TRIAL International devant le Conseil de sécurité de l’ONU

05.11.2019 ( Modifié le : 07.01.2020 )

Le 5 novembre 2019, TRIAL International a eu l’occasion de s’adresser au Conseil de sécurité à propos de la situation en Bosnie-Herzégovine. Un privilège rare pour une organisation issue de la société civile. Par la voix de sa responsable de programme à Sarajevo, l’organisation a brossé un portrait nuancé des avancées de la justice en faveur des victimes de la guerre dans le pays.

Rares sont les organisations de la société civile qui ont accès à cette tribune. ©Manuel Elias

« Où en est la Bosnie-Herzégovine aujourd’hui, comment fait-elle face à son passé », a demandé Selma Korjenić, responsable du programme Bosnie-Herzégovine de TRIAL International en introduction de son discours. « Pour un touriste de passage, la Bosnie-Herzégovine est un pays d’une grande beauté naturelle, dotée d’un riche patrimoine culturel. […] Mais nous sommes aussi un pays où certaines des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale ont eu lieu. Nous sommes un pays dans lequel la vie quotidienne est profondément affectée par la guerre qui a pris fin il y a 24 ans. Nous sommes un pays qui porte toujours le fardeau de son passé. »

Par ces mots, TRIAL International entendait donner sa vision de la situation que connaît la Bosnie-Herzégovine en matière de justice et de réconciliation. L’invitation du Conseil de Sécurité est une reconnaissance du travail de longue haleine mené sur le terrain aux côtés des survivants. Forte d’une présence de plus de 12 ans aux côtés des victimes de la guerre, l’organisation est aux premières loges pour constater les améliorations, mais aussi les défis que le pays doit encore relever.

 

Le négationnisme s’invite dans la sphère publique

La Bosnie-Herzégovine connaît comme tant d’autres pays une montée des discours nationalistes. Ainsi, l’organisation s’est dite préoccupée par la négation des crimes de guerre ou de génocide dans la sphère publique, fréquente lorsque les victimes de ces crimes appartenaient au « camp adverse » pendant la guerre.

Des lieux publics sont également nommés d’après des criminels de guerre, des portraits de certains d’entre eux sont brandis lors de manifestations ou de rassemblements politiques, d’autres sont glorifiés dans des manuels scolaires. Certains retrouvent même des fonctions officielles, comme ce criminel de guerre condamné et pourtant élu maire d’une localité de l’ouest de la Bosnie-Herzégovine. Les autorités quant à elles ne semblent pas pressées de mettre un terme à ce négationnisme. Ce qui fait constater à Selma Korjenić : « Trois générations ont gouté le poison de la haine. Mais presque rien n’est entrepris pour que la suivante ne fasse pas de même. »

TRIAL International a profité de cette tribune pour demander que les Nations Unies exigent le respect des décisions de justice, qu’elles soient nationales ou internationales, qu’elles veillent à ce que le déni des crimes de la guerre soit banni et à ce que les réparations accordées aux victimes ne restent pas des paroles en l’air. Mais elle a aussi adressé un message d’espoir sur la capacité de la société civile bosnienne à jeter des ponts sur les fossés que la guerre a creusés.

 

 

Lisez le discours complet de Selma Korjenić devant le Conseil de sécurité (en anglais)

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