Justice pour les victimes du régime Kadhafi

19.05.2014 ( Modifié le : 12.07.2017 )

Genève, Londres, le 19 mai 2014 – Les Nations Unies ont adopté une décision historique condamnant la Libye pour la disparition forcée de deux influents opposants politiques au régime du Colonel Kadhafi. L’ONG TRIAL avait déposé plainte dans les affaires Jaballa Hamed Matar et Izzat Yousef Al-Magrif au nom des fils des disparus. Hisham Matar, Youcif Almegaryaf, et TRIAL, accueillent favorablement cette décision tant attendue. Ils appellent l’Etat libyen à tourner la page de ce sombre chapitre de violations des droits humains et à agir pour élucider le sort de leurs pères et des milliers d’autres personnes disparues.

En novembre 2010, l’ONG suisse TRIAL (Track Impunity Always) a déposé deux plaintes auprès du Comité des droits de l’homme des Nations Unies (CDH) au nom de Hisham Matar et Youcif Almegaryaf, fils de Izzat Yousef Al-Magrif et Jaballa Hamed Matar, deux influents opposants politiques au régime du Colonel Kadhafi.

Le CDH a rendu une décision conjointe (en anglais) dans ces deux affaires et conclut que la Libye a violé plusieurs dispositions du Pacte international sur les droits civils et politiques.

En particulier celles protégeant le droit à la vie, à la liberté et la sécurité de sa personne, le droit de pas subir de traitement inhumain et dégradant, ainsi que celles prohibant la torture.

Cette décision ne permet pas d’élucider le sort de ces deux leaders politiques, mais elle apporte aux familles des disparus une reconnaissance importante face 24 années de lutte acharnée qu’elles ont mené pour que justice soit faite.

La Libye a 180 jours pour agir et informer l’ONU des mesures prises pour appliquer cette décision. Les familles des victimes suivent attentivement ce processus.

 » Un organisme international a pour la 1ère fois reconnu ce que nous affirmons depuis 24 ans, à savoir que le régime Kadhafi est responsable de l’enlèvement, l’emprisonnement et la disparition de mon père. Toute ma famille se réjouit de la décision du CDH et est très reconnaissante du travail, du professionnalisme et de la persévérance démontrée par TRIAL. Il est désormais impératif que les nouvelles autorités libyennes mènent une enquête approfondie sur le sort de Jaballa Hamed Matar et Izzat Youssef Al-Maqri « , réclame Hisham Matar.

Depuis la révolution de 2011, les autorités libyennes ont exprimé leur intention de coopérer avec les organes de défense des droits humains de l’ONU, mais nous, victimes de violations des droits de humains, avons besoin de plus que des paroles. La Libye doit se conformer à ses obligations au regard du droit international et s’assurer que ces violations ne se reproduisent jamais plus « , rappelle Youcif Almegaryaf.

TRIAL appelle la Libye à rapidement mettre en œuvre la décision du Comité.

 » La Libye doit sans plus attendre faire toute la lumière sur le sort des deux victimes, interpeller et sanctionner les responsables de ces crimes, et dédommager les proches de M. Al-Magrif et M. Matar. « , déclare Philip Grant, directeur de l’ONG.

Contexte

Jaballa Hamed Matar et Izzat Yousef Al-Maqrif

Les disparitions forcées de Jaballa Hamed Matar et Izzat Yousef Al-Maqrif, deux membres influents d’un parti d’opposition basé à l’étranger, s’inscrivent précisément dans le contexte des répressions menées par le gouvernement libyen contre les membres de ces groupes.

Les deux hommes vivaient en exil en Egypte depuis le milieu des années 80 quand ils ont été arrêtés, en mars 1990, par les forces de sécurité égyptiennes avant d’être remis aux autorités libyennes et exfiltrés vers la Libye. Ni Jaballa Hamed Matar ni Izzat Yousef Al-Maqrif n’ont été entendus par un juge ni inculpés.

Leurs familles ne les ont jamais revus depuis. Malgré toutes les preuves existantes, la Libye n’a cessé de nier avoir arrêté et secrètement emprisonné Jaballa Hamed Matar et Izzat Yousef Al-Maqrif.

Les deux opposants sont pourtant parvenus, jusqu’en 1995, à faire sortir de la prison de Abu Salim des lettres destinées à leurs familles. Aucune enquête n’a été menée jusqu’à la récente décision du CDH et la Libye n’a toujours pas reconnu sa participation dans ces disparitions forcées.

Faute d’avoir pu obtenir des informations sur le sort de leurs pères et de pouvoir entreprendre une action pénale contre l’Etat libyen, Hisham Matar et Youcif Almegaryaf se sont tournés vers TRIAL en 2010 qui s’est dès lors saisie du dossier et a soumis deux plaintes individuelles aux CDH.

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