Népal : Les anciens enfants soldats mis au ban de la justice transitionnelle

05.09.2017 ( Modifié le : 08.01.2018 )

Plus de 3 000 mineurs ont été recrutés de force pendant la guerre civile. Vingt ans plus tard, ils restent toujours en marge du difficile processus de justice transitionnelle népalais.

Les anciens enfants soldats continuent de payer le prix du conflit auquel ils ont été contraints de participer. Un total manque d’accompagnement post-conflit a aggravé leurs blessures psychologiques, entraînant des taux de suicide très élevé.

Beaucoup sont illettrés (car ils ont passé leur enfance à combattre) et peinent à trouver un emploi. Plus grave encore, ils sont largement stigmatisés et sont rarement considérés comme des victimes du conflit. La loi népalaise, qui ne criminalise pas le recrutement d’enfants mineurs au combat, renforce cette perception répandue.

Constat tragique, ces maux sont à la fois les causes et les conséquences du manque d’accès à la justice des anciens enfants soldats. En grand détresse psychologique et économique, peu soutenus par la société civile et victimes d’une discrimination généralisée, les anciens enfants soldats ne parviennent pas à faire valoir leurs droits. A l’inverse, c’est parce qu’ils n’ont jamais obtenu de réparations (sous forme de mesures de réhabilitation) qu’ils restent parmi les groupes les plus vulnérables au Népal.

 

Des outils pour lutter

Pour rapprocher les anciens enfants soldats du système judiciaire, TRIAL International leur apprend à défendre leurs droits aux niveaux national et international. Dans une formation unique en son genre, des outils techniques, pratiques et stratégiques sont développés avec d’anciens enfants combattants.

« Il est crucial qu’ils demeurent acteurs du processus si nous voulons induire un changement durable », explique Lucie Canal, responsable intérimaire du programme Népal. « Nous avons conçu le programme de formation autour de deux compétences essentielles et complémentaires : la documentation et le plaidoyer. »

 

Une double approche

Au cours de la première session, les stagiaires apprennent des techniques de documentation avant de les mettre en œuvre dans une affaire réelle. En plus d’une base factuelle qui servira devant les tribunaux, l’activité de documentation donne aux anciens enfants soldats une plateforme pour raconter leur vécu. Cette narration par les principaux intéressés pourrait mettre fin aux idées reçues, et contribuer à la reconnaissance officielle des enfants soldats comme des victimes du conflit.

La deuxième session de la formation se concentrera sur les techniques de plaidoyer national et international : la préparation et la soumission de rapports aux organes des Nations Unies, l’organisation de réunions avec les autorités nationales et les briefing avec la communauté internationale au Népal seront abordés. Certaines de ces tâches seront ensuite entreprises par les participants, sous la supervision de leur formateur.

 

*Le projet est soutenu par l’ambassade allemande au Népal.

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