Procès Nzovu : le FDLR face à la justice

02.03.2017 ( Modifié le : 14.03.2017 )

Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) sont tristement connues pour les atrocités qu’elles infligent aux populations civiles dans l’est de la RDC, et pour l’impunité dont leurs membres ont jusqu’à présent trop souvent profité. Ceci est en train de changer : deux d’entre eux viennent d’être reconnus coupables du massacre de Nzovu.

 

Qui sont les FDLR ?

Milice hétérogène composée de plusieurs milliers de combattants, les FDLR se sont illustrées dans de nombreux massacres dans l’Est de la RDC. Leurs exactions incluent des violences sexuelles, le recrutement d’enfants soldats, l’extorsion d’impôts locaux et le pillage de ressources naturelles.

Du fait de leur mobilité et de leur action dans les régions les plus reculées du pays, ils jouissent d’une impunité notoire. Très peu de leurs membres ont à ce jour été traduits en justice.

 

Nombreuses exactions

La récente condamnation de deux d’entre eux pour les crimes commis à Nzovu change désormais la donne et représente une avancée significative contre l’impunité en RDC.

Ces deux membres des FLDR ont en effet participé entre décembre 2011 et janvier 2012 à plusieurs attaques contre des villages du territoire de Shabunda, dont celui de Nzovu. Ces incursions ont coûté la vie à environ quarante civils, principalement des femmes et des enfants. Une cinquantaine d’autres victimes ont été gravement blessées.

 

Condamnations pour crimes de guerre

Le 24 février 2017, Jean Bosco Sinzababanza et Victor Dufitimana ont ainsi été condamnés à la prison à vie pour crimes de guerre, notamment pour meurtre, violences sexuelles et appropriation de biens.

Ce verdict a conclu deux semaines de procès en audience foraine, dans lequel plus d’une centaine de victimes ont été représentées par un collectif d’avocats coordonné par TRIAL International.

« Nous sommes satisfaits de l’issue de ce procès » explique Daniele Perissi, responsable du programme RDC de TRIAL. « L’ampleur des crimes et la situation sécuritaire volatile ont rendu la tâche ardue, mais les victimes ont pu bénéficier des mesures de protection nécessaires et faire entendre leur voix. »

 

Les victimes seront-elles indemnisées ?

Les nombreuses victimes représentées se sont vues octroyer des réparations allant de 5’000 $ à 25’000 $, selon le préjudice encouru. La Cour a ordonné que les condamnés paient eux-mêmes les victimes.

Malheureusement, cela signifie que celles-ci ne verront peut-être jamais leurs indemnités versées. En effet, les coupables n’auront sans doute pas les moyens de verser toutes les compensations.

« L’Etat congolais aurait dû être condamné comme civilement responsable pour les crimes commis à Nzovu, car il a manqué à son obligation de protection de la population civile », poursuit Daniele Perissi. « Ainsi, il aurait été solidaire dans le paiement des indemnités et les victimes auraient pu bénéficier de leur dû. »

 

 

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