Torture en Gambie : l’ex-ministre Ousman Sonko face à ses responsabilités

26.01.2017 ( Modifié le : 29.11.2017 )

Genève, le 26 Janvier 2017 – Le dictateur Yahya Jammeh aura régné 20 ans sur la Gambie, durant lesquelles torture et exécutions extrajudiciaires étaient monnaie courante. Les autorités de poursuite suisses doivent maintenant déterminer si l’un de ses plus proches anciens collaborateurs, l’ancien ministre de l’Intérieur Ousman Sonko, a participé à ces crimes.

Depuis le début des années 2000, la communauté internationale n’a eu de cesse de dénoncer la brutalité du régime gambien. Nations Unies, ONG et cours régionales ont toutes fait état des nombreuses exactions des forces de l’ordre.

 L’un des hommes forts de ce régime, Ousman Sonko, se trouve actuellement en Suisse. Cet ancien ministre de l’Intérieur (2006 – 2016) dirigeait les forces de police et les lieux de détentions. Est-il possible que les violations répétées des droits humains aient échappé à son attention ?

« En tant que responsable des lieux de détentions, M. Sonko ne pouvait ignorer les tortures qui s’y pratiquaient à grande échelle contre les dissidents politiques, journalistes et défenseurs des droits humains » explique Bénédict de Moerloose, responsable du Département Droit pénal et enquêtes de TRIAL International.

Dénonciation pénale contre Ousman Sonko

Démis de ses fonctions le 16 septembre 2016, Ousman Sonko a fui la Gambie pour le Sénégal, puis la Suède, où sa demande d’asile a été rejetée. Il serait entré sur le territoire suisse le 10 novembre 2016, où il a également déposé une demande d’asile.

Alerté de sa présence, TRIAL International a déposé une dénonciation pénale auprès des autorités de poursuite bernoises le 25 janvier 2017. L’ONG demande, au regard des soupçons qui pèsent sur l’ancien ministre, l’ouverture rapide d’une procédure à son encontre pour faits de torture.

Arrestation et procédure

Les autorités de poursuites bernoises ont arrêté le suspect le 26 janvier 2017, conformément à la Convention contre la torture et le Code pénal suisse.

Suite à son interpellation, les autorités bernoises ont auditionné le prévenu et décidé de sa mise en détention préventive pour une durée de trois mois. Les charges pesant contre Ousman Sonko ont été requalifiées en crimes contre l’humanité et le dossier devrait être transféré au Ministère public de la confédération.

« Nous saluons l’arrestation du suspect et la réactivité des autorités », dit Philip Grant, Directeur de TRIAL International. « Nous espérons maintenant que l’autorité de poursuite compétente se donnera les moyens de mener l’enquête que mérite un cas de cette importance. »

A ce jour, les crimes du gouvernement Jammeh n’ont jamais été jugés, et les bourreaux jouissent d’une impunité totale. A l’heure où la Gambie se prépare à une transition démocratique, ces développements envoient un fort message d’espoir aux victimes.

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