Au Kasaï (RDC), droit et médecine travaillent main dans la main contre l’impunité

25.11.2019

Pour sa première initiative dans la région du Kasaï, TRIAL International s’est associé à l’ONG médicale Physicians for Human Rights. L’objectif ? Renforcer l’accès à la justice en combinant expertise juridique et médicale.

La crainte d’être stigmatisé et la méfiance envers le système judiciaire expliquent le faible nombre d’affaires au Kasai. © TRIAL International / Will Baxter

Forte de ses expériences concluantes dans l’est de la RDC, TRIAL International étend ses actions dans le pays au Kasaï, une région frontalière avec l’Angola et ravagée par la violence.

Pour lutter contre l’ampleur et à la gravité des crimes qui y sont commis, l’organisation a développé un partenariat avec Physicians for Human Rights (PHR), une ONG qui collecte des preuves médicales pour documenter les violations des droits humains. Le projet se poursuivra jusqu’en 2022 et devrait contribuer à mettre des centaines de bénéficiaires sur la voie de la justice et des réparations.

« Notre première collaboration avec PHR dans l’affaire Kavumu a prouvé que l’expertise juridique et médico-légale contribuent grandement à la lutte contre l’impunité » explique Guy Mushiata, coordinateur national de TRIAL International en RDC. « Nous espérons maintenant renouveler cette collaboration fructueuse au Kasaï, où tant de victimes souffrent encore de l’absence de justice. »

Une expertise complémentaire, délivrée gratuitement

Ensemble, TRIAL International et PHR mettent à profit leurs ressources ainsi que leur expertise juridique et technique pour aider les victimes de crimes internationaux à obtenir justice. Une assistance est fournie gratuitement aux survivants, indépendamment de leurs origines et de leur ethnie, langue et religion. Une attention particulière est accordée aux victimes de violence sexuelle et sexiste.

En outre, les deux organisations assurent la formation d’un large éventail de praticiens du Kasaï. Les initiatives de renforcement des capacités s’adressent, entre autres, aux avocats et aux juges, au personnel médical, aux défenseurs des droits humains et aux ONG locales, aux fonctionnaires de police et aux procureurs.

Méfiance et peur entravent encore le processus de justice

Entre 2016 et 2017, le Kasaï a connu l’une des montées de violence les plus dramatiques de l’histoire congolaise. Celle-ci a causé la mort de plus de 3’000 personnes, et plus de 80 fosses communes ont déjà été découvertes. Des milliers de cas de tortures et de viols ont également été signalés.

En dépit de ces chiffres, la crainte d’être stigmatisé – en particulier dans les cas de crimes de violences sexuelles– accompagnée d’une méfiance généralisée envers le système judiciaire, justifient le nombre étonnamment faible d’affaires pénales. TRIAL et PHR espèrent changer ces attitudes et prouver que la justice est possible.

« Nos organisations ont des mandats différents, mais du point de vue des victimes, elles forment un ensemble cohérent : leur garantir les meilleurs soins et un soutien holistique ; documenter les crimes d’une manière complète mais respectueuse ; former des praticiens locaux afin qu’ils puissent émuler les bonnes pratiques. Tous ces éléments contribuent à rendre la justice plus efficace et plus accessible. » résume Daniele Perissi, responsable du programme Grands Lacs chez TRIAL International.

Le Kasaï reste l’une des régions les moins développées de la RDC. Malgré l’abondance de ressources naturelles, l’économie de la région est en ruine depuis des décennies en raison du faible investissement de l’État dans les services de base, engendrant une pauvreté extrême et un sous-développement chronique.

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