Des vidéos contre l’impunité ?

06.06.2017 ( Modifié le : 19.06.2017 )

TRIAL international a débuté un partenariat avec l’ONG WITNESS pour offrir une formation unique en RDC: l’utilisation de vidéos pour poursuivre les crimes internationaux.

Comment l’idée de donner des formations sur la vidéo en RDC vous est-elle venue ?

Daniele Perissi, responsable du programme RDC chez TRIAL International : La RDC un pays immense, dont les infrastructures laissent à désirer. Quand des crimes sont commis dans la jungle, à plusieurs heures de la ville la plus proche, présenter des preuves lors d’un procès peut être compliqué. Grâce aux vidéos, collecter et partager des preuves serait plus rapide et facile, et aiderait à constituer des dossiers plus solides.

Par exemple, faire venir des victimes pour témoigner devant une cour peut être compliqué, humainement et logistiquement. Les filmer anonymement et dans un environnement familial serait moins traumatisant et donnerait de meilleurs résultats. Les images des scènes de crimes et des alentours permettraient aussi de placer leur récit dans leur contexte, avec de nombreux détails.

Y a-t-il des risques à utiliser la vidéo ?

Kelly Matheson, Avocate senior et responsable de programme chez WITNESS : La vidéo est un outil puissant pour exposer la vérité. Mais il a ses limites et peut faire plus de mal que de bien, s’il n’est pas utilisé avec précaution. Lors de notre formation, nous fournissons une liste de questions pour évaluer la pertinence de la vidéo. La sécurité est bien sûr fondamentale : la sécurité de la personne qui filme, de celle qui est filmée et de la communauté où le tournage a lieu.

La vidéo est-elle une pratique émergente dans le domaine juridique ?

Kelly Matheson : Pas du tout, les vidéos sont utilisées depuis longtemps dans des procédures nationales et internationales. Des films des camps de concentration ont été projetés aux procès de Nuremberg. Ce sont surtout les auteurs des vidéos qui ont évolué : les gens ordinaires filment désormais plus que les professionnels. En Syrie par exemple, la majorité des vidéos sont prises par des activistes et non des journalistes.

Nanjala Nyabola, responsable du programme Afrique chez WITNESS : Cette transition signifie une augmentation massive du nombre de vidéos, et cette tendance va s’accélérer. Notre défi concerne maintenant la vérification. Si n’importe qui peut filmer et diffuser n’importe quel contenu, établir sa crédibilité devient primordial.

L’est de la RDC (où la formation sera délivrée) est une région peu avancée technologiquement. Comment surmonter cette difficulté ?  

Nanjala Nyambola : WITNESS a l’habitude de délivrer des formations dans des environnements peu technologisés. Nous adaptons nos sessions aux technologies disponibles sur place, en montrant comment les exploiter au mieux. Par exemple, les smartphones sont très répandus en RDC : nous expliquerons comment cet outil peut aussi servir à la récolte de preuves.

Daniele Perissi : La formation a été conçue spécialement pour la RDC, ainsi les limites technologiques ont été prises en considération depuis le début. Nous formons les participants à filmer avec des smartphones, très répandus. Nous prêterons également de vraies caméras. En format des groupes restreints sur une longue période, chaque participant aura une chance de tester les outils pendant la formation.

Kelly Matheson : De plus, la formation va au-delà de la question des technologies. Ce qui donne aux gens le pouvoir de changer les choses, c’est de savoir quand, quoi et comment filmer : le matériel et le réseau sont juste des outils.

 

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