Libéria : L’élection de M. Weah insuffle un nouvel espoir aux victimes de guerres

22.01.2018 ( Modifié le : 23.01.2018 )

M. George Weah a été élu Président de la République du Libéria le 26 décembre 2017. C’est la première fois, depuis la fin de la deuxième guerre civile en 2003, que le peuple a pu voter librement et sans la surveillance des casques bleus des Nations Unies.

Dans une lettre ouverte, 19 organisations de défense des droits humains demandent au Président Weah de saisir ce moment historique pour enquêter sur les crimes commis pendant la guerre et mettre fin à l’impunité dont jouissent les criminels de guerre.

La première et la seconde guerre civile au Libéria ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et en ont déplacé bien davantage. Des crimes graves comprenant la torture, l’esclavage sexuel et des massacres tristement célèbres ont eu lieu durant ces sombres périodes. Or, aucun agresseur n’a encore été poursuivi dans le pays. Aujourd’hui, M. George Weah a l’opportunité d’ouvrir la voie à la justice au Libéria.

 

Cher Président Weah,

Votre élection et la passation pacifique du pouvoir au Libéria est un moment historique pour votre nation. Pendant la campagne, vous avez soutenu n’avoir jamais été impliqué dans les guerres civiles du Liberia. Nous vous prions de tirer parti de cette opportunité ainsi que du climat de bonne volonté que vous avez généré pour enfin rendre justice aux innombrables victimes du conflit armé qu’a traversé le Libéria durant quatorze ans.

Les organisations de défense des droits de l’homme soussignées encouragent votre administration à remplir les obligations relatives au Libéria d’enquêter et de poursuivre les atrocités commises en temps de guerre. La création de La Commission Vérité et Réconciliation du Libéria (CVR) est un premier pas important. La poursuite de l’ancien dirigeant du mouvement de Libération Unie du Libéria pour la Démocratie (ULIMO), Mohammed Jabbateh, condamné par un tribunal américain pour des crimes d’immigration qu’il aurait commis en temps de guerre, montre qu’une justice pour les victimes de la guerre civile est effectivement possible. Cette année pourrait également voir les procès de l’ancien ministre de la Défense du Front patriotique national du Libéria (NPFL) de Charles Taylor : Tom Woewiyu, aux États-Unis; celui de Martina Johnson, dirigeante du NPFL en Belgique; du commandant de l’ULIMO, Alieu Kosiah en Suisse; et d’Agnes Reeves Taylor au Royaume-Uni.

Vous avez aujourd’hui l’occasion d’assurer la justice pour ceux qui ont souffert des plus graves crimes causés par la première et la seconde guerre civile. Ces crimes, qui incluent des exécutions sommaires, la torture, le viol, l’esclavage sexuel, l’utilisation et le recrutement d’enfants soldats, sans oublier toutes les atrocités de masse commises, telles que les massacres au Carter Camp et à l’église luthérienne St. Peter, où des centaines de civils innocents ont été tués en une seule nuit, ne peuvent rester impunis. Malgré les obligations légales du Libéria en vertu du droit international humanitaire d’enquêter et de poursuivre les auteurs de violations graves, et la recommandation de la CVR de faire comme tel, le Libéria n’a pas encore tenu une seule personne responsable pour ces crimes.

Nous vous exhortons de faire de la responsabilité une priorité au sein de votre administration et d’assurer la protection des défenseurs des droits humains libériens, en particulier ceux qui travaillent sur des initiatives de responsabilité. En traitant le problème de l’impunité au Libéria et en tenant les auteurs de l’ère de la guerre civile responsables pour leurs crimes, vous êtes en mesure d’offrir au peuple du Libéria – celui qui vous a placé en fonction – la justice qu’il mérite.

 

Cordialement,

The Advocates for Human Rights
The Africa Center for International Law and Accountability
Africa Legal Aid (AFLA)
Amnesty International
Canadian Centre for International Justice
Centre for Accountability and Rule of Law
Center for Justice and Accountability
Civitas Maxima
EG Justice
FOCUS Liberia
The Global Justice and Research Project (GJRP)
Human Rights Center, University of California, Berkeley School of Law
Human Rights Watch
Justice and Peace Commission, Catholic Diocese of Gbarnga
Liberia Massacre Survivors Association
REDRESS
Rescue Alternatives Liberia (RAL)
The Southern African Centre for the Constructive Resolution of Disputes (SACCORD)
TRIAL International

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