce dernier a été vu pour la dernière fois le 4 août 1992, dans un état de santé très préoccupant, avant d’être emmené hors du camp par bus avec  environ 120 autres détenus, le 5 août 1992. Un jugement du TPIY confirme ces faits et relate que tous les occupants du buis auraient été massacrés, mais le corps de Enes Ramulic n’a pas pu être identifié parmi les dépouilles des autres passagers retrouvés à Hrastova Glavica, à environ trente kilomètres de Prijedor.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par les autorités de BH pour localiser, exhumer, identifier et rendre à la famille la dépouille mortelle de la victime ; et personne n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné pour ces crimes, en dépit de l’énergie avec laquelle le requérant s’est investi dans l’éclaircissement des faits.

Edin Ramulic a plusieurs fois dénoncé les évènements auprès de la police de Sanski Most, le bureau cantonal du Procureur de Bihac, la Croix Rouge de Travnik et de Zagreb, la Commission fédérale des personnes disparues ou encore l’Institut de BH des personnes disparues. Malgré ses démarches infructueuses, Edin Ramulic reste très actif, notamment par son implication dans le travail de l’association IZVOR qui soutient les familles de disparus et par ses recherches personnelles, favorisées par ses fonctions de journaliste.

Le 16 juillet 2007, la Cour constitutionnelle de BH, saisie par plusieurs familles de victimes de disparition forcée dans la région de Prijedor, dont Edin Ramulic, a retenu que la BH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures ou à des traitements inhumains et dégradants, ainsi que le droit au respect de la vie privée et familiale des proches des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de divulguer toutes les informations disponibles sur le sort des personnes disparues, y compris relativement au frère d’Edin Ramulic.

Le 22 mars 2008, le requérant a reçu une lettre du Bureau de recherche des personnes disparues de la Republika Srpska, mais celle-ci n’a fait que confirmer les démarches entreprises par le requérant, sans fournir la moindre information supplémentaire.

Face à l’indifférence des autorités de BH, Edin Ramulic a demandé la Cour constitutionnelle de BH dans une lettre du 30 mars 2009, de prendre les mesures nécessaires pour que son jugement soit exécuté. La demande est également restée sans réponse à ce jour.

Par conséquent, Edin Ramulic demande à la Cour européenne des droits de l’homme:

La procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels.

Le 3 juin 2014, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a rendu sa décision. Elle a estimé que dans ce cas, les autorités bosniennes avaient fait tout ce qui pouvait être raisonnablement attendu, compte tenu des circonstances particulières qui prévalaient dans le pays jusqu’en 2005 et du grand nombre de crimes de guerre en instance devant les tribunaux locaux. La Cour a noté qu’ « il est évident que tous les auteurs directes des nombreux crimes de guerres commis dans le contexte de la purification ethnique dans la région de Prijedor n’ont pas été punis ». Néanmoins, elle a apprécié le fait que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour d’Etat ont respectivement condamné 16 et 7 personnes dans le cadre des crimes commis dans cette région.

Voir  également l’affaire Aliskovic, dont les proches ont été enlevés dans le cadre des mêmes évènements.

 

Contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort entre 1992 et 1995 durant le conflit en BH et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 10’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvés.

Les arrestations arbitraires et enlèvements de Uzeir et Enes Ramulic, le massacre du premier et la disparition forcée du second se sont déroulés dans le cadre d’une purification ethnique menée par les forces serbes durant l’attaque militaire de Prijedor et de ses environs.

 

Dans le courant du mois de novembre 2009, TRIAL a déposé devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) une requête individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BIH), à propos de la disparition forcée de Nedžad Fazlić intervenue en mai 1992. TRIAL représente dans cette procédure Fatima Fazlić, épouse de Nedžad Fazlić et Dženana Fazlić et Lejla Fazlić, filles de Nedžad Fazlić.

Presque un mois après l’attaque de la ville de Prijedor (29-30 avril 1992), l’armée serbe a attaqué la ville voisine de Kozarac. Fatima Fazlić et ses filles Dženana and Lejla Fazlić (à cette époque ägées respectivement de 8 ans et de 4 mois) ont quitté Kozarac quelques jour savant pour tenter de sauver leurs vies. En juin 1992, elles ont rejoint l’Allemagne, où le frère de Fatima Fazlić vivait Nedžad Fazlić était resté à Kozarac car il était member de l’Unité de Défense Territoriale. Selon des témoins oculaires, après la prise de la ville de Kozarac par l’armée serbe, Nedžad Fazlić s’est échappé dans la forêt de Kozara avec d’autres hommes, essayant de gagner la Croatie. Le 28 mai 1992, Nedžad Fazlić et un groupe d’homes ont été arrêtés par des membres de la police de Republica Srpska et emmenés à la brigade de Aleksandrovac, à côté de Gradiška : quelques détenus ont été ensuite emmenés dans un camps de concentration, alors que d’autres, dont Nedžad Fazlić ont été emmenés dans un endroit inconnu. C’est la dernière fois qu’on a vu Nedžad Fazlić vivant et nous ne savon pas ce qu’il est advenu de lui depuis.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BIH pour retrouver Nedžad Fazlić ou le corps de celui-ci et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Fatima Fazlić a effectué de multiples démarches pour obtenir des informations à propos de son époux, auprès des autorités et des institutions nationales (notamment la police de Sanski Most, la Commission pour les Personnes Disparues de la Fédération de BIH et L’office de Republika Srpska pour retrouver les personnes détenues et disparues) et auprès d’organisations internationales (le Comité International de la Croix-Rouge et la Croix Rouge Allemande). Ces initiatives sont cependant restées vaines jusqu’à aujourd’hui.

Le 16 juillet 2007 la Cour Constitutionnelle de BIH, saisi par plusieurs parents des victimes de disparition forcées de Prjiedor et de ses environs, a retenu que la BIH avait commis une violation du droit à ne pas être soumis à des tortures et des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de l’Etat de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Nedžad Fazlić. Jusqu’alors, les autorités de BIH ont manqué à l’exécution de la décision de la Cour Constitutionnelle et n’ont fourni aucune information pertinente à la Cour ou à Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić.

Par conséquent, Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić, demandent à la Cour Européenne des Droits de l’Homme :

de constater que Nedžad Fazlić a subi une violation des articles 2 (droit à la vie), 3 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants) et 5 (droit à la liberté et à la sûreté) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme) et 13 (le droit d’un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, en raison de l’échec des autorités de BIH pour mener une enquête rapide, impartiale, indépendante et complète concernant la détention arbitraire et la disparition forcée de Nedžad Fazlić qui a suivi et pour juger et punir les personnes qui en sont responsables ; Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić.

de constater que Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić, ont elles-mêmes subi une violation de la part de la BIH de l’article 3 (interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme), 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme à cause de la détresse morale sévère et de l’angoisse causée par la disparition forcée de Nedžad Fazlić et du manque constant d’informations sur la cause et les circonstances de sa disparition, et sur les progrès et les résultats des enquêtes effectuées par des autorités de BIH ;

d’exiger que les autorités de BIH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps de Nedžad Fazlić, le cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et de les restituer à sa famille ;

d’exiger que la BIH, conformément aux articles 41 et 46.2 de la Convention, identifie, mette en accusation, juge devant les autorités civiles compétentes et sanctionne les responsables ainsi que les complices de la détention arbitraire et de la disparition forcée qui a suivi de Nedžad Fazlić ; et qu’elle assure à Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić un plein accès et capacité pour agir à chacune des étapes des enquêtes et procédures mentionnées, conformément à la  législation intérieure et aux dispositions de la Convention européenne ;

d’exiger des autorités de BIH qu’elles publient les résultats des enquêtes et de la procédure, pour que la société BIH soit en mesure de connaître l’établissement juridique des faits et des responsables dans cette affaire ;

d’exiger de la BIH, conformément à l’article 41 et l’article 46.2 de la Convention, qu’elle accorde à Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić une compensation pécuniaire adéquate, couvrant les dommages matériels et non-pécuniaires ;

d’exiger de la BIH, conformément à l’Article 41 et l’Article 46.2 de la Convention, qu’elle garantisse que les mesures adoptées en faveur de Fatima Fazlić, Dženana Fazlić et Lejla Fazlić, leur fournissent une réparation intégrale, comprenant la restitution, la réadaptation, la satisfaction (incluant la restauration de dignité et de la réputation) et des garanties de non-répétition ;

d’exiger de la BIH qu’elle publie, en anglais et en bosniaque, les extraits appropriés du jugement de la Cour (incluant l’établissement des faits, les conclusions de la Cour et, s’il y en a, les conclusions incidentes, dans la Gazette Officielle et dans un autre journal à portée nationale ;

La procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels.

Le 3 juin 2014, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a rendu sa décision. Elle a estimé que dans ce cas, les autorités bosniennes avaient fait tout ce qui pouvait être raisonnablement attendu, compte tenu des circonstances particulières qui prévalaient dans le pays jusqu’en 2005 et du grand nombre de crimes de guerre en instance devant les tribunaux locaux. La Cour a noté qu’ « il est évident que tous les auteurs directes des nombreux crimes de guerres commis dans le contexte de la purification ethnique dans la région de Prijedor n’ont pas été punis ». Néanmoins, elle a apprécié le fait que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour d’Etat ont respectivement condamné 16 et 7 personnes dans le cadre des crimes commis dans cette région.

 

Contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort pendant le conflit en BIH (1992-1995) et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Entre 10’000 et 13’000 personnes n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le cas de Nedžad Fazlić s’est déroulé durant l’opération de purification ethnique menée par les forces serbes durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs.

Jusqu’alors, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour cette privation arbitraire de liberté de Nedžad Fazlić et sa disparition forcée qui a suivi, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, la famille de Nedžad Fazlić n’a toujours aucune information quant au sort qui lui a été réservé.

 

 

Dans le courant du mois de novembre 2009, TRIAL a déposé devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme une requête individuelle contre la Bosnie-Herzégovine (BIH), à propos de la disparition forcée d’ Edin Mahmuljin intervenue en juin 1992. Le CAJ représente dans cette procédure Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin, respectivement mère et père d’ Edin Mahmuljin.

Presque un mois après l’attaque de la ville de Prijedor (29-30 avril 1992), l’armée serbe a attaqué la ville voisine de Kozarac. Le 24 mai 1992, Ismeta Mahmuljin, son fils Edin Mahmuljin, sa belle-fille Saida Mahmuljin et son petit-fils Alen Mahmuljin (alors âgé de 3 ans), se sont enfuis dans la forêt de Kozara pour chercher refuge. Deux jours plus tard, ils ont décidé de se séparer : tandis que Edin Mahmuljin est resté dans les bois avec d’autres hommes, le reste de la famille est retourné à Kozarac, où ils ont été pris par l’armée serbe et transférés au camp de concentration de Trnopolje, d’où ils ont été libérés environ un mois plus tard. Selon le témoignage d’autres hommes qui étaient restés dans la forêt de Kozara avec Edin Mahmuljin, le 24 juin 1992 ils ont été capturés par les membres de l’armée serbe dans la région entre Bosanska Dubica et Bosanska Gradiska, connue sous le nom de Sjeverovci. Quelques hommes ont été amenés au camp de concentration d’Omarska; alors que d’autres, y compris  Edin Mahmuljin ont été amenés dans un endroit inconnu. C’est la dernière fois que l’on a vu Edin Mahmuljin vivant et nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui depuis.

Plus de 17 ans après les événements, aucune enquête officielle, prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par des autorités de BIH pour retrouver Edin Mahmuljin ou le corps de celui-ci et aucun responsable n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné. Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin ont effectué de multiples démarches pour obtenir des informations sur leur fils, auprès des autorités et des institutions nationales (notamment la police de Sanski Most, la Commission pour les Personnes Disparues de la Fédération de BIH et la Croix-Rouge de la Republika Srpska) et auprès d’organisations internationales (le Comité International de la Croix-Rouge). Ces initiatives sont cependant restées vaines jusqu’à aujourd’hui.

Le 16 juillet 2007 la Cour Constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs parents des victimes de disparition forcées de Prjiedor et de ses environs, a retenu que la BIH avait commis une violation du droit à ne pas être soumis à des tortures et des traitements inhumains et dégradants, ainsi que du droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de l’Etat de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris de Salih Čekić.

Jusqu’alors, le Conseil des ministres de BIH, le gouvernement de la Republika Srpska, le gouvernement de la Fédération de BIH et le gouvernement du district de Brcko de BIH ont manqué à l’exécution de la décision précédente de la Cour Constitutionnelle et Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin n’ont reçu aucune information sur leur fils des autorités mentionnées.

Par conséquent, Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin demandent à la Cour Européenne des Droits de l’Homme :

de constater que Edin Mahmuljin a subi une violation des articles 2 (droit à la vie), 3 (interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants) et 5 (droit à la liberté et à la sûreté) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme) et 13 (le droit d’un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, en raison de l’échec des autorités de BIH pour mener une enquête rapide, impartiale, indépendante et complète concernant la détention arbitraire et la disparition forcée de M. Edin Mahmuljin qui a suivi et pour juger et punir les personnes qui en sont responsables ;

de constater que Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin ont eux-mêmes subi une violation de la part de la BIH de l’article 3 (interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants) en conjonction avec les articles 1 (obligation de respecter les droits de l’homme), 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention Européenne des Droits de l’Homme à cause de la détresse morale sévère et de l’angoisse causée par la disparition forcée d’Edin Mahmuljin et du manque constant d’informations sur la cause et les circonstances de sa disparition, et sur les progrès et les résultats des enquêtes effectuées par des autorités de BIH ;

d’exiger que les autorités de BIH entreprennent enfin – et rapidement – une enquête indépendante pour retrouver le corps d’Edin Mahmuljin, le cas échéant d’exhumer ses restes, de les identifier et de les restituer à sa famille ;

d’exiger de la BIH, conformément aux articles 41 et 46.2 de la Convention, d’identifier, mettre en accusation, juger devant les autorités civiles compétentes et sanctionner les responsables ainsi que les complices de la détention arbitraire et la disparition forcée qui a suivi d’Edin Mahmuljin ; et de d’assurer à  Ismeta Mahmuljin et Muharem Mahmuljin un plein accès et capacité pour agir à chacune des étapes des enquêtes et procédures mentionnées, conformément à la  législation intérieure et aux dispositions de la Convention européenne ;

d’exiger des autorités de BIH qu’elles publient les résultats des enquêtes et de la procédure, pour que la société BIH soit en mesure de connaître l’établissement juridique des faits et des responsables dans cette affaire ;

d’exiger de la BIH, conformément à l’article 41 et l’article 46.2 de la Convention, qu’elle accorde à Ismeta Mahmuljin et à Muharem Mahmuljin une compensation pécuniaire adéquate, couvrant les dommages matériels et non-pécuniaires ;

d’exiger de la BiH, conformément à l’Article 41 et l’Article 46.2 de la Convention, qu’elle garantisse que les mesures adoptées en faveur d’Ismeta Mahmuljin et de Muharem Mahmuljin leur fournissent une réparation intégrale, comprenant la restitution, la réadaptation, la satisfaction (incluant la restauration de dignité et de la réputation) et des garanties de non-répétition ;

d’exiger de la BiH qu’elle publie, en anglais et en bosniaque, les extraits appropriés du jugement de la Cour (incluant l’établissement des faits, les conclusions de la Cour et, s’il y en a, les conclusions incidentes, dans la Gazette Officielle et dans un autre journal à portée nationale ;

La procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels. Le 3 juin 2014, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a rendu sa décision. Elle a estimé que dans ce cas, les autorités bosniennes avaient fait tout ce qui pouvait être raisonnablement attendu, compte tenu des circonstances particulières qui prévalaient dans le pays jusqu’en 2005 et du grand nombre de crimes de guerre en instance devant les tribunaux locaux. La Cour a noté qu’ « il est évident que tous les auteurs directes des nombreux crimes de guerres commis dans le contexte de la purification ethnique dans la région de Prijedor n’ont pas été punis ». Néanmoins, elle a apprécié le fait que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour d’Etat ont respectivement condamné 16 et 7 personnes dans le cadre des crimes commis dans cette région.

 

The General Context

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort pendant le conflit en BIH (1992-1995) et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Entre 10’000 et 13’000 personnes n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le cas d’Edin Mahmuljin s’est déroulé durant l’opération de purification ethnique menée par les forces serbes durant l’attaque armée de Prijedor et ses environs.

Jusqu’alors, personne n’a été poursuivi, condamné ou sanctionné pour cette privation arbitraire de liberté d’Edin Mahmuljin et sa disparition forcée qui a suivi, renforçant un climat d’impunité déjà tenace. A ce jour, la famille d’Edin Mahmuljin n’a toujours aucune information quant au sort qui lui a été réservé

 

En septembre 2008, TRIAL a saisi la Cour européenne des droits de l’homme de six affaires relatives à la disparition de huit hommes bosniaques lors du massacre du Mont Vlasic, agissant au nom de leurs proches.

Il s’agit de:

  • Edin Elezovic, 24 ans
  • Emir Elezovic, 22 ans
  • Fahrudin Mujkanovic, 29 ans
  • Serif Bajric, 50 ans
  • Zafir Bajric, 21 ans
  • Zijad Huskanovic, 26 ans
  • Fahrudin Elezovic, 45 ans
  • Asmir Memic, 28 ans.

Ces civils étaient détenus au camp de concentration de Trnopolje, situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Prijedor, au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine. Le 21 août 1992, plusieurs bus dépêchés par les autorités serbes arrivèrent au camp afin d’embarquer de nombreuses personnes en vue de les libérer en les transférant vers le territoire tenu par les forces bosniaques. En fin d’après-midi, le convoi s’arrêta un peu avant d’atteindre la ligne de démarcation entre la partie de Bosnie-Herzégovine contrôlée par les forces serbes et celle contrôlée par les Bosniaques. Environ 200 hommes furent alors extraits du convoi, placés dans deux bus, et dirigés vers le lieu dit de Koricanske Stijene, sur le Mont Vlasic. Le reste du convoi, avec femmes, enfants et vieillards, continua sa route vers sa destination initiale.

Les gardes et soldats serbes ordonnèrent aux 200 passagers de sortir des bus, et de s’agenouiller au bord d’une falaise. Les hommes furent ensuite fusillés. Leurs ravisseurs lancèrent également des grenades et tirèrent sur les hommes tombés au fond de la gorge. Une douzaine de personnes environ survécurent au massacre après avoir sauté, ou être tombées de la falaise.

Ce qu’il est advenu des nombreuses autres victimes, dont Edin et Emir Elezovic, Fahrudin Mujkanovic, Serif et Zafir Bajric, Zijad Huskanovic, Fahrudin Elezovic et Asmir Memic, est incertain. Leurs corps ont probablement été transportés dans différents charniers de Bosnie-Herzégovine suite au massacre, mais ils n’ont jamais été retrouvés. Plus de 16 ans après les faits, aucune enquête sérieuse n’a été menée par les autorités pour retrouver les corps ou d’éventuels survivants blessés.

Les familles des disparus ont conduit de nombreuses démarches afin d’obtenir des informations sur leurs proches, par le biais de la Commission fédérale des personnes disparues du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, et du Bureau de recherche des personnes disparues de la Republika Srpska, démarches qui se sont révélées vaines. La seule enquête ayant abouti a une condamnation pénale a été menée par le TPIY contre Darko Mrdja, condamné à 17 ans de prison.

Le 16 juillet 2007, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, saisie par plusieurs  familles de victimes, a ordonné aux différentes institutions nationales et locales de leur fournir des informations quant au sort de leurs proches. Ce jugement n’a abouti à aucun résultat.

Les auteurs des requêtes à la Cour européenne des droits de l’homme demandent à celle-ci de reconnaître que l’absence d’enquête effective par les autorités mène à une violation procédurale continue des articles 2 (droit à la vie) et 5 (droit à la liberté et à la sûreté) de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) sur les personnes disparues, ainsi qu’à une violation substantive continue des articles 3 et 8 CEDH pour les souffrances psychologiques que les proches des disparus endurent, ainsi que pour l’atteinte portée à leur vie familiale. Enfin, il est demandé que soit reconnue une violation de l’article 13 de la CEDH, en raison de l’absence de d’enquête et de recours effectif.

 

La procédure

Après une analyse préliminaire de la recevabilité de la requête, le 28 septembre 2012 a requête a été communiquée au gouvernement de la Bosnie-Herzegovine.

 

En janvier 2013, REDRESS et l’OMCT ont soumis à la CEDH un « amicus brief » à propos de ce cas afin d’éclaircir la nature du lien entre la disparition forcée et l’interdiction de la torture et autres mauvais traitements; ainsi que d’analyser la corrélation entre le caractère continu de la disparition forcée et le contenu du recours effectif et des réparations en faveur de la famille des disparus.

En janvier 2013, le Gouvernement de Bosnie-Herzégovine a présenté sa réponse, contestant la recevabilité et le fond de l’affaire. Le 25 mars 2013, TRIAL a plaidé, au nom des requérants, devant la Cour européenne des droits de l’homme, et contré les arguments avancés par l’Etat défendeur en mettant en évidence un certain nombre d’erreurs et de contradictions contenues dans le mémoire présenté par l’État à la Cour européenne. Celle-ci a transmis la réponse de TRIAL au gouvernement et lui a donné jusqu’au 13 mai 2013 pour soumettre des commentaires additionnels.

Le 3 juin 2014 la Cour européenne a rendu sa décision et a considéré que les autorités bosniennes ont, dans le cas d’espèce, pris toute mesure raisonnable compte tenu des circonstances spécifiques du pays jusqu’en 2005 et du large nombre de procédures pour crimes de guerre pendantes devant les juridictions nationales. L’exhumation des restes de quatre parmi les proches des plaignants a été considérée comme un résultat important ainsi que l’identification de dix auteurs directs de ces crimes par la cour nationale et la publication de deux mandats d’arrêt internationaux et la condamnation d’un auteur par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yugoslavie.

 

Le contexte général

Le massacre du Mont Vlasic s’est déroulé au début de la guerre de Bosnie-Herzégovine, dans le cadre d’une vague de nettoyage ethnique menée par les forces armées et la police de la Republika Srpska, suite à l’éclatement de la Yougoslavie.

Selon les estimations, le conflit aurait causé la mort de 100’000 à 200’000 personnes. Sur les 25’000 personnes portées disparus à la fin du conflit, environ la moitié a été retrouvée et identifiée dans différents charniers. Environ 13’000 personnes sont toujours portées disparues.

Une seule personne ait été condamnée et par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie suite au massacre de Koricanske Stijene. Les autorités bosniennes ont enfin annoncé en mai 2008 que quatre autres personnes devraient être poursuivies par les tribunaux locaux pour ce crime. A ce jour, les familles des victimes n’ont toujours pas reçu d’information sur le sort de leurs proches.