Judicial Body : Conseil des droits de l'homme des Nations Unies (HRC)
La Commission d’enquête des Nations Unies a estimé que des crimes contre l’humanité ont été commis au Burundi depuis 2015. Alors que la tension est à son comble entre Bujumbura et la communauté internationale, deux experts juridiques analysent les différents scénarios possibles.
Comment s’est déroulé la présentation de la Commission d’enquête sur le Burundi ? Quelles ont été les réactions des Etats et des ONG ?
Me Lambert Nigarura, Président de la Coalition burundaise pour la CPI : A part quatre Etats, tous les pays et les organisations de la société civile ont salué le travail de la Commission, le courage et la détermination de ses membres.
Pamela Capizzi, Responsable du programme Burundi de TRIAL International : J’étais satisfaite que certains Etats déplorent le retrait du Burundi du Statut de Rome, l’appelant à revenir sur sa décision. La plupart ont aussi adhéré à la recommandation de la Commission d’enquête concernant la saisine de la CPI.
Justement, que pensez-vous de cette recommandation à la CPI d’ouvrir une enquête* ?
LN : Cette recommandation est très pertinente. C’est la preuve que les membres de la Commission d’enquête sont convaincus que des crimes qui relèvent de la compétence de la CPI ont été commis, c’est-à-dire les crimes les plus graves commis à grande échelle.il appartient aujourd’hui à la CPI qui a la compétence de qualifier les crimes commis de saisir la balle au bond.
PC : Je me réjouis moi aussi de cette recommandation, notamment car elle est le fruit d’une documentation méticuleuse ainsi que d’une analyse juridique rigoureuse de la Commission d’enquête.
Quels sont à présent les différents scenarios possibles ?
PC : Si la CPI ouvre une enquête avant le retrait du Burundi, le 27 octobre 2017, le gouvernement aurait l’obligation juridique de collaborer. Mais vu la défiance de Bujumbura ces derniers mois, l’écueil prévisible est qu’il n’en soit rien. L’autre scénario est que la CPI ouvre une enquête après le 27 octobre. Le Burundi n’aurait malheureusement plus l’obligation de collaborer, mais au moins une enquête serait en cours, envoyant un message fort et permettant d’établir la vérité.
LN : Si la CPI n’ouvrait pas d’enquête du tout, ce sera une grande déception pour les victimes et un dangereux précédent pour la justice internationale. Le Gouvernement du Burundi aurait réussi à défier la communauté internationale, les Nations Unies et tous les mécanismes judiciaires sans la moindre conséquence. Les Burundais, eux, se sentiraient trahis et abandonnés, alimentant le cercle vicieux de violences et de frustration qui contribue à l’instabilité politique.
PC : C’est absolument vrai : les victimes pourraient certes chercher justice par le biais d’autres mécanismes, mais le message principal resterait que les autorités du Burundi peuvent agir en toute impunité, sans avoir à répondre des crimes commis. D’autres pays pourraient alors s’immiscer dans la brèche.
Quelles sont les probabilités pour que la CPI ouvre une enquête à présent ?
PC : Le rapport de la Commission d’enquête est public, rigoureux et bien argumenté. Ses allégations que des crimes contre l’humanité ont été commis ne peuvent certainement pas laisser la CPI indifférente. Par contre, je tiens à préciser que l’ouverture d’une enquête par la CPI ne sera qu’un pas vers la lutte contre l’impunité au Burundi. Cette seule action ne pourra pas éradiquer le problème. J’espère donc que l’ouverture d’une enquête par la CPI n’arrêtera pas le processus de recherche de solutions durables contre l’impunité.
Le gouvernement burundais a récemment appelé les Etats africains à « faire corps contre la CPI » Me Lambert, quel est selon vous le sentiment dominant en Afrique ?
LN : Il faut comprendre que cet appel n’a pas eu d’écho. Il est vrai que les pays africains n’ont pas confiance en la CPI, mais peu envisagent réellement de se soustraire à sa juridiction. La société civile, dont je fais partie, est consciente que les Africains, qui sont les premières victimes de ces crimes, n’ont pas souvent accès à une justice indépendante. La CPI reste la seule juridiction au monde capable de leur garantir ce droit.
* La Cour pénale internationale a ouvert en 2016 un examen préliminaire qui pourrait déboucher sur une enquête. En savoir plus
Aux représentants permanents des États membres et des Observateurs permanents du Conseil des droits de l’homme de l’ONU : Renouveler le mandat de la Commission d’enquête sur le Burundi et établir la responsabilité des crimes graves commis.
Excellences,
Nous, les organisations de la société civile soussignées, vous écrivons pour vous demander de soutenir une résolution renouvelant le mandat de la Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi (la Commission), et d’appeler le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (le Conseil) à explorer pendant sa 36ème session toutes les options pour assurer la responsabilité des crimes documentés par la Commission y compris, conformément à sa recommandation, l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale (CPI), dont le Bureau du Procureur a annoncé l’ouverture d’un examen préliminaire le 25 avril 2016. En outre, nous sollicitons le Conseil de demander la suspension du Burundi du Conseil ou, au minimum, de demander explicitement à l’Assemblée générale d’examiner la question conformément à l’OP8 de la résolution 60/251 de l’Assemblée générale.
La Commission a confirmé la persistance des violations graves des droits de l’homme depuis avril 2015, y compris les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants, les disparitions forcées et les violences sexuelles perpétrés principalement par le Service national des renseignements (SNR), les membres des Imbonerakure, la ligue de jeunes affiliée au parti au pouvoir, la police et l’armée. La Commission a confirmé qu’elle avait des motifs raisonnables de croire que plusieurs des violations documentées constituent des crimes contre l’humanité.
Depuis le début de la crise, les organisations de défense des droits de l’homme et les médias indépendants du Burundi, autrefois dynamiques et s’exprimant haut et fort, ont été décimés et forcés à l’exil. La Commission a exprimé ses préoccupations au sujet des discours de haine prononcés par les autorités burundaises et les membres du parti au pouvoir visant à intimider et parfois déshumaniser leurs adversaires. Bien qu’ils ne constituent pas une incitation directe et publique à commettre un génocide, ils contribuent à «instaurer un climat de haine dangereux et à terroriser la population, et pourraient raviver des tensions ethniques». Les violations ont continué sans relâche et en toute impunité.
La Commission d’enquête sur le Burundi a été créée par la résolution 33/24 du Conseil, adoptée le 30 septembre 2016, afin de mener une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme commises depuis avril 2015 au Burundi, d’identifier les auteurs présumés et de fournir des recommandations pour garantir que les auteurs soient tenus responsables. Le gouvernement du Burundi a refusé de coopérer avec la Commission et a suspendu sa coopération avec le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans le pays. Compte tenu du refus persistant du Burundi de coopérer avec le Conseil et des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme qui se produisent dans le pays, nous invitons les membres du Conseil à prendre des mesures visant à suspendre le Burundi du Conseil.
La CPI a analysé les actes de tuerie, d’emprisonnement, de torture, de viol et autres formes de violence sexuelle, ainsi que les cas de disparitions forcées qui auraient été commis depuis avril 2015 au Burundi. Peu de temps après la création de la Commission, l’Assemblée nationale et le Sénat du Burundi ont rapidement approuvé un projet de loi le 12 octobre 2016 pour se retirer de la CPI et le 27 octobre 2016, le Secrétaire général de l’ONU a reçu notification officielle du retrait du Burundi du Statut de Rome. Le retrait prendra effet le 27 octobre 2017, mais n’affecte pas son obligation de coopérer pleinement avec la CPI sur les enquêtes et procédures pénales engagées avant la date à laquelle le retrait prendra effet.
Le gouvernement du Burundi a failli à sa responsabilité de garantir que les auteurs de crimes brutaux soient tenus responsables et en se retirant de la CPI, il tente de priver de justice les victimes. Compte tenu de la gravité des violations des droits de l’homme au Burundi, nous vous exhortons à soutenir une résolution au cours de la 36ème session qui renouvelle le mandat de la Commission d’enquête, appelle à de nouvelles mesures pour assurer la justice pour les victimes et engage une action visant à la suspension du Burundi en tant que membre du Conseil.
Cordialement,
- Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture – Burundi (ACAT-Burundi)
- Assistance Mission for Africa
- Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues (APRODH)
- Association for Human Rights in Ethiopia (AHRE)
- Centre for Civil and Political Rights (CCPR)
- CIVICUS
- Coalition Burundaise pour la Cour Pénale Internationale (CB-CPI)
- Community Empowerment for Progress Organisation South Sudan (CEPO)
- DefendDefenders (the East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project)
- Eritrean Law Society (ELS)
- Eritrean Movement for Democracy and Human Rights (EMDHR)
- Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE)
- Forum pour le Renforcement de la Société Civile au Burundi (FORSC)
- Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
- Human Rights Concern – Eritrea (HRCE)
- Human Rights Institute of South Africa (HURISA)
- Human Rights Watch (HRW)
- Information Forum for Eritrea (IFE)
- International Commission of Jurists (ICJ)
- International Federation for Human Rights (FIDH)
- International Federation of Action by Christians for the Abolition of Torture (FIACAT)
- International Service for Human Rights (ISHR)
- International Youth for Africa
- Ligue Iteka
- Mouvement des Femmes et des Filles pour la Paix et la Sécurité (MFFPS)
- National Coalition of Human Rights Defenders – Kenya
- National Coalition of Human Rights Defenders – Uganda
- Pan Africa Human Rights Defenders Network
- Réseau des Citoyens Probes (RCP)
- SOS-Torture
- Tanzania Human Rights Defenders Coalition (THRDC)
- The Ecumenical Network for Central Africa (ÖNZ)
- TRIAL International
- Union Burundaise des Journalistes (UBJ)
- World Organisation Against Torture (OMCT)
En Juillet 2015, TRIAL et 13 associations locales qui travaillent avec les femmes victimes de violence sexuelle pendant la guerre, les familles des personnes disparues et les victimes de torture, ont présenté un rapport au Conseil des Droits de l’Homme pour informer le Comité des Droits de l’Homme des violations en cours subies par ces catégories et des obstacles qui subsistent à la mise en œuvre du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques. Le Comité des Droits de l’Homme adoptera sa liste des points à traiter en Novembre 2015 et examinera la Bosnie-Herzégovine dans les mois suivants.
TRIAL et 19 associations présentent leurs recommandations dans le cadre de l’Examen Périodique Universel du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Les toutes premières affaires concernant le Burundi ont été soumises au Comité des Nations unies contre la torture par TRIAL. Déjà sept victimes de torture et de détention arbitraire ont pu, grâce au soutien de TRIAL, porter leur affaire devant les Nations unies afin d’obtenir justice. Au Burundi, TRIAL travaille également au renforcement des capacités de la société civile en organisant des formations à l’attention des avocats et représentants des ONG.
Malgré la fin de la guerre civile au Burundi, aujourd’hui encore de graves violations des droits de l’homme, tels que la torture et les exécutions extrajudiciaires, sont régulièrement documentées dans le pays et l’accès à la justice demeure difficile pour les victimes.
L’impunité observée pour les crimes les plus graves est le signe que le système judiciaire doit encore être renforcé.
Les victimes parlent: « Pendant des heures, ils me frappent violemment sur tout le corps avec différents objets. Les coups de tuyaux concentrés dans le bas du dos semblent couper en deux mon corps couvert de sang. J’ai saisi le Comité contre la torture dans l’espoir d’obtenir justice. Je veux également me faire le porte-parole des autres victimes de torture afin de mettre fin à ce fléau et lutter contre l’impunité » Quant à la formation, un avocat prend position: « La formation dispensée par TRIAL aux avocats et défenseurs des droits humains burundais a été une occasion des plus rares d’être formés, informés, et plus particulièrement de s’exercer substantiellement sur la lutte contre la torture. A l’issue de cette précieuse formation, je reste pertinemment convaincu que TRIAL aura essentiellement contribué à construire des compétences nationales à même de doter le Burundi d’un nouvel élan dans la lutte contre les violations des droits humains en général et la torture en particulier ».
A la demande d’une organisation non-gouvernenementale burundaise, TRIAL a initié en 2011 un projet au Burundi visant tout d’abord à permettre aux victimes de torture et autres crimes de faire valoir leurs droits et d’obtenir réparation pour les souffrances subies. Pour ce faire, TRIAL offre un accompagnement juridique gratuit aux victimes de violations des droits de l’homme qui n’ont pu voir leur cause examinée de manière effective par les tribunaux nationaux, en soumettant des plaintes en leur nom au Comité des Nations unies contre la torture (CAT), au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA) et à d’autres mécanismes internationaux de protection des droits de l’homme. Dans le cadre de son projet au Burundi, TRIAL représente déjà sept victimes devant ces organes, six victimes de torture devant le CAT et une de détention arbitraire devant le GTDA. Avec le soutien de TRIAL, d’autres victimes déposeront prochainement des plaintes afin d’obtenir justice par le biais de ces organes.
Par ailleurs, TRIAL travaille au renforcement des capacités de la société civile burundaise, avocats et ONG, en organisant des formations sur le droit international des droits de l’homme et sur la soumission de plaintes aux mécanismes internationaux de protection des droits de l’homme.
Ce faisant, le projet de TRIAL vise à renforcer l’Etat de droit au Burundi et notamment son système judiciaire en identifiant les problématiques récurrentes et en travaillant à un respect effectif du droit international des droits de l’homme par le Burundi. Dans le cadre de l’examen de la situation au Burundi par des mécanismes internationaux de protection des droits de l’homme, tel que le Conseil des droits de l’homme, TRIAL formule des recommandations concrètes visant en particulier le renforcement du système judiciaire et une amélioration du cadre légal et institutionnel nécessaire à la lutte contre l’impunité.
Plus d’informations dans les médias:
En décembre 2012, TRIAL a préparé des recommandations en vue de l’examen par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies de la situation des droits de l’homme au Burundi en janvier 2013 dans le cadre de l’Examen périodique universel.
A la veille de l’examen périodique universel de la Libye par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, TRIAL (Track Impunity Always) a soumis ce jour deux nouveaux cas de disparitions forcées au Comité des droits de l’homme des Nations unies. L’organisation appelle le Conseil des droits de l’homme à mettre la question de l’impunité des auteurs de violations des droits de l’homme en Libye à l’ordre du jour.
Les cas d’Izzat Yousef Al-Maqrif et Jaballa Hamed Matar
M. Izzat Yousef Al-Maqrif et M. Jaballa Hamed Matar étaient tous deux des figures importantes de l’opposition au régime du Colonel Kadhafi. Exilés en Egypte jusqu’en 1990, ils y ont été arrêtés par les autorités égyptiennes avant d’être transférés à la Libye. Depuis lors, ils sont portés disparus.
Izzat Al-Maqrif a fait partie de l’armée Libyenne jusqu’en 1973, date à laquelle il a été accusé d’avoir pris part à une tentative de renversement du gouvernement Kadhafi. Après avoir été emprisonné durant presque un an, il a été relâché et congédié de l’armée. Izzat Al-Maqrif et sa famille ont fuit le pays en 1981, s’établissant au Caire dès 1984. A cette époque, Izzat Al-Maqrif était l’un des membres du Comité exécutif du Front National pour le Salut de la Libye (FNSL).
Jaballa Matar a été arrêté et détenu pendant six mois en 1970. Il a travaillé quelques années pour le gouvernement, avant de démissionner en raison d’un désaccord politique. Homme d’affaires entre 1973 et 1978, il a décidé de fuir le pays l’année suivante, ne s’y sentant plus en sécurité, et de rejoindre sa famille en au Caire, où ils ont passé les onze années suivantes. Comme Izzat Al-Maqrif, Jaballa Matar était lui aussi membre du Comité exécutif du Front National pour le Salut de la Libye. Durant ces années, il a été l’auteur de nombreux articles appelant à l’instauration de démocratie, de l’état de droit et de la justice en Libye.
Arrestation en Egypte et disparition forcée en Libye
Izzat Yousef Al-Maqrif et Jaballa Hamed Matar ont été interrogés au Caire les 4 et 5 mars 1990 par des agents du Bureau de sécurité et d’investigation égyptien, et leurs passeports ont été confisqués.
Le 12 mars 1990, les autorités égyptiennes les ont à nouveau interpelés. Ils ont alors été remis à des agents libyens puis transférés immédiatement en avion vers la Libye. Leurs proches ne les ont jamais revus.
Malgré le fait que la Libye a constamment nié avoir arrêté et détenu ces deux figures de l’opposition, Izzat Yousef Al-Maqrif et Jaballa Hamed Matar sont parvenus à acheminer clandestinement des lettres manuscrites depuis la prison d’Abu Salim en Libye. Leurs proches n’ont plus obtenu de nouvelles directes d’eux depuis environ 1995. Toutefois, une information leur est parvenue laissant entendre que l’un des deux hommes était encore en vie en 2002.
Pour Philip Grant, directeur de TRIAL, «les preuves disponibles démontrent clairement que les deux victimes ont été ramenées en Libye et secrètement détenues pendant des années. De tels actes s’inscrivent dans une pratique connue d’enlèvements et d’assassinats des leaders de l’opposition par l’Etat libyen». Les disparitions forcées constituent d’ailleurs des crimes réprimés par le droit international. «Les familles des victimes ont aujourd’hui le droit de connaître la vérité sur ce qui leur est advenu», a ajouté Philip Grant.
Examen périodique universel
Le 9 novembre 2010, la Libye sera soumise à l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. A cette occasion, TRIAL appelle les membres du Conseil à insister sur l’obligation de la Libye d’enquêter sur les cas de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et de torture, et de juger les responsables de tels actes.
Contexte
Depuis le coup d’Etat qui a mené le Colonel Kadhafi au pouvoir en 1969, plusieurs groupes d’opposition à son régime ont été créés à l’étranger. L’un des groupes d’opposition les plus importants était le FNSL, qui s’est opposé au pouvoir de la dictature militaire en Libye, exigeant un retour à un gouvernement démocratique, à des garanties constitutionnelles, à des élections et une presse libres et à la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Les disparitions forcées d’Izzat Al-Maqrif et de Jaballa Matar, deux membres haut placés d’un groupe d’opposition opérant depuis l’étranger, s’inscrivent dans un contexte de répression implacable mise en place par le gouvernement libyen contre de tels groupes.
A propos de TRIAL
TRIAL est une ONG basée à Genève, active dans le domaine de la justice internationale et qui jouit du statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies. TRIAL a soumis près de 60 cas de disparitions forcées, d’exécutions extrajudiciaires et de torture auprès de différents instances des droits de l’homme, notamment la Cour européenne des droits de l’homme et le Comité des droits de l’homme de l’ONU. TRIAL n’est en aucune manière affiliée à une organisation, à un groupe ou un parti s’occupant de politique en Libye, et n’a en particulier aucun lien avec le FNSL. La seule motivation de l’ONG consiste dans le respect des droits de l’Homme et la lutte contre l’impunité.
Pour plus d’information
- Les affaires de TRIAL en Libye
- Comité des droits de l’homme des Nations unies
Questions & Réponses
Les deux victimes sont-elles toujours en vie?
- Personne ne sait si elles sont encore vivantes. En 1996, près de 1’200 prisonniers ont été massacrés au sein de la prison d’Abou Salim, là où les deux hommes étaient alors détenus. Il est impossible de savoir s’ils figurent parmi les personnes ayant trouvé la mort. Cependant, un ancien détenu a fait savoir que l’un des deux hommes a été vu en vie en 2002.
Pourquoi les deux cas n’ont ils pas été portés aussi contre l’Egypte?
- L’Egypte a ratifié la Pacte international sur les droits civils et politique en 1982 mais n’a pas ratifié le Protocole facultatif à ce Pacte, qui offre aux individus la possibilité de soumettre leur cas au Comité des droits de l’homme. Nonobstant, l’Egypte est tenue de respecter les droits garantis par le Pacte, ce qui n’a clairement pas été le cas dans cette affaire. Les victimes ne disposant pas de la possibilité de soumettre leur plainte devant le Comité des droits de l’homme contre l’Egypte, seule la Libye est partie à la procédure.
Que peut on attendre de la part du Comité des droits de l’homme?
- TRIAL attend du Comité qu’il déclare la Libye responsable de la disparition d’Izzat Al-Maqrif et de Jaballa Matar et par conséquent de la violation de nombreuses dispositions du Pacte. Si telle est sa conclusion, le Comité pourra également requérir de la Libye qu’elle prenne les mesures nécessaires afin qu’une enquête soit menée concernant ces deux cas et que les auteurs de ces crimes soient jugés, fasse la lumière sur le sort des victimes et l’endroit où elles se trouvent et enfin offre des mesures de réparation à leurs familles.
D’autres cas mettant en cause la Libye ont-ils déjà été soumis au Comité des droits de l’homme?
- Quatre cas ont précédemment été soumis contre la Libye par TRIAL en collaboration avec Al Karama for Human Rights devant le Comité des droits de l’homme. Ils concernent des actes de détentions arbitraires, de mort sous la torture, de disparitions forcées et d’autres violations graves de droits de l’Homme. Ces dossiers sont actuellement en cours de traitement par le Comité.
- Par ailleurs, dans huit affaires déjà tranchées par le Comité, la Libye a été reconnu coupable de violations des droits garantis par le Pacte (aucune de ces affaires n’avaient été soumises par TRIAL).
Quelle est la différence entre le Conseil des droits de l’homme et le Comité des droits de l’homme?
- Le Conseil des droits de l’homme est l’organe politique intergouvernemental en charge des questions relatives aux droits de l’homme au sein du système onusien. Son rôle principal est de s’occuper des situations de violations de droits de l’homme et d’émettre notamment des recommandations.
- Le Comité des droits de l’homme est un organe composé d’experts indépendants qui supervisent l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques par les Etats parties. Il exerce de multiples fonctions et a notamment la compétence d’examiner les plaintes individuelles concernant des allégations de violations des droits garantis par le Pacte par les Etats parties à celui-ci (lorsque ces Etats ont ratifié le Protocole additionnel).
Le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires s’est rendu en Bosnie-Herzégovine du 14 au 21 juin afin d’y rencontrer le gouvernement, diverses instances nationales et locales, plusieurs institutions internationales, des organisations de défense des droits de l’homme et des associations de victimes.
TRIAL, qui est à l’origine d’une allégation générale sur la Bosnie-Herzégovine qui a poussé le Groupe de travail à solliciter cette visite, a été longuement entendue par le Groupe de travail lundi 14 juin.
Lejla Mamut, représentante du Centre d’action juridique (CAJ) à Sarajevo, Gabriella Citroni, conseillère juridique, et Philip Grant, directeur du CAJ, ont rencontré les membres du Groupe de travail pour expliquer en détail les problèmes juridiques et pratiques rencontrés par les proches de victimes de disparitions forcées, quel que soit leur appartenance ethnique. Manque d’information sur les enquêtes et les recherches, absence de poursuites contre les criminels, système de réparations défaillant: près de 15 ans après la fin de la guerre, de nombreuses victimes attendent toujours que les corps de leurs proches et que justice leur soient rendus.
Le CAJ a également préparé ses associations partenaires en vue de leur propre audition par le Groupe de travail.
Ce dernier rendra un rapport circonstancié sur sa visite, ainsi que des recommandations au gouvernement bosniaque d’ici la fin de l’année. Le rapport sera ensuite discuté au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en mars 2011. Le CAJ suivra de près les développements à venir et interviendra auprès des autorités nationales et locales pour que les recommandations du Groupe de travail soient effectivement mises en oeuvre.
Pour plus d’information
- communiqué de presse du Groupe de travail du 21 juin 2010 (anglais)
- allégations du CAJ de juin 2009
- site international en bosniaque du CAJ
- les affaires du CAJ concernant la Bosnie-Herzégovine