Gambie: l’ancien président lié au meurtre de 59 migrants

12.03.2021 ( Modifié le : 15.07.2021 )

La session de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations sur le massacre de 59 migrants originaires de huit pays d’Afrique de l’Ouest s’est achevée le 11 mars 2021 en Gambie. Les témoignages qui se sont succédés ces dernières semaines ont révélé de nouveaux éléments, mais aussi confirmé des informations existantes, renforçant encore les liens entre l’ancien président Yahya Jammeh et ces meurtres. Human Rights Watch et TRIAL International soutiennent le processus visant à garantir que l’ancien président – en exil en Guinée équatoriale depuis son départ de la Gambie en janvier 2017 – soit amené à répondre de ses actes.

De nombreux témoignages mettent en cause l’ancien chef de l’État dans le massacre qui a couté la vie aux migrants ouest-africains. © Audrey Oettli / TRIAL International

Du 24 février au 11 mars, les témoins se sont succédés devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) gambienne. Selon eux, les migrants qui se rendaient en Europe, en provenance du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Liberia, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo, ainsi que leur contact gambien, ont été détenus par les hauts responsables des services de sécurité de Jammeh avant d’être pour la plupart assassinés par les « Junglers », une unité tristement célèbre, placée sous les orders directs de Jammeh.

«Des sources bien renseignées ont impliqué Yahya Jammeh dans le meurtre de citoyens de neuf pays d’Afrique de l’Ouest», a déclaré Reed Brody, conseiller à Human Rights Watch. «Tous ces pays devraient soutenir une enquête pénale et, le cas échéant, la poursuite de Jammeh et d’autres responsables du massacre des migrants et d’autres crimes graves commis par son gouvernement.»

 

LE COURS DES ÉVÉNEMENTS SE PRÉCISE

Au cours de leur enquête de 2018, TRIAL International et Human Rights Watch ont rassemblé un grand nombre d’informations sur le massacre. Ces informations n’avaient jusqu’alors jamais été exposées publiquement ou racontées « en une seule fois ».

Le nombre exact de migrants tués n’est toujours pas connu. Gibril Ngorr Secka, ancien directeur des opérations de l’Agence nationale de renseignement (NIA), a présenté à la TRRC une liste de 51 personnes établie par dans un poste de police. Outre ces noms qui forment la première liste officielle de disparus, le groupe comprenait également d’autres migrants, dont huit Nigérians qui auraient été arrêtés et tués.

 

DES ENQUÊTES AU POINT MORT

Les témoignages recueillis par la TRRC décrivent également les efforts persistants déployés pour dissimuler le crime, en particulier en amont de la mission d’enquête menée en 2008 par les Nations unies et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lorsque le gouvernement a nommé une « task force » comprenant plusieurs ministres pour traiter avec les enquêteurs.

Voir l’infographie illustrant les tentatives d’enquête sur le massacre

Ces témoignages corroborent les conclusions d’un rapport publié en 2018 par Human Rights Watch et TRIAL International, basé sur des entretiens avec 30 anciens responsables gambiens. «Maintenant que les informations que nous avions recueillies ont été confirmées, il est d’autant plus important que Jammeh soit appelé à faire face à ses responsabilités», a déclaré Emeline Escafit, conseillère juridique pour TRIAL International. «Le temps est maintenant venu de rendre justice aux victimes et à leurs familles.»

La TRRC, qui rendra son rapport en juillet 2021, est chargée « d’identifier et de recommander des poursuites à l’encontre des personnes qui portent la plus haute responsabilité dans les violations et abus des droits humains « . Le gouvernement gambien devra ensuite décider de la suite à donner à ces recommandations.

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Cet article a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu est la seule responsabilité des auteurs et ne reflète pas nécessairement les positions de l’Union européenne.

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