Assembler les expertises pour lutter contre les violences sexuelles

20.06.2018 ( Modifié le : 21.06.2018 )

Consciente de la nécessité d’une bonne collaboration, TRIAL International s’associe avec des actrices et acteurs de la société civile pour mettre sur pied une boîte à outils destinée à renforcer la lutte contre l’impunité des violences sexuelles.

 
 

Le 19 juin dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, TRIAL International a réuni des représentant.e.s d’une trentaine d’organisations actives dans la lutte contre l’impunité des violences sexuelles. Cette rencontre marque le début d’un processus qui aboutira à la création d’une boîte à outils. En quoi consistera-t-elle, à qui est-elle destinée ? Eléments de réponse avec le directeur de TRIAL International, Philip Grant.

 

Quelle est l’idée derrière la création de cette boîte à outils ?

 

Philip Grant : TRIAL International s’est rendu compte dans les procès auxquels elle participe en Bosnie-Herzégovine, en République démocratique du Congo (RDC) ou ailleurs, que la société civile pouvait jouer un rôle important. Par exemple dans l’accompagnement des victimes, pour pousser les autorités à ouvrir des enquêtes, pour renforcer la capacité des avocats, parfois pour documenter les crimes et retrouver les suspects, ou encore pour intégrer la question des réparations dues dans le cadre des procès à venir.

 

Ces compétences très larges, aucune organisation ne les maitrise à elle seule. Il est donc primordial de pouvoir collaborer, échanger, mettre en place des stratégies de manière coordonnée pour renforcer l’efficacité des procédures en cours, ou en faire ouvrir de nouvelles. Il y en a déjà tellement peu que l’on ne peut pas se permettre de ne pas être efficace ou de commettre des erreurs.

 

Concrètement, que contiendra-t-elle ?

 

P. G. : Beaucoup de choses ! Il ne s’agit évidemment pas d’une boîte à outils au sens physique, mais d’une collection d’applications technologiques, de techniques ou de bonnes pratiques permettant d’augmenter l’efficacité des acteurs qui y auraient recours. Comment documenter les crimes commis et sauvegarder les preuves de manière sécurisée ? La boîte à outils répond à ce besoin. Les avocats qui défendront les victimes ont-ils besoin d’un appui, de formation ? Lesquels ? La boîte à outils y répondra.

 

A terme, peut-être pourra-t-elle répondre à des besoins comme la mise à disposition de kits d’analyse d’ADN pour confondre les coupables, d’une technique pour retrouver la trace d’un suspect identifié qui aurait trouvé refuge à l’étranger ou encore d’un annuaire permettant de trouver des médecins légistes prêt à donner bénévolement de leur temps.

 

Les violences sexuelles en conflit sont très largement répandues. Pensez-vous sincèrement que cette initiative peut avoir un impact ?

 

P. G. : Nous partons du principe que le changement ne va venir qu’une affaire, qu’un procès à la fois. En augmentant nos compétences et notre efficacité, ces procès vont devenir de plus en plus nombreux. Prenez la RDC ces douze derniers mois. Le travail de TRIAL International, en lien avec d’autres acteurs, a permis la condamnation de cinq militaires ou membres de groupes armés. Ces décisions ont un impact concret pour les victimes de violences sexuelles en RDC : parce que certaines ont obtenu justice, d’autres regagnent peu à peu espoir. Nous avons plusieurs autres procès à l’horizon. Si la boîte à outils permet à terme de répliquer ce type de succès dans un, cinq ou dix contextes différents, alors oui, cette initiative sera une grande réussite.

 

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