Jour 4 du procès Sonko: Examen des accusations de Mars 2006

11.01.2024 ( Modifié le : 22.12.2025 )
(actes de torture, séquestration et violences sexuelles commis en tant que crimes contre l’humanité)

Dans le cadre d’une tentative de coup d’État en mars 2006, Ousman Sonko est accusé, en tant que complice d’un groupe d’auteurs, d’avoir torturé diverses personnes, dont des membres de l’armée, des politiciens et des journalistes, de les avoir illégalement privées de liberté, ainsi que d’avoir commis un viol à Banjul (Gambie).

Le premier plaignant appelé à la barre est un citoyen gambien qui a commencé sa carrière au sein de la police gambienne avant d’être intégré dans l’armée nationale. En mars 2006, son supérieur militaire – Ndure Cham – a été accusé par le gouvernement gambien d’avoir fomenté un coup d’Etat. Le plaignant a été arrêté dans le cadre de l’enquête liée à cette affaire.

Ousman Sonko a contesté toutes les accusations portées contre lui en relation avec ce plaignant.

Ce dernier a été appelé à faire sa déposition et a rappelé qu’il avait été arrêté le 21 mars 2006. Au cours de sa première nuit d’incarcération, il a été conduit de la prison Mile 2 aux locaux de la National Intelligence Agency (NIA). Là, des membres de l’armée, des prétendus Junglers, et de la NIA ainsi que, notamment, Ousman Sonko, de même que l’ancien chef adjoint de l’état-major de la défense et le chef de l’unité des crimes graves de la police étaient en train de mettre en place un groupe d’enquête.

Le plaignant a également expliqué que la nuit de son arrestation, il a été violemment interrogé sur sa participation présumée au coup d’État. Il a ensuite été emmené à plusieurs reprises à la NIA et soumis à des actes de torture. Il a également été menacé de mort, y compris avec des armes. À plusieurs reprises, il a été contraint de signer des déclarations contre son gré. Il souffre encore de graves séquelles physiques et mentales des actes de torture qu’il a subis.

Il a rappelé que les membres du panel – y compris Ousman Sonko – savaient très bien que des personnes étaient torturées dans le cadre de cette enquête. Les accusés ont même vu les blessures du plaignant.

Le plaignant n’a été présenté à un juge que plusieurs mois après son arrestation et a été condamné – avec d’autres personnes – à de très longues peines de prison. Il a passé neuf ans en prison dans des conditions difficiles.

En ce qui concerne le contexte gambien de l’époque, il explique que le pays était soumis à une dictature extrême. Des personnes étaient arrêtées et emprisonnées sans être traduites en justice. D’autres disparaissaient. Les gens vivaient dans une peur constante.

Poursuite de l’examen des accusations de mars 2006

(actes de torture, de séquestration et de violence sexuelle commis en tant que crimes contre l’humanité)

Dans le cadre d’une tentative de coup d’État en mars 2006, Ousman Sonko est accusé, en tant que complice d’un groupe d’auteurs, d’avoir torturé diverses personnes, dont des membres de l’armée, des politicien·ne·s et des journalistes, de les avoir illégalement privées de liberté, ainsi que d’avoir commis un viol à Banjul (Gambie).

Pour des raisons liées à la dignité de la plaignante, l’identité ne sera pas divulguée, de même que les détails de la déclaration du plaignant.

Ousman Sonko a contesté toutes les accusations, sur les événements de 2006, portées contre lui en relation avec cette deuxième plaignante.

Cette dernière a expliqué dans sa déclaration qu’elle a été arrêtée le 24 mars 2006 et détenue, puis conduite dans les locaux de la National Intelligence Agency (NIA). Elle s’est retrouvée dans une pièce où étaient assises de nombreuses personnes, dont Ousman Sonko et l’ancien vice-directeur de la NIA. Elle a été interrogée sur la tentative de coup d’État qui aurait eu lieu. Pendant sa présence à la NIA, elle a été soumise à une violence intense, violée, humiliée et torturée. À la suite de ces événements, elle a été mise en prison.

Elle a été détenue plusieurs semaines avant d’être ramenée – avec d’autres personnes – au NIA où elle a vu Ousman Sonko. Ce n’est qu’ensuite qu’elle a été libérée.

En octobre de la même année, elle est de nouveau arrêtée à son domicile et remise en prison, où elle reste à l’isolement avant d’être de nouveau conduite à la NIA. Elle y est interrogée sur l’implication d’autres personnes dans le coup d’État. Finalement, elle a été libérée.

La plaignante a souligné les conséquences physiques et mentales que ces actes ont pu avoir sur elle depuis lors.

Elle a rappelé à la Cour suisse que le système judiciaire gambien était complice du gouvernement et que les juges répondaient aux ordres du président.

À suivre : Les audiences se poursuivent sur les tortures infligées aux putschistes présumés en mars 2006. Lisez le compte rendu du cinquième jour.