Justice au Katanga : une entreprise titanesque mais nécessaire

14.09.2017

Après des résultats encourageants au Sud-Kivu, TRIAL International et ses partenaires ont tourné leur attention vers une nouvelle zone de non-droit : la province du Katanga, où les ethnies s’affrontent au détriment de la population civile.

 

Un op-ed de Daniele Perissi

Ces derniers mois, la région du Katanga a fait les gros titres. En effet, la résurgence d’un conflit entre Bantu et Pygmées a mis la région à feu et à sang… dans l’impunité la plus totale.

Pour répondre à cette crise, la MONUSCO (la mission des Nations Unies en RDC) a déployé ses activités de maintien de la paix dans la région. Elle a également fait appel à ses partenaires, dont TRIAL International, pour l’assister dans le renforcement de l’état de droit.

 

Une première expérience mitigée

TRIAL International est intervenue au Katanga pour la première fois en 2016 dans le cadre d’un procès pour génocide. Plus précisément, elle a aidé les avocats des victimes à récolter les preuves pour prouver l’existence de crimes internationaux.

Malgré un verdict en demi-teinte, cette affaire a créé un précédent national. Pour la première fois, une juridiction civile (et non militaire) a jugé des crimes de masse. Plus important encore : le procès a contribué à un accord de non-agression entre Pygmées et Bantu en février 2017.

L’accord est aujourd’hui caduc et les deux camps ont repris les armes. Mais cela prouve que construction de la paix et lutte contre l’impunité avancent main dans la main.

 

En matière de justice, tout est à construire

Les acteurs nationaux et internationaux qui partagent ce constat viennent de former une coalition comparable à la Task Force implantée au Sud-Kivu, et aux objectifs similaires : renforcer le pouvoir judiciaire pour prévenir des atrocités futures.

La tâche est titanesque. Le Katanga fait dix fois la taille de la Suisse et ne comptent qu’une poignée de tribunaux. Des zones entières sont hors d’atteinte de la justice, et même des forces de l’ordre. En matière de lutte contre l’impunité, tout est à construire.

Pour initier un changement, il nous faudra former les avocats et les magistrats, renforcer les capacités d’enquête du parquet, et informer les victimes de leurs droits. La première étape de ce processus a été de former, en mai dernier, une vingtaine d’avocats. Une deuxième session est prévue à la fin de l’année.

Le chemin sera long et TRIAL aura besoin de tous ses partenaires, locaux et internationaux. Mais à la clé, la plus belle des récompenses : des victimes debout, confiante en la justice et prêtes à lutter pour leurs droits.

Daniele Perissi, Responsable du programme RDC
@DPerissi

 

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