Gambie : conjurer le passé en faisant parler témoins et victimes

12.01.2021

Il y a deux ans, la Gambie s’est dotée d’un outil essentiel au service de la justice transitionnelle : la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (Truth, Reconciliation and Reparations CommissionTRRC). Les onze commissaires qui la composent ont pour mandat de faire la lumière sur les nombreuses exactions qui ont eu lieu sous la présidence de Yahya Jammeh, entre 1994 et 2017. Débutées en 2019, les auditions de la TRRC sont suivies par de nombreux Gambiens. Elles ont jusqu’à présent permis d’éclairer des zones sombres du passé, grâce aux témoignages de victimes, de témoins et d’insiders de l’ancien régime. Le mandat de la TRRC a récemment été prolongé jusqu’au printemps 2021.

Torture, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, violences sexuelles… les violations des droits humains commises sous le régime de Yahya Jammeh sont nombreuses. ©Audrey Oettli/ TRIAL International

Pour TRIAL International, dont l’implication dans le contexte gambien a débuté avec la procédure contre l’ancien ministre de l’Intérieur Ousman Sonko, les auditions de la TRRC sont d’un grand intérêt. L’organisation a en effet aussi enquêté sur le massacre par les « Junglers », ces membres d’un escadron de la mort sous les ordres de l’ex président, d’une cinquantaine de migrants ouest-africains en 2005. Elle a aussi soutenu la procédure contre l’un d’entre eux, Michael Sang Correa, actuellement dans l’attente de son procès devant un tribunal de district au Colorado.

Torture, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, violences sexuelles… les violations des droits humains commises par l’appareil sécuritaire sous le régime de Yahya Jammeh sont extrêmement nombreuses. Mais les témoignages qui se succèdent révèlent aussi l’identité de certains personnages-clé du régime, et leur implication dans les crimes. Au gré des sessions et des thèmes traités –  l’agence nationale de renseignements, les « Junglers », le « traitement miracle » de l’ex-président contre le VIH ou encore ses « chasses aux sorciers » –, les commissaires reconstituent patiemment le contour des exactions qui ont eu lieu avec l’aval de Jammeh, à la manière d’un puzzle.

La Commission consacre habituellement trois semaines consécutives à ces auditions, divisées par thématiques. Parmi celles qu’il reste encore à la TRRC à couvrir, certaines ont un intérêt particulier pour TRIAL International, comme le massacre des Africains de l’Ouest en 2005, ou les deuxièmes parties des sessions consacrées aux violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi qu’aux « Junglers ».

Pour TRIAL International, les auditions de la TRRC sont une source d’information sur le contexte, ainsi que sur les détails des exactions commises en Gambie sous le régime de l’ancien président. Ces éléments viennent ainsi alimenter les enquêtes menées par l’organisation.

©2024 trialinternational.org | Tous droits réservés | Politique de confidentialité | Statuts | Designed and Produced by ACW