TRIAL International : un engagement sans frontières pour la justice

01.02.2018 ( Modifié le : 30.09.2020 )

Comment TRIAL International est-elle née ? Son fondateur et Directeur Philip Grant retrace la genèse de l’organisation, intimement liée à son parcours personnel.

 

Militant de la première heure

J’ai toujours été actif dans le milieu associatif. A 17 ans, je tombe sur la Déclaration universelle des droits de l’homme : une révélation. Je voyais écrites noir sur blanc mes convictions les plus profondes sur la dignité humaine. J’ai commencé à militer pour les droits humains, notamment contre l’apartheid en Afrique du Sud, qui était le grand combat de l’époque. A la fin du cycle secondaire, étudier le droit m’est apparu comme une évidence.

10 ans plus tard, au milieu de mon doctorat, Pinochet était arrêté à Londres pour ses crimes au Chili. Deuxième tournant majeur : la justice internationale devenait une réalité et son champ d’application potentiellement immense. Cet événement a raffermi ma conviction intime que le droit est un formidable levier de changement.

Mais à l’époque, peu d’ONG œuvraient dans ce domaine. Amnesty International, par exemple, dénonçait les violations mais sans nommer, et encore moins dénoncer, les coupables. Il y avait un besoin qu’aucune structure existante ne remplissait : j’ai donc décidé de fonder ma propre organisation de lutte contre l’impunité en Suisse.

 

Les premières années

Quelques semaines avant l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale, en 2002, j’ai fondé TRIAL avec une poignée de victimes, de militants et d’avocats. Notre objectif était double : sensibiliser le public à la justice internationale et faire pression sur les autorités pour qu’elles arrêtent les suspects présents sur sol helvétique.

A partir du moment où TRIAL est née, je n’ai plus regardé en arrière. Nous assistions à un essor historique de la justice internationale et j’étais persuadé (je le suis toujours) de notre valeur ajoutée dans ce combat.

Nos premières plaintes étaient assez symboliques et n’ont pas abouti à l’ouverture de procédures. Mais il y avait un intérêt indéniable des médias et du public, nous recevions des signes encourageants qui nous ont incité à persévérer.

 

Ouverture à l’international

Les premières années, il y a eu plusieurs plaintes contre des suspects algériens, tunisiens, somaliens ou afghans. Mais les autorités suisses ne réagissant guère, nous avons développé de nouveaux modes d’intervention en nous tournant vers d’autres pays. La Bosnie-Herzégovine était sortie d’une affreuse guerre civile depuis plus de 10 ans, mais les procédures étaient totalement bloquées : il y avait pourtant des voies supranationales à explorer, par exemple la Cour européenne des droits de l’homme ou le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Là aussi, nous avions la possibilité d’ouvrir des voies inexplorées pour redonner espoir aux victimes. C’est comme ça qu’est né le premier programme pays de TRIAL, en 2007.

A peu près à la même période, l’affaire Sperisen s’est ouverte en Suisse : les choses bougeaient enfin ! Nous avons ouvert dans la foulée les programmes Népal et Burundi, et je suis devenu salarié de TRIAL à plein temps, abandonnant définitivement mon cabinet d’avocat.

 

Une ONG dans la capitale des droits humains

Genève, où j’habite et travaille, était le lieu idéal pour lancer TRIAL : de hauts dignitaires y transitent pour des raisons diplomatiques, mais aussi à titre privé : luxe, écoles privées et cliniques de pointe attirent les puissants du monde entier.

Preuve de ce brassage, il est arrivé plusieurs fois que des victimes de crimes graves croisent leur agresseur en Suisse ! Je me souviens notamment d’une jeune demandeuse d’asile rwandaise placée dans le même centre que Félicien Kabuga, l’un des instigateurs du génocide de 1994. Cela donne parfois lieu à de véritables coups de théâtre, comme ce militant du Sahara Occidental qui, en pleine conférence sur les tortures qu’il a subies, a reconnu son bourreau dans l’auditoire !

 

 

Chercher sa valeur ajoutée

J’ai créé cette organisation car, à titre individuel, je cherche toujours à maximiser ma valeur ajoutée. Faire un travail qu’un autre pourrait faire, qui perpétue un ordre existant, ne m’intéresse guère. Et quand l’idée prend vie et fonctionne, c’est une belle satisfaction.

Il m’arrive bien sûr d’être las. Quand une procédure se compte en décennie, la tentation est grande de baisser les bras. Mais quand j’entends le récit des victimes, des atrocités qu’elles ont enduré et de leur détermination à se battre, et surtout quand l’on gagne des procès et que justice peut être rendue, je me dis que nous avons raison de poursuivre notre action.

Philip GrantDirecteur

@PhilipGrant40

 

 

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