Burundi : les disparitions forcées, un crime contre l’humanité ?

16.10.2017 ( Modifié le : 22.02.2019 )

TRIAL International et le FOCODE s’unissent pour dénoncer, dans un rapport à l’intention du Groupe de travail sur les disparitions forcées des Nations unies (GTDFI), l’étendue et la récurrence de ces crimes commis en toute impunité au Burundi.

 

Une situation invivable pour les habitants

 Le climat de tension et d’insécurité qui règne au Burundi est tel que le simple fait d’habiter dans des zones actives de l’opposition et « anti-troisième mandat* », telle que certains quartiers de Bujumbura, donne lieu à des « arrestations » qui prennent souvent des allures de kidnapping.

Le glaive du parti au pouvoir semble tomber sur quiconque osera le défier : de nombreux cas de disparitions forcées concernent des activistes (réels ou présumés), des opposants politiques ou des membres des anciennes Forces armées burundaises (ex-FAB). Sans parler des journalistes et défenseurs des droits humains, systématiquement opprimés depuis 2015.

 

Des crimes contre l’humanité ?

Dans leur rapport, TRIAL International et le FOCODE démontrent que ces disparitions forcées sont commises sur l’ensemble du territoire, et suivent le même schéma. Des violations « généralisées », « systématiques » et lancées « contre toute population civile », qui pourraient donc équivaloir à des crimes contre l’humanité.

« On discerne des méthodes et des typologies de victimes communes dans les cas de disparition forcée au Burundi » relate Me Janvier Bigirimana, Secrétaire général du FOCODE. « De plus, la complaisance des autorités donne carte blanche aux auteurs de ces crimes. »

Le rapport souligne que ces exactions sont majoritairement commises par des agents de l’Etat, et par les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir**.

 

Vers une enquête de la CPI ?

 La reconnaissance par le GTDFI de l’existence d’une pratique de disparitions forcées constituant des crimes contre l’humanité pourrait l’amener à solliciter la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête. Le mois dernier, la Commission d’enquête sur le Burundi des Nations unies a également émis des recommandations dans ce sens.

De même, l’absence totale de poursuite satisferait le critère de complémentarité nécessaire à l’ouverture d’une enquête par la CPI.

« De plus en plus d’acteurs appellent à l’ouverture d’une enquête au Burundi. A quelques semaines du retrait du pays du Statut de Rome, nous espérons que notre rapport apportera sa pierre à l’édifice » conclut Pamela Capizzi, responsable du programme Burundi à TRIAL International. « Les victimes ont placé leurs espoirs dans la communauté internationale : nous nous devons de ne pas les décevoir. »

 

* La contestation contre l’actuel président Pierre Nkurunziza est née alors qu’il entamait un troisième mandat, interdit par la Constitution burundaise.
**Qualifiés de « milice » dans un rapport publié par l’ONU, ces jeunes se seraient imposés comme « le principal outil de répression du pouvoir ».

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