Migrants massacrés par les « Junglers » : deux victimes identifiées

25.06.2018

Gambie : Suite au rapport publié par TRIAL International et Human Rights Watch (HRW), des familles de victimes se sont manifestées. Les noms de deux Togolais, Yawovi Agbogbo et Kossi Odeyi, sont désormais connus.

 

Deux Togolais ont récemment été identifiés parmi la cinquantaine de migrants ouest-africains massacrés en 2005 par une unité paramilitaire contrôlée par l’ancien président gambien Yahya Jammeh, ont révélé aujourd’hui Human Rights Watch et TRIAL International. Les familles de victimes ont appelé le gouvernement togolais à soutenir les efforts entrepris au Ghana pour mener des enquêtes et engager des poursuites relatives à cette affaire.

En juillet 2005, les deux ressortissants togolais – Yawovi Agbogbo et Kossi Odeyi – avaient quitté le Sénégal à bord d’un canot motorisé aux côtés de dizaines de Ghanéens ainsi que des Nigérians, des Sénégalais, des Ivoiriens et un Gambien, dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Trois jours plus tard, Agbogbo a appelé sa famille pour signaler que l’embarcation était bloquée au large de la Gambie, mais n’a plus donné signe de vie après cet appel.

« Nous pensons que Yawovi Agbogbo et Kossi Odeyi ont été assassinés – tout comme de nombreux Ghanéens – par un escadron de la mort sous les ordres du président Yahya Jammeh », a déclaré Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch. « Le gouvernement togolais devrait soutenir les efforts du Ghana visant à traduire les meurtriers en justice. »

Un rapport publié le 16 mai 2018 par Human Rights Watch et TRIAL International, révélait que les migrants avaient été tués après avoir été détenus par des proches de l’ex-président Yahya Jammeh au sein de l’armée, de la marine et de la police. Certaines victimes ont été découpées à la machette ou à la hache, d’autres abattues. Les deux organisations ont basé leur rapport sur des entretiens menés avec 30 anciens responsables de la sécurité gambienne, dont onze officiers directement impliqués dans cet incident.

 

LES FAMILLES DE VICTIMES SORTENT DE L’OMBRE

A la suite du rapport de TRIAL International et Human Rights Watch, plusieurs familles de victimes ont donné de la voix. « Nous demandons justice pour notre frère et une réparation qui puisse permettre de soutenir l’éducation de ses deux orphelins », a déclaré Anani Aduro, le frère de Kossi Odeyi. La famille de la seconde victime togolaise, Yawovi Agbogbo, s’est pour sa part manifestée après avoir écouté des informations sur le rapport sur les ondes de RFI.

« Yawovi m’avait informé qu’il allait partir en bateau pour l’Europe. Trois jours après cette conversation, il m’a appelé, de la Gambie, pour me dire qu’on les avait arrêtés en Gambie et qu’ils étaient au commissariat, mais il n’a pas donné de nom précis. Il a utilisé le portable d’un gambien pour m’appeler », a témoigné, Nestor Womeno, un des frères de Yawovi Agbogbo. Depuis, Nestor n’a plus jamais eu de nouvelle de son frère. Il apprendra plus tard qu’il a été tué, sans en connaître les circonstances jusqu’à la publication du rapport.

 

LA COALITION S’AGRANDIT

Les deux familles togolaises ont joint leurs voix à l’appel lancé au Ghana par Martin Kyere, le seul survivant de la tuerie, des familles de victimes et plusieurs organisations de défense des droits humains. Cette coalition a demandé aux autorités ghanéennes de mener des enquêtes et de faire extrader Yahya Jammeh pour le juger au Ghana. En réponse, le ministre ghanéen de l’Information Dr Mustapha Abdul-Hamid a annoncé le 28 mai que les ministères de la Justice et des Affaires étrangères étudiaient la requête des victimes ghanéennes ainsi que les implications juridiques et diplomatiques d’une telle procédure. Les familles des deux victimes togolaises ont appelé leur gouvernement à soutenir les efforts entrepris par le Ghana pour enquêter sur ce crime.

Pour Bénédict De Moerloose, responsable du département Droit pénal et enquêtes au sein de TRIAL International, « le Togo, qui a perdu deux de ses citoyens dans le massacre, a un vrai rôle à jouer dans cette affaire. Il va pouvoir soutenir le Ghana dans sa volonté de faire la vérité sur ces crimes. Le Togo pourra ainsi participer à un effort de justice d’une importance capitale. »

 

 

Pour voir les photos de Yawovi Agbogbo and Kossi Odeyi

Pour plus d’informations sur la Campagne pour traduire Yahya Jammeh et ses complices en justice

Pour plus d’informations sur notre précédent communiqué de presse

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