Torturé dans un lieu public et détenu pendant 3 ans

03.06.2016 ( Modifié le : 20.02.2017 )

André (pseudonyme) était un gradé dans l’armée nationale. Un soir, il faisait du jogging avec ses amis quand des coups de feu ont retenti. Des hommes armés, certains en civil et d’autres en uniformes de policier, ont fait irruption et ont demandé à tous de quitter les lieux. Ne sachant pas comment réagir, André et ses amis sont restés.

Dans les minutes qui ont suivi, André a été ligoté, fouillé, roué de coup, insulté, menacé avec des armes. Son portable et ses documents d’identité lui ont été retirés. Ses amis subissaient les mêmes sévices aux mains d’autres hommes armés.

Un témoin raconte : « (…) il y avait des personnes allongées par terre dans la boue. Il s’agissait d’une dizaine de personnes qu’on n’arrêtait pas de piétiner dans le dos et qu’on (insultait) (…) Malgré qu’il faisait déjà nuit, je pouvais voir de la boue sur tout leur corps et même sur leur tête signe qu’ils avaient été trainés dans la boue. »

Ils ont été entassés dans une fourgonnette. Aucun d’eux ne savait pourquoi ils étaient emmenés ni où ils allaient. Pendant le voyage, André a failli perdre connaissance à plusieurs reprises, tant la douleur des coups était vive.

 

Maintenu en détention arbitraire pendant trois ans

Des heures plus tard, André a été emmené dans une petite pièce pour y être interrogé. Il était si faible qu’il ne pouvait pas marcher et a dû être soutenu par ses geôliers.

Ceux-ci lui ont posé des questions sur un complot contre le gouvernement, auquel il aurait supposément participé. André a eu beau nier son implication, les questions sont devenues de plus en plus insistantes jusqu’à devenir des menaces.

Ayant lui-même subi des tortures et témoin des tortures subies par ses amis, la victime a préféré signer une fausse déclaration. Malgré cela, il a été maintenu en détention dans des conditions inhumaines : enfermé dans une cellule de deux mètres carrés sans fenêtre, contraint de dormir à même le sol et nourri uniquement avec des aliments pourris.

Ce n’est que trois ans plus tard que André a été libéré. Il souffre aujourd’hui encore des séquelles physiques et psychologiques liées à cet épisode : désordres post-traumatiques, crises d’angoisse, troubles du sommeil, etc.

 

Procédure

A sa sortie de prison, il a tenté d’obtenir justice par tous les moyens. Malgré sa persévérance et l’intervention d’organisations de défense des droits humains en sa faveur, rien n’a été fait.

En 2013, TRIAL International a assisté André dans son dépôt de plainte auprès des Nations Unies. Après examen du dossier, celles-ci ont reconnu la responsabilité de l’Etat burundais dans l’affaire et lui ont demandé de verser réparations à la victime.

Des années plus tard, André souffre encore d’une grande détresse économique et sécuritaire. Dans l’impossibilité de réintégrer l’armée, il a traversé de longues périodes de chômage. La santé de l’auteur reste préoccupante. Il n’a cependant pas les moyens financiers de se faire soigner.

Sa santé laisse encore à désirer et il est régulièrement en proie à épisodes de stress : « Je suis soulagé que les Nations Unies aient reconnu les torts que j’ai subi, même si rien n’effacera jamais la douleur. Dans le contexte instable du Burundi, je vis encore aujourd’hui dans la crainte que mes bourreaux ne me retrouvent. »

 

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