Jour 3 du procès Sonko: Examen des accusations du début des années 2000

10.01.2024 ( Modifié le : 22.12.2025 )

 

©TRIAL International – Plusieurs des plaignant·e·s dans l’affaire Ousman Sonko au début du procès devant l’entrée du tribunal.

 

Ousman Sonko est accusé, entre autres, d’avoir participé à l’assassinat d’Almamo Manneh, ancien membre de la State Guards, en janvier 2000 et d’avoir agressé sexuellement sa veuve entre les années 2000 et 2002 ainsi que de l’avoir torturée, violée et séquestrée en 2005.

L’accusé a expliqué qu’il était lié par un secret professionnel qui l’empêchait de parler des faits d’Almamo Manneh et a contesté toutes les accusations de viol, affirmant qu’il n’était pas dans le pays au moment des faits.

La Cour a ensuite procédé à l’audition de la veuve d’Almamo Manneh. Son avocat a demandé à ce qu’Ousman Sonko soit placé dans une pièce séparée, afin que la plaignante ne soit pas directement confrontée à lui lors de son interrogatoire. Compte tenu de la nature sensible des discussions, c’est la juge qui a mené l’interrogatoire.

Interrogée par la Cour, la plaignante a confirmé toutes les déclarations qu’elle a faites devant le procureur fédéral en 2019 (pendant la phase d’enquête). Elle a également déclaré qu’elle n’avait pas connaissance du prétendu coup d’État que son mari était soupçonné d’avoir fomenté contre l’ancien président. Au cours de la nuit du meurtre, son défunt mari a reçu un appel téléphonique et a quitté leur maison. Elle ne l’a jamais revu.

La plaignante a expliqué que le défendeur l’avait gravement maltraitée à plusieurs reprises entre janvier 2000 et avril 2002, ainsi qu’en 2005. Elle a également rappelé qu’à partir du milieu des années 1990, tout Gambien qui s’opposait au gouvernement vivait un véritable enfer. Après son témoignage devant la TRRC, elle a été contactée par des femmes qui avaient également été victimes d’agressions sexuelles. Un grand nombre d’entre elles avaient peur de dénoncer les agressions et lorsqu’elles le faisaient, elles n’étaient pas crues.

L’avocat de la défense a refusé de faire usage de son droit de poser des questions supplémentaires au plaignant en ce qui concerne les allégations de viol et de torture. De retour dans la salle d’audience, l’accusé a expliqué qu’il ne connaissait pas les raisons pour lesquelles Almamo Manneh aurait planifié un coup d’État, ni la réaction du président Jammeh à la mort de Manneh. Cependant, il a répété qu’il était lié par le secret professionnel et qu’il ne pouvait pas faire d’autres commentaires. Confronté au fait que la TRRC l’a jugé responsable du meurtre d’Almamo Manneh, il a répondu qu’il n’avait pas vu son nom dans les volumes A et B du compendium de la TRRC.

Ousman Sonko a ensuite été confronté à une série d’articles de journaux gambiens publiés après l’assassinat de Manneh, faisant notamment référence à un « communiqué officiel sur une tentative de coup d’État » émanant du ministère de l’intérieur. L’accusé a déclaré qu’il ne connaissait pas le contenu de ce soi-disant communiqué. Selon lui, ces articles sur le coup d’État étaient en fait la preuve que la presse gambienne était libre.

Il a expliqué qu’il s’était rendu en Sierra Leone pour une mission de l’ONU enetre le 6 janvier 2001 et les 21 et 22 janvier 2002 et qu’il n’était revenu qu’une seule fois en Gambie au cours de cette période pour faire une pause. La Cour a informé les parties qu’une demande d’entraide judiciaire avait été adressée à l’ONU pour confirmer les pauses prises par l’accusé et qu’elle attendait une réponse.

À suivre : Audiences sur les tortures infligées aux putschistes présumés en mars 2006. Lisez le compte rendu du quatrième jour.