Un ancien «Jungler» gambien pour la première fois face à un juge américain

04.12.2020

Le 3 décembre 2020, Michael Correa, un ancien membre d’une unité paramilitaire délite gambienne, comparaissait devant un tribunal de district du Colorado en audience préliminaire. Pour rappel, il est accusé dactes de torture commis en Gambie sur les ordres de lexprésident Yahya Jammeh. Cependant, au vu de la complexité de l’affaire, de sa dimension internationale et de la situation sanitaire globale, la date du procès n’est pas encore fixée.

Le cas de Michale Correa est seulement la deuxième affaire de torture commise hors du pays à être jugée par des fonctionnaires américains. ©Nyttend

Michael Sang Correa, 41 ans, est apparu jeudi 3 décembre 2020 devant le juge par visioconférence depuis la prison où il est détenu. A cause des visites restreintes du fait de la pandémie de Covid-19, il n’a jusqu’à présent pas pu voir ses avocats en personne. Ceux-ci ont fait valoir qu’ils ne seraient peut-être pas en mesure d’assurer sa défense dans le délai de 180 jours imparti par la Cour.

Par ailleurs, l’enquête a elle aussi pris du retard : en cause notamment, des difficultés pour trouver et rencontrer des témoins en Gambie. Si l’on ajoute à cela les problèmes logistiques pour faire venir ces témoins, déjà compliqués hors pandémie, il y a fort à parier que le procès, qui aurait dû se tenir début 2021, ne s’ouvrira pas avant l’été prochain au plus tôt.

Michael Correa était un membre présumé des « Junglers », le célèbre escadron de la mort de l’ex-président gambien Yahya Jammeh. Ces troupes de choc, formées au milieu des années 1990, auraient été impliquées dans des cas de disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles, des actes de torture et des détentions arbitraires. Dans son acte d’accusation, le Département de la Justice des États-Unis (DOJ) allègue que Michael Correa serait responsable de la torture d’au moins six personnes en 2006, suite à une tentative de coup d’État contre l’ancien chef d’Etat gambien.

Correa est également impliqué dans d’autres crimes du gouvernement Jammeh. En Gambie, d’anciens « Junglers » ont déclaré à la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC) que Correa aurait également participé à l’exécution d’un ancien chef des services de renseignement, et de quatre de ses associés en avril 2006. Toujours selon ces témoignages, il aurait aussi été impliqué dans les meurtres de deux journalistes, ainsi que de neuf détenus en 2012 et deux binationaux Gambiens et Américains.

L’inculpation de Michael Correa est la première poursuite contre un membre des escadrons de la mort de Yahya Jammeh. Il s’agit aussi de la deuxième affaire – après le fils de l’ancien président Charles Taylor – à être jugée par des fonctionnaires américains en vertu du Code des États-Unis, depuis l’adoption en 1994 de son paragraphe sur la torture commise hors du pays.

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