Le politicien et ancien chef militaire congolais Roger Lumbala refuse de comparaître à son procès à Paris

14.11.2025

Roger Lumbala, jugé en France pour complicité de crimes contre l’humanité commis en République démocratique du Congo, a contesté la légitimité et la compétence des juridictions françaises pour le juger, a congédié son équipe de défense, et a refusé de se présenter devant la cour.

Le procès de M. Lumbala, qui avait auparavant coopéré avec l’enquête, se poursuivra malgré son absence. La cour a désigné l’un de ses anciens avocats pour représenter ses intérêts. Néanmoins, ces derniers jours, le banc de la défense est demeuré vide : ni accusé, ni équipe de défense.

Le président de la cour a également annoncé que M. Lumbala a entamé une grève de la faim pour protester contre le procès. Combinées à son refus de coopérer, ces démarches semblent destinées à déstabiliser les survivants avant leur témoignage et à entraver un processus judiciaire qu’ils attendent depuis plus de vingt ans.

Les organisations impliquées dans la procédure – TRIAL International, la Clooney Foundation for Justice, Minority Rights Group, Justice Plus et PAP-RDC –  expriment leur préoccupation face à ces développements.

Lumbala est jugé en France au titre de la compétence universelle. Ce principe juridique impose aux États, lorsque les conditions sont réunies, d’enquêter et de poursuivre les crimes d’une telle gravité qu’ils constituent une atteinte à la communauté internationale dans son ensemble. La présence de M. Lumbala en France et la nature alléguée de ses crimes répondent à ces critères.

Si la justice trouve tout son sens lorsqu’elle est rendue localement, la compétence universelle comble un vide face à l’impunité persistante pour les crimes commis en RDC avant la dernière décennie.

À ce jour, aucun crime commis durant la Deuxième guerre du Congo (1998–2003) n’a été jugé en RDC, malgré plus d’un million de morts et une documentation exhaustive des exactions.

Le procès de M. Lumbala à Paris constitue ainsi un moment déterminant pour les efforts de responsabilisation et rappelle le rôle essentiel que joue la compétence universelle lorsqu’aucune autre voie de recours n’est ouverte aux survivants.