L’ONU invitée à publier son rapport sur les meurtres commis en Gambie

28.01.2019

Cinq observateurs des droits humains demandent à l’ONU et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de rendre public leur rapport sur le massacre de plus de 50 migrants ghanéens et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest en Gambie en 2005, ont déclaré Human Rights Watch et TRIAL International le 25 janvier. Les meurtres auraient été commis par une unité paramilitaire qui répondait directement aux ordres de l’ancien président Yahya Jammeh.

 

« Pourquoi ce rapport est-il toujours caché ? Qui les Nations-Unies et la CEDEAO protègent-elles ? s’interroge le ghanéen Martin Kyere, le seul survivant connu du massacre. Je veux connaître les responsables de toute cette souffrance. »

Martin Kyere avait réussi à échapper aux balles d’hommes armés après avoir sauté du camion qui transportait les migrants détenus, avant que les forces de sécurité de l’État ne les tuent. Originaires d’Afrique de l’Ouest, les migrants se dirigeaient vers l’Europe. Partis du Sénégal, ils ont été appréhendés et exécutés sans autre forme de procès après avoir accosté en Gambie.

 

Une enquête au point mort et des preuves détruites

Après le refus opposé par le gouvernement de Yahya Jammeh à la demande d’enquête formulée par le Ghana, l’ONU et la CEDEAO ont formé une équipe conjointe pour faire la lumière sur le massacre. L’enquête a débouché sur un rapport en avril 2009, mais celui-ci n’a jamais été rendu public.

En 2009, les Nations-Unies ont conclu que des « éléments incontrôlés » des services de sécurité gambiens, « agissant par leurs propres moyens », étaient responsables du massacre. Cependant, dans un rapport publié en mai 2018, Human Rights Watch et TRIAL International ont établi que les migrants avaient été détenus par les plus proches collaborateurs de Jammeh dans l’armée, la marine et la police, puis exécutés sommairement par les « Junglers », une unité paramilitaire opérant sur ordre de l’ex-président. Le gouvernement gambien a par ailleurs détruit des preuves essentielles avant l’arrivée de l’équipe de la CEDEAO.

 

« Un pas vers la reconnaissance de la responsabilité »

Les cinq observateurs – le Groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, le Rapporteur spécial sur les droits fondamentaux des migrants et le Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes – demandent aujourd’hui que le rapport soit rendu public et qu’il soit distribué aux victimes et à leurs proches.

« La publication de ce rapport serait un pas significatif vers la reconnaissance de la responsabilité pour ce crime horrible », déclare Fatoumatta Sandeng, porte-parole de la campagne #Jammeh2Justice. « Il permettrait de fournir des pistes clés, et de donner un nouvel élan pour aller enfin au fond des choses et comprendre ce qu’il s’est passé. »

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