Massacre de cinq membres de la famille de Hidajet Horozovic en juillet 1992, suivi de la dissimulation de leur corps

12.02.2016 ( Modifié le : 21.06.2016 )

Au mois d’avril 2010, TRIAL a déposé devant la Cour européenne des droits de l’homme une requête contre la Bosnie-Herzégovine (BH), à propos du massacre, suivi de l’enlèvement et de la dissimulation des corps de Nermin Horozocic (11 ans) et Nermina Horozovic (15 ans), Ramiza Horozovic, Šaha Bacic et Hašija Horozovic, en juillet 1992. Le CAJ représente dans cette procédure Hidajet Horozovic, respectivement frère, fils et petit-fils des victimes.

Lors de ces évènements, Hidajet Horozovic était âgé de 9 ans et vivait avec sa famille à Zecovi, un village proche de Prijedor, aujourd’hui en Republika Srpska. Il est l’un des trois survivants du massacre perpétré par l’armée serbe, qui a coûté la vie à 29 personnes, dont la quasi totalité de sa famille.

Le 25 juillet 1992, une opération de purification ethnique a été menée dans la région de Prijedor, au cours de laquelle les forces armées serbes sont entrées dans la maison d’un proche, Hasan Bacic, où s’étaient réfugiés les membres de la famille Horozovic, dont Hidajet, ainsi que plusieurs voisins. Les soldats, bien qu’étant informés que seuls des femmes et des enfants se trouvaient dans la maison, ont ouvert le feu et arbitrairement tué toutes les personnes qui s’y trouvaient. Hidajet Horozovic, blessé lors de l’attaque, a réussi à se cacher et à échapper à la tuerie. Avec l’aide de voisins, de connaissances et de parents éloignés, il a finalement pu quitter le pays et atteindre l’Allemagne, où il est resté jusqu’en 1997.

Des témoins affirment que les dépouilles des membres de la famille Horozovic ont peu après  été enlevées puis emportées dans un camion qui a pris la direction de Prijedor. Leur sort est inconnu depuis lors. Des témoins ont également pu identifier certains des responsables du massacre, ce dont il a été fait état à plusieurs reprises devant les autorités étatiques compétentes.

Plus de 18 ans après les événements, aucune enquête prompte, impartiale, minutieuse et indépendante n’a été effectuée par les autorités de BH pour localiser, exhumer, identifier et rendre aux familles la dépouille mortelle des victimes. Et personne n’a encore été poursuivi, jugé ou sanctionné pour ces crimes.

Hidajet Horozovic a plusieurs fois dénoncé les évènements auprès de la police de Sanski Most, le bureau cantonal du Procureur de Bihac, le bureau du Procureur national àe Sarajevo. Il a également dénoncé ces évènements devant les organisations internationales présentent en BH, comme la Mission des Nations Unies en BH, la Commission internationale pour les personnes disparues, le Comité international de la Croix Rouge, et divers organes chargés de la problématique des personnes disparues, comme la Croix Rouge de Sanski Most, la Croix Rouge de Prijedor ou la Commission fédérale des personnes disparues. Hidajet Horozovic a également apporté son témoignage et les preuves en sa possession à l’Agence nationale d’enquête et de protection (State Agency for Investigation and Protection – SIPA) les preuves en sa possession et a demandé aux autorités d’ordonner des poursuites judiciaires pour identifier et punir les responsables.

Le 16 juillet 2007, la Cour constitutionnelle de BH, saisie par plusieurs familles de victimes de disparition forcée dans la région de Prijedor, dont Hidajet Horozovic, a retenu que la BH avait violé le droit à ne pas être soumis à des tortures ou à des traitements inhumains et dégradants, ainsi que le droit au respect de la vie privée et familiale des parents des personnes disparues. Par conséquent, la Cour a ordonné aux autorités de divulguer toutes les informations disponibles sur ce qu’il est advenu des personnes disparues, y compris relativement aux cinq membres de la famille de Hidajet Horozovic.

A ce jour, ce dernier n’a toujours pas reçu des institutions concernées, la moindre d’information sur ses proches.

Par conséquent, Hidajet Horozovic demande à la Cour européenne des droits de l’homme:

Le 11 décembre 2014, la Cour européenne des droits de l’homme, dans sa formation de juge unique, a déclaré l’affaire irrecevable, en constatant que les conditions de recevabilité exposées aux articles 34 et 35 de la Convention européenne des droits de l’homme ne sont pas remplies. Aucun détail complémentaire n’a été fourni au regard de cette décision. La décision est finale et n’est pas sujette à recours.

Contexte général

Selon les sources, entre 100’000 et 200’000 personnes ont trouvé la mort entre 1992 et 1995 durant le conflit en BH et entre 25’000 et 30’000 personnes ont été victimes de disparition forcée. Environ 10’000 n’ont à ce jour pas encore été retrouvées.

Le massacre, ainsi que l’enlèvement et la dissimulation subséquente des corps, se sont déroulés dans le cadre d’une purification ethnique menée par les forces serbes durant l’attaque militaire de Prijedor et de ses environs.

 

©2024 trialinternational.org | Tous droits réservés | Politique de confidentialité | Statuts | Designed and Produced by ACW