Pierre-Claver Mbonimpa : « Seul le dialogue mettra fin à la crise au Burundi »

15.03.2017 ( Modifié le : 03.05.2017 )

Pierre-Claver Mbonimpa est une figure de proue de la lutte pour les droits humains au Burundi. A l’occasion de son passage à Genève, il nous livre son analyse de la situation actuelle.

 

TRIAL : Vous êtes à Genève pour le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Quelles sont vos impressions jusqu’à présent ?

Pierre-Claver Mbonimpa : Je suis satisfait de voir l’intérêt que suscite la situation au Burundi. 23 Etats ont fait des commentaires, et parmi cela pas moins de 20 ont condamné les agissements du gouvernement.

Malheureusement, j’ai déjà participé à plusieurs Conseil des droits de l’homme. Je sais que les résolutions adoptées ne seront pas suivies d’effet avant longtemps.

Je suis désolé que l’ONU semble impuissante face au tout petit pays qu’est le Burundi.

Comment expliquez-vous cela ?

Les Nations Unies rechignent à jouer un rôle actif. Elles voudraient déléguer ce rôle aux organes régionaux, tels que l’Union africaine. Mais les chefs d’Etats africains souffrent des mêmes maux que Pierre Nkurunziza : ils veulent s’éterniser au pouvoir par tous les moyens.

Ma crainte est qu’à force de tergiversations, des victimes et des réfugiés perdent patience et aient recours à la violence. Cela enflammerait une situation déjà délicate, et l’ONU aura alors beaucoup plus de mal à rétablir le calme.

En l’état actuel des choses, comment mettre un terme à la crise ?

Les représentants du gouvernement doivent absolument revenir à la table des négociations. Mon pays a connu d’autres crises dans le passé : c’est toujours à force de dialogue que nous en sommes sortis. Pierre Nkurunziza lui-même est arrivé au pouvoir grâce à des négociations, en l’occurrence les Accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre civile.

Nos dirigeants doivent se souvenir que la guerre ne profite à personne.

Comme beaucoup de défenseurs des droits humains, vous avez été contraint à l’exil. Restez-vous en contact avec vos compatriotes ?

Oui, tous les jours. Grâce aux réseaux sociaux, nous nous transmettons des informations, des photos ou des vidéos qui pourraient constituer des preuves.

Le Burundi est un petit pays, tout le monde se connaît et ainsi notre réseau s’étend. La diaspora burundaise a un grand rôle à jouer. Etant hors du pays, je peux témoigner devant des tribunes internationales.

Quel est votre message pour les victimes et les réfugiés burundais ?

Je leur demande de faire preuve de patience. Je peux comprendre leur frustration, mais recourir à la violence ne ferait qu’empirer les choses. Souvenons-nous des enseignements de notre histoire : seul le dialogue mettra fin à la crise.

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