Le referendum burundais a eu lieu entre terreur et répression

16.05.2018 ( Modifié le : 29.05.2018 )

Les violences et la répression ont été en hausse, assombrissant le résultat du référendum.

Le 17 mai 2018, les citoyens burundais ont voté en faveur d’une réforme constitutionnelle. Le président actuel, Pierre Nkurunziza, est désormais en droit de candidater pour deux nouveaux mandats de sept ans – lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

 

Le vote non surveillé donne un résultat sans surprise

Il y avait peu de doute sur le résultat du référendum. Toute voix dissidente, des défenseurs des droits humains aux médias, a été progressivement muselé et réduite au silence à l’approche du 17 mai. La répression a culminé lors de la suspension de la BBC et de Voice of america. Aucun observateur international n’a été déployé dans le pays pour surveiller le vote.

« Le Burundi s’est de plus en plus isolé ces dernières années » a dit Pamela Capizzi, responsable du programme Burundi de TRIAL International. « La répression par les autorités n’a pas été une surprise, mais il reste extrêmement inquiétant que des abus de masse puissent être perpétrés sans entraves et sans surveillance ».

 

Une « campagne de terreur »

Depuis l’adoption du projet de révision de la constitution burundaise, les organisations internationales et locales des droits de l’homme ont dénoncé une véritable « campagne de terreur » du gouvernement pour contraindre la population à voter en faveur de la modification constitutionnelle.

En effet, une vague de violence a pu être observée : la liste des victimes d’assassinats, de disparitions forcées, de cas de torture et d’arrestations arbitraires ne cesse de s’allonger.

 

Une crise qui perdure

Malgré la fin de la guerre civile en 2006 qui avait tué plus de 300’000 citoyens, de graves violations des droits de l’homme sont toujours recensées. Le Burundi avait en effet été le théâtre d’une crise durant la période électorale de 2010.

La constitution burundaise n’autorisant au président de cumuler que deux mandats, la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième en 2015 avait engendré une nouvelle crise accompagnée de violences et répressions majeures. Fin 2016, le Burundi devenait le premier pays à quitter la CPI.

 

L’impunité comme point commun

La crise actuelle au Burundi résonne avec les crises de ses pays voisins, notamment la République démocratique du Congo (RDC). Dans les deux pays, les présidents actuels souhaitent se maintenir au pouvoir à tout prix.

« La crise politique perdure aussi en RDC, explique Daniele Perissi, responsable du programme RDC, l’impunité reste répandue et un changement en profondeur doit s’opérer à tous les niveaux pour permettre un retour au calme. » 

Entre l’est de la RDC en proie à une insécurité grandissante liée au contexte électoral et la crise politique au Burundi, de chaque côté de la frontière, la population civile est la première victime des violences.

 

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