Burundi : les violences pré-crise ne doivent pas tomber dans l’oubli

03.03.2017 ( Modifié le : 10.03.2017 )

En 2014, un coup de filet sur des opposants politiques laissait deviner la répression qui règne aujourd’hui dans le pays. 3 ans après, ils attendent toujours justice.

Depuis avril 2015, l’attention de la communauté internationale est tournée vers le Burundi et l’escalade de violence dont le pays a été le théâtre. De nombreuses violations des droits humains ont été commises dans un climat d’impunité totale.

Mais cette situation ne tombe pas du ciel. L’impunité au Burundi est un problème de longue date, qui trouve sa source dans les dysfonctionnements du système judiciaire. Celui-ci est soumis à de fortes ingérences du pouvoir exécutif. En conséquence, les agents de l’Etat qui commettent des crimes ne sont pas inquiétés par la perspective de devoir répondre de leurs actes. De leur côté, les victimes perdent confiance dans le système et craignent légitimement des représailles en cas de plainte.

« Les abus d’avant 2015 ont institué le climat délétère qui a conduit à la crise actuelle », explique Pamela Capizzi, Conseillère juridique en charge du projet Burundi.

 

Un épisode qui présageait la crise de 2015

Un épisode illustre bien l’absence de liberté d’opinion et les méthodes d’intimidation du gouvernement.

Il y a trois ans, le 8 mars 2014, les membres du parti d’opposition Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) ont été victimes d’une véritable rafle. Accusés par les autorités d’avoir organisé une « manifestation non autorisée » ou de « préparer une insurrection », plusieurs dizaines de membres ont été passés à tabac, et arrêtés illégalement. Certains sont encore en prison à ce jour, victimes d’une justice politisée à la solde du gouvernement.

Ces violations sont restées largement impunies. Même quand les victimes ont porté plainte, elles n’ont pas obtenu de réparation et les responsables n’ont pas été inquiétés.

C’est pour cela que TRIAL défend aussi bien ces victimes que celles de la crise de 2015 : « Pour être cohérente, l’action de TRIAL ne peut pas se concentrer sur les violations les plus récentes uniquement : toute victime a le droit d’accéder à la justice. », conclut Pamela Capizzi.

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