Procès Lumbala à Paris – Semaine 1
(12-14 novembre)
LE PROCÈS COMMENCE
Le premier jour a été consacré aux aspects procéduraux : un jury a été sélectionné et le président de la Cour a présenté un aperçu de l’acte d’accusation, exposant le contexte, les allégations, les conclusions de l’enquête et la base juridique des charges. La Cour a également détaillé les démarches effectuées en RDC pour organiser les auditions des témoins, notamment les mesures de protection et la logistique des visioconférences.
Un avocat congolais, Tshibangu Kalala, a demandé à rejoindre l’équipe de défense de Lumbala sans avoir accompli les formalités requises ; la Cour a donc rejeté sa demande.
La défense a contesté la compétence de la Cour, soutenant qu’une demande d’extradition apparente de la RDC devait empêcher la tenue du procès et que l’implication des ONG en tant que parties civiles créait un déséquilibre dans la procédure.
Le prévenu a pris la parole et a déclaré qu’il ne souhaitait plus comparaître et a récusé tous ses avocats. La Cour a désigné l’un de ses avocats pour le représenter et veillera à ce que Lumbala soit informé quotidiennement du déroulement des débats ; il peut réintégrer les audiences à tout moment.
Le deuxième jour, ni Lumbala ni son avocat ne se sont présentés à l’audience. La première experte, Brigid Inder (Conseillère spéciale auprès du Procureur de la CPI pour les questions de genre), a témoigné des schémas de crimes fondés sur le genre durant le conflit et a indiqué que la documentation produite par l’ONG congolaise Justice Plus, également partie civile, était cohérente avec ce qu’elle avait observé dans le cadre de ses propres enquêtes.
La Cour a ensuite entendu une enquêtrice de personnalité, qui a expliqué qu’en l’absence de participation de la famille de Lumbala, son évaluation reposait entièrement sur les déclarations du prévenu. En l’absence de Lumbala, le président a complété son témoignage par la lecture de documents et d’auditions issus du dossier. Le ministère public a également versé des pièces supplémentaires concernant les affiliations politiques de Lumbala et leur évolution dans le temps.
Le président a rejeté la demande de certains avocats des parties civiles d’entendre des membres de la famille de Lumbala à titre de témoins de personnalité, relevant leur réticence antérieure à coopérer ainsi que les contraintes du calendrier judiciaire.
Le troisième jour, Lumbala et son avocat étaient de nouveau absents. Lumbala a adressé un document au président déclarant avoir entamé une grève de la faim et de la soif en signe de protestation, car il rejette la compétence du tribunal français.
Le président a procédé à la lecture de plusieurs documents du dossier afin d’établir le contexte historique, politique et militaire. Un chercheur français, Thierry Vircoulon, a également été entendu comme témoin de contexte ; il a présenté un aperçu du conflit, de la configuration des groupes armés de l’époque et du rôle et de la position du RCD-N.
Enfin, la Cour a poursuivi la lecture de certains documents du dossier, notamment des rapports, des accords et des résolutions du Conseil de sécurité.
Lisez la déclaration des ONG sur l’absence de Lumbala et sa grève de la faim.







