Kenya: le Comité des droits de l’homme demande des enquêtes sur le Mont Elgon

27.07.2012 ( Modifié le : 17.07.2017 )

Genève, 27 juillet 2012

TRIAL (Association suisse contre l’impunité) a participé à l’examen du troisième rapport périodique présenté par le Kenya devant le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies. L’association a exprimé ses inquiétudes au regard de l’impunité dont bénéficient les responsables de graves violations qui ont eu lieu en 2008 lors de l’opération Okoa Maisha au Mont Elgon. Dans ses observations finales sur le Kenya, le Comité a appelé à ce que des enquêtes sérieuses soient menées afin de poursuivre les auteurs de ces crimes et de réparer les dommages subis par les victimes.

Le 16 juillet 2012, TRIAL a participé à une réunion regroupant le Comité des droits de l’homme ainsi que des représentants d’ONGs locales et internationales en vue de l’examen du troisième rapport périodique concernant le Kenya. Durant celle-ci, TRIAL a fait état des graves violations (disparitions forcées, exécutions extrajudiciaires, torture) commises par les forces armées et policières durant l’opération Okoa Maisha en mars et avril 2008 dans le district de Mont Elgon. TRIAL a dénoncé le climat d’impunité totale qui perdure suite à ces crimes, tout en soulignant la situation de détresse dans laquelle se trouvent les familles des centaines de victimes qui n’ont, aujourd’hui encore, aucun moyen de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches, ni de recevoir une réparation pour les souffrances subies.

Les 17 et 18 juillet 2012, le Comité des droits de l’homme a examiné le rapport étatique en soulevant avec la délégation du gouvernement du Kenya ces inquiétudes au regard de la situation des droits humains au Mont Elgon.

Dans ses observations finales concernant le Kenya, qui viennent d’être adoptées, le Comité a exprimé ses préoccupations pour le fait que l’Etat partie n’a mené aucune enquête efficace sur les allégations rapportant que la police a fait un usage excessif de la force durant l’opération Okoa Maisha au Mont Elgon. Le Comité a ensuite demandé au Kenya de renforcer ses efforts afin de s’assurer que les officiers de police suspectés d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires et d’autres crimes fassent l’objet d’enquêtes approfondies, que les responsables soient portés devant la justice et qu’une réparation adéquate soit allouée aux victimes.

En juillet 2011 et en juin 2012, TRIAL et son partenaire, l’ONG locale Western Kenya Human Rights Watch (WKHRW), avaient soumis un rapport alternatif, et sa mise à jour, au Comité.

Contexte

Fin 2006, un groupe armé, les « Sabaot Land Defence Forces » (SLDF), a vu le jour pour résister aux tentatives de redistribution des terres par le gouvernement. Au fil du temps, les SDLF ont accru leur contrôle sur la région, déplaçant de force les populations indésirables et commettant nombre d’atrocités. La réponse du gouvernement, initialement terne, a pris une tournure plus marquée en mars 2008 par l’envoi d’une opération militaro-policière, appelée Okoa Maisha (“Sauver des Vies” en Swahili). La population locale, initialement soulagée par cette intervention, a cependant rapidement été aliénée par la pratique du gouvernement consistant à détenir tous les garçons et les hommes, torturant parfois certains jusqu’à la mort, afin d’identifier les membres du SLDF. Malgré de nombreux rapports d’ONG, l’Etat a fermement nié que de telles violations des droits humains avaient eu lieu. Plus de trois années après l’opération militaire, des centaines d’hommes et de garçons restent introuvables. Aucune enquête sur ces crimes n’a jamais été amorcée et les familles des victimes se voient refusées leur droit à la vérité, à la justice et des réparations. Les souffrances de ces familles reste totalement ignorées, celles-ci continuant à éprouver angoisse, frustration, détresse et incertitude.

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